Le parcours historique unissant le Maroc et la France, bien que marqué par des défis, a servi de fondement à une nouvelle dynamique. Le discours prononcé ce mardi par le président de la République française, Emmanuel Macron, au sein de la Chambre des représentants, laisse présager que le nouveau partenariat dessinera les contours d'une relation renouvelée, délaissant les schémas traditionnels pour embrasser une coopération stratégique. Sollicité par Hespress FR à cet égard, le politologue et expert en économie, Badr Zaher Al Azrak, a souligné que le président français a exploré dans son discours les multiples dimensions des relations franco-marocaines, mettant en lumière leurs racines historiques profondes. Il a illustré la richesse de ce partenariat en présentant des exemples de liens diplomatiques et d'échanges entre le Royaume du Maroc et la France, tant avant qu'après la Révolution française, ainsi que des accords commerciaux conclus aux XVIIIe et XIXe siècles. « Ainsi, à travers cette introduction, le président a voulu souligner que l'histoire ne se limite pas aux siècles passés, mais englobe également des contributions contemporaines. La participation marocaine s'est révélée particulièrement cruciale dans la libération de la France, notamment face à l'agression nazie et allemande pendant la Première Guerre mondiale. Des milliers de Marocains ont sacrifié leur vie pour la libération de la France, un acte héroïque dont ce pays ne saurait se soustraire à la mémoire« , a-t-il relevé. L'expert a notamment rappelé le Royaume du Maroc et la France sont engagés dans une relation d'exception, tel affirmé par Macron et ce, malgré les turbulences et les cicatrices laissées par le passé. Cependant, la logique et la sagesse des deux parties ont permis de surmonter ces défis, conduisant à l'établissement d'un partenariat économique robuste entre les deux nations, a-t-il noté. « Cette étape marque l'aube d'une nouvelle ère, caractérisée par une rupture avec le passé, étant donné que le modèle précédent était quelque peu déséquilibré en matière de coopération économique et révélait des orientations diplomatiques françaises qui n'avaient pas soutenu la marocanité du Sahara jusqu'à présent« , a fait savoir Zaher Al Azrak. Et d'ajouter: « Ce parcours, initialement défaillant, a été corrigé et amendé par la France. Actuellement, les règles du jeu sur le plan politique semblent désormais claires: la France soutient la marocanité du Sahara et soutient les positions légitimes du Maroc pour résoudre le différend artificiel concernant le Sahara marocain, en mettant sur la table l'initiative d'autonomie« . Sur le plan économique, a poursuivi notre interlocuteur, de nouvelles bases ont également été établies, fondées sur le principe du gagnant-gagnant, garantissant des conditions équitables pour les deux parties. « Ainsi, nous assistons à une transition significative, passant d'anciens modèles de coopération à une nouvelle approche qui élève la collaboration franco-marocaine d'une simple dynamique diplomatique à un partenariat véritablement exceptionnel« , a-t-il expliqué. Pour le spécialiste, l'examen de l'ampleur des investissements français au Maroc, qui dépassent désormais les 10 milliards de dollars, ainsi que la création de plus de 300 entreprises et l'établissement du plus grand réseau d'écoles françaises dans le pays, qui forme plus de 50.000 marocains, révèle l'intensité de la coopération entre les deux nations. De surcroît, la forte présence de la communauté française, comptant aujourd'hui plus de 30.000 résidents au Maroc, atteste indéniablement du caractère exceptionnel de ce partenariat stratégique. Par ailleurs, l'ajout d'accords signés dans des domaines variés, notamment culturels, industriels, économiques, scientifiques et financiers, démontre que le Royaume du Maroc bénéficie d'un modèle de coopération unique avec la France, a-t-il dit. « Le président Macron a d'ailleurs souligné cette spécificité de façon explicite devant la Chambre des représentants marocains, affirmant que ce partenariat est réservé exclusivement au Maroc, un pays en dehors de l'Union européenne, mettant ainsi en avant sa fiabilité et sa crédibilité par rapport à ses voisins« , a affirmé l'expert. Dès lors, le nouveau partenariat s'annonce comme un levier prometteur pour redéfinir le présent et l'avenir des relations franco-marocaines, en s'inscrivant dans une multitude de domaines de coopération alignés sur les priorités définies par la nouvelle charte de l'investissement. « Par conséquent, les priorités actuelles s'articulent autour des industries de défense, des infrastructures ferroviaires, de l'automobile, de l'aéronautique, de la recherche scientifique, de la technologie, des startups, ainsi que des recherches sur les changements climatiques, entre autres« , a précisé Zaher Al Azrak. En outre, il a évoqué la dimension culturelle, qui fait également écho aux secteurs industriel et technologique, notamment en ce qui concerne les jeux vidéo et d'autres domaines innovants. « Cette étape constitue ainsi un tournant majeur qui marque une véritable rupture avec le passé des relations franco-marocaines tout en établissant les fondations d'un avenir nouveau basé sur un partenariat juste et équilibré, dans un cadre de gagnant-gagnant. Ce partenariat, tout en s'ancrant dans des objectifs économiques spécifiques, met aussi en exergue une convergence politique croissante, surtout à la lumière de la récente position de la France sur la question du Sahara marocain« , a conclu notre intervenant.