Ahmed Reda Chami, figure connue du paysage politique marocain et président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), s'apprête à troquer son rôle institutionnel pour celui d'ambassadeur du Royaume auprès de l'Union européenne à Bruxelles. Dans cette transition majeure, Chami, ancien membre éminent de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), a tenu à dresser un bilan clair et nuancé de ses années à la tête du CESE. Lors d'une ultime rencontre au Parlement pour discuter de la situation de l'institution qu'il a dirigée, il a marqué une fois de plus son engagement en faveur de la neutralité et de la coopération. « Casquette socialiste » mise de côté Ahmed Reda Chami ne fait pas mystère de son appartenance à l'USFP. En revanche, il insiste sur le fait qu'il a volontairement rangé sa « casquette socialiste » au placard dès sa nomination à la tête du CESE. « Je n'ai jamais laissé mon affiliation partisane intervenir dans les travaux du Conseil », a-t-il assuré, tout en soulignant son attachement sentimental à la rose emblématique du parti. En réponse à certaines critiques, il a clarifié : « Les rapports que nous produisons ne permettent aucune orientation partisane, mais sont le fruit d'un travail collectif, fondé sur des contributions diversifiées et objectifs». Au Parlement, Chami a insisté sur l'importance du rôle du CESE en tant qu'institution clé consultative dans l'élaboration des politiques publiques. Selon lui, le Conseil joue un rôle de «bâtisseur », contribuant à la préparation des décisions politiques sans empiéter sur les prérogatives des élus. « La décision appartient à ceux qui détiennent la légitimité électorale, mais construire cette décision est une responsabilité partagée », a-t-il déclaré, rappelant que les rapports du CESE servent de base à des débats académiques et médiatiques qui enrichissent le dialogue public. Chami a également défendu la nécessaire indépendance du CESE pour garantir son efficacité future. Il a mis en garde contre toute tentative de politisation de cette institution, en soulignant que son rôle dépasse les intérêts partisans : « Le Conseil doit rester neutre et objectif, sinon il perdra sa crédibilité et sa pertinence. » En tant que futur ambassadeur auprès de l'Union européenne, Chami a une nouvelle mission : représenter le Maroc et renforcer ses liens avec Bruxelles, une capitale stratégique dans les relations économiques, sociales et politiques du Royaume. Sa nomination reflète la confiance placée en lui pour porter les intérêts du Maroc dans un environnement diplomatique exigeant. Une page tournée, mais une influence persistante Avant de quitter ses fonctions, Chami a laissé une ultime recommandation : poursuivre les efforts pour élargir les représentations sociales et syndicales dans le cadre des réformes législatives à venir, notamment sur des sujets sensibles comme le droit de grève. « La défense de l'intérêt général doit être au cœur des préoccupations, tout comme celle des droits des travailleurs et des intérêts économiques », a-t-il conclu. Avec son départ pour Bruxelles, Ahmed Reda Chami laisse derrière lui une institution qu'il a contribué à consolider, en mettant en avant la transparence, la collaboration et la neutralité. Si son bilan au CESE fait l'objet de débats, il aura sans doute marqué par son engagement à faire du Conseil un espace de réflexion autonome et rigoureux. Désormais, c'est sur la scène européenne qu'il devra démontrer ses capacités à promouvoir les priorités stratégiques du Maroc, dans un contexte dans lequel le partenariat avec l'UE revêt une importance capitale.