C'est un pays à la fois tout en dynamique puisqu'il doit recevoir des millions de touristes venus assister aux plus prestigieux jeux de la planète, les Jeux Olympiques, mais aussi un pays qui affronte une dangereuse paralysie institutionnelle, le fruit d'une dissolution improvisée et d'une Assemblée nationale morcelée. Vue de l'étranger, la France d'Emmanuel Macron offre le visage d'un pays qui court le risque de patiner dans le vide pendant une certains période, avec une incertitude de sortir de l'impasse dans laquelle ces législatives anticipées l'ont plongé. Emmanuel Macron a accepté la démission de Gabriel Attal. Il n'a d'autres choix que de le maintenir ainsi que son gouvernement en poste pour gérer les affaires courantes qui se trouvent être par un malheureux hasard du calendrier la gestion des jeux olympiques avec tout ce que cela implique en termes de lourdeurs administratives et de diligence sécuritaire. Ce gouvernement prolongé de Gabriel Attal est censé rester en poste au moins jusqu'à la fin des JO et la période estival. Et au vu des manœuvres politiques en cours, il n'est pas certain que les Français auront un gouvernement politique à la rentrée de septembre. En cause de ce possible blocage, deux facteurs majeurs. Le premier est à trouver dans la crise profonde que traverse actuellement le nouveau Front de gauche. Après avoir été rapide à monter une alliance et à fabriquer un programme, après avoir démontré une grande efficacité à empêcher l'extrême droite de s'emparer du pouvoir pendant le processus électoral, ce Front populaire peine à se mettre d'accord sur le nom d'une personnalité à proposer à Emmanuel Macron pour lui confier la responsabilité de former le nouveau gouvernement. Ces divergences étalées au grand jour montrent la faiblesse de ce conglomérat de partis de gauche unis dans le combat de s'opposer à Emmanuel Macron et de lutter contre l'extrême droite, mais profondément divisés pour se préparer à gouverner. La France insoumise de Jean Luc Mélenchon aspire, sinon à garantir que le prochain premier ministre sorte de ses rangs, du moins à ce que celui que la gauche présentera à Emmanuel Macron ait sa bénédiction. Au jour d'aujourd'hui, aucun nom ne fait consensus. Pire cette gauche donne le spectacle de divergences clivantes qui font dire à ses détracteurs que si cette gauche est dans l'incapacité de se mettre d'accord sur un nom de personnalité pour former un gouvernement, comment pourrait-elle prétendre gouverner le pays ? La situation de la gauche victime de ses pulsions égotiques fait le bonheur et du président Emmanuel Macron qui voit dans ces comportements la validation de sa décision de fermer la porte du pouvoir à la France insoumise, et du Rassemblement National de Marine Le Pen qui moque son impréparation à gérer les affaires du pays. Le second facteur qui explique cette impasse institutionnelle vers laquelle se dirige cette France post dissolution est à trouver dans la solution préconisée par Emmanuel Macron lui même. Le président rêve d'une majorité solide composée de son Ensemble présidentiel (Renaissance, Modem, Horizons) couplé aux Républicains qui n'ont pas rejoint l'extrême droite, aux socialistes , aux communistes et aux Verts. Sur le papier cette majorité est faisable, mais dans la réalité, elle est loin d'être réalisable. Car pour cela, il faudrait que les Républicains (LR) acceptent de gouverner avec les communistes et les Verts. Et il faudrait que les socialistes, communistes et Verts parviennent à sortir du Nouveau Front Populaire et à rompre officiellement avec la France insoumise de Jean Luc Mélenchon. Ces deux conditions sont loin d'être atteignables. Macron rêve d'un gouvernement et d'une majorité où ne figurent ni extrême droite ni extrême gauche. Si le rêve est légitime, sa non réalisation pourrait tourner au cauchemar. Car si en fin de ce parcours électoral et alors que les Français ont, pour la première fois depuis longtemps, participé massivement aux élections législatives, ils se retrouvent avec un gouvernement de technocrates, apolitiques, l'échec serait flagrant et Emmanuel Macron aura à gérer les affaires du pays sur le fil du rasoir. Il est à craindre que les colères sociales couplées aux frustrations politiques ne puissent donner une ampleur inédite à tous les mouvements de contestation à venir et imposer à Emmanuel Macron un agenda politique indésirable.