Le rapport d'octobre 2018 de la Banque mondiale évoque le risque de plafonnement de la croissance des économies ayant atteint le statut de pays à revenu intermédiaire. Le Cas du Maroc. Un nouveau rapport de la Banque mondiale prévoit un rebond modeste de la croissance de 2,8 % à l'horizon 2020 pour la région MENA, mais encourage a trouver de nouveaux relais de croissance. Pis, le rapport rappelle le concept de piège du revenu intermédiaire, qui empêche les économies en développement d'atteindre le statut de pays à revenu élevé. Le cas du Maroc qui court le risque de plafonnement de sa croissance après avoir atteint le statut de pays à revenu intermédiaire. La banque mondiale assure que ce piège doit être une source de préoccupations pour les pays à revenu intermédiaire du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, car aucun de ceux qui avaient ce statut en 1975 n'avait rejoint le groupe des pays à revenu élevé́ en 2017. Pire encore, l'examen de la croissance des pays à revenu intermédiaire de la région MENA indique non seulement qu'elle est faible, mais aussi qu'elle ralentit à mesure que leur revenu augmente. Hormis six ayant conservé leur statut de pays à revenu élevé, le Maroc (à l'instar de l'Algérie, l'Egypte, la Jordanie et la Tunisie) n'a pas réussi à sortir du groupe à revenu intermédiaire. Le rapport révèle d'ailleurs que trois autres pays de la région ont été rétrogradés au rang de pays à revenu intermédiaire (Iran, Liban et Libye), et aucun n'a intégré le groupe à revenu élevé. Par ailleurs, le rythme de la reprise dans la région est encore lent, et les prévisions de croissance d'environ 2 à 3 % restent bien en deçà des taux élevés observés entre 2005 et 2010. Des taux de croissance beaucoup plus élevés sont nécessaires pour créer suffisamment d'emplois pour pour les millions de personnes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Pour un pays en développement, accéder au statut de pays à revenu intermédiaire est à la fois une bénédiction et une malédiction. Si cette accession signifie que la pauvreté extrême et les privations ont disparu, le fléchissement de la croissance qui s'ensuit habituellement fait que rares sont les pays qui réussissent à progresser vers le groupe des pays à revenu élevé. Cet enfermement des pays de la région dans le statut du revenu intermédiaire indique la présence d'obstacles structurels à la croissance. Tous sont notamment pénalisés par l'absence d'un secteur privé dynamique, qui tient au manque de volonté ou à l'incapacité à adopter les technologies les plus récentes. Cette situation a empêché une hausse durable de la productivité sans laquelle aucun gouvernement ne peut assurer l'amélioration générale des niveaux de vie. Cette atonie de l'activité privée s'explique notamment par plus d'un demi-siècle de politiques publiques fondées sur le fonctionnariat systématique et les subventions universelles afin « d'acheter » la paix sociale sans rendre de comptes. Parce qu'il assure aux citoyens une trajectoire économique sans risques, ce contrat social étouffe toute velléité d'innover et de créer des entreprises. Il a également nui à la fourniture des services publics et alimenté la défiance envers le gouvernement. Mais les pays de la région MENA ont aujourd'hui de plus en plus de mal à respecter leurs engagements : la hausse des niveaux d'endettement les oblige à tailler dans les dépenses publiques, qui ont traditionnellement été le principal moteur de l'activité économique régionale, mais aussi à supprimer progressivement les subventions universelles. Avec le recul du tourisme et des investissements étrangers découlant des tensions géopolitiques, l'incertitude grandit.