Le rapport 2024 de la Banque mondiale, intitulé « Le piège des revenus intermédiaires », révèle les défis majeurs auxquels sont confrontés plus de 100 pays à revenu intermédiaire, dont le Maroc, dans leur quête pour atteindre le statut de pays à revenu élevé. Le rapport propose une feuille de route ambitieuse, baptisée « Stratégie 3i », qui combine investissement, technologie et innovation pour surmonter les obstacles économiques. Le rapport sur le développement dans le monde 2024 de la Banque mondiale a identifié de sérieux obstacles qui entravent les efforts de plus de 100 pays à revenu intermédiaire, dont le Maroc, dans leur quête pour atteindre le statut de pays à revenu élevé au cours des prochaines décennies. Le rapport, intitulé « Le piège des revenus intermédiaires », offre la première feuille de route complète pour permettre à ces pays d'échapper à ce bourbier économique. Selon le rapport, le Maroc fait partie de plusieurs pays, dont le Bangladesh, le Brésil, la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique, l'Afrique du Sud, la Turquie et le Viêt Nam, qui aspirent à accomplir en 50 ans ce que des pays comme la Corée du Sud, le Chili et la Pologne ont réalisé en 25 ans seulement. Pour atteindre cet objectif ambitieux, le rapport recommande une combinaison séquentielle et progressivement sophistiquée de politiques axées sur l'investissement, l'infusion de technologies et l'innovation ou ce qu'il désigne comme "Stratégie 3i". "La bataille pour la prospérité économique mondiale sera en grande partie gagnée ou perdue dans les pays à revenu intermédiaire", indique à cet égard l'économiste en chef du groupe de la Banque mondiale et premier vice-président pour l'économie du développement, Indermit Gill. "Mais trop de ces pays s'appuient sur des stratégies dépassées pour devenir des économies avancées. Ils dépendent uniquement de l'investissement pendant trop longtemps ou passent prématurément à l'innovation. Une nouvelle approche est nécessaire", fait-il remarquer. En ce qui concerne le Maroc, comme d'autres pays à revenu intermédiaire inférieur, le rapport suggère de se concentrer sur des politiques visant à accroître l'investissement et de passer à une approche combinant l'investissement avec l'infusion intentionnelle de savoir-faire provenant de l'étranger, ou "Stratégie 2i". Lorsque les pays atteindront le statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, ils devraient passer à une stratégie « 3i », en ajoutant l'innovation au mélange. Le rapport souligne que le succès dépend de la manière dont les sociétés équilibrent les forces économiques de création, de préservation et de destruction. Il s'agit de discipliner le pouvoir en place pour affaiblir les forces de préservation, de récompenser le mérite pour renforcer les forces de création et de tirer parti des crises pour favoriser la destruction des politiques et des institutions dépassées. Les recommandations spécifiques pour le Maroc et d'autres pays à revenu intermédiaire comprennent l'amélioration du climat d'investissement, l'intégration dans des marchés contestables à l'échelle mondiale, la diffusion de technologies mondiales et la récompense des entreprises à valeur ajoutée. En outre, les recommandations mettent l'accent sur l'investissement dans le capital humain, l'égalité des chances pour les femmes et les groupes défavorisés, la prise en compte des coûts environnementaux dans les prix de l'énergie et l'abaissement du coût du capital pour les énergies à faible teneur en carbone.