La ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fattah, a révélé vendredi que le projet de loi de finances 2024 vise à réaliser une croissance économique estimée à 3,7% tout en limitant le taux d'inflation à 2,5% et le déficit budgétaire à 4%, devant la Chambre des représentants. Ces attentes, selon le projet de budget 2024 présenté par la ministre, reposent sur l'hypothèse d'une demande extérieure élevée, à l'exception du phosphate et de ses dérivés à 2,9%, d'une production agricole de l'ordre de 75 millions de quintaux, et d'un prix moyen du gaz butane sur la base de 500 dollars la tonne. Ces projections interviennent en prenant en compte la situation internationale entourée d'incertitudes quant aux perspectives de croissance de l'économie mondiale, a indiqué la ministre, qui a rappelé que la loi de finances pour l'année 2024 intervient dans « un contexte international difficile caractérisé par l'incertitude face aux pressions inflationnistes persistantes et aux tensions géopolitiques, qui ont fortement affecté les perspectives de l'économie mondiale ». Le taux de croissance mondial ne devrait pas dépasser 3% au cours des années 2023 et 2024 respectivement, a-t-elle avancé. Et pour la zone euro, principal partenaire du Maroc, les prévisions tablent sur une croissance de l'ordre de 0,7% au cours de l'année 2023, 1,2% pour 2024. Nadia Fettah a estimé ces hypothèses « réalistes et vérifiables », soulignant que ce projet de loi de finance est bâti sur trois mots d'ordre, « Confiance, Continuité, Ambition ». Elle a, ainsi expliqué que cela se base sur la confiance en la capacité du pays à affronter les crises et les contraintes conjoncturelles, la continuité dans la mise en œuvre des projets sociaux et des réformes structurelles, puis l'ambition incarnée par le pari sur l'investissement dans des domaines stratégiques pour renforcer la souveraineté industrielle, énergétique et financière du Maroc et sa position aux niveaux continental et international. La ministre de l'Économie et des Finances a en ce sens fait part de la totale ouverture du gouvernement à « travailler de manière harmonieuse avec l'institution législative, et avec l'ensemble des acteurs et partenaires, afin d'atteindre l'efficacité nécessaire à la réussite des différents projets » mentionnés. Elle a, de même, affirmé qu'en dépit du contexte international difficile, notre pays, sous la direction royale, « a su faire face à ces pressions et crises et limiter leurs impacts économiques et sociaux ». « Notre économie nationale a réalisé un taux de croissance estimé à environ 1,3% à fin 2022, alors que ce taux devrait atteindre 3,4% à fin 2023, avec un déficit budgétaire ne dépassant pas 4,5% pour l'année 2023 contre 5,2% en 2023 », a-t-elle dit. Nadia Fettah a étayé ses propos en mentionnant les indicateurs sectoriels au cours de l'année 2023 qui indiquent « une amélioration du dynamisme de l'économie nationale », soulignant que la valeur ajoutée agricole devrait augmenter de 6%, après une baisse estimée à environ 12,9% au cours de l'année 2022, tandis que la valeur ajoutée des secteurs non agricoles devrait augmenter d'environ 3,1% au cours de l'année 2023, contre 3% enregistré au cours de l'année 2022, selon ses prévisions. Les envois de fonds des Marocains résidant à l'étranger (MRE) se sont élevés « à près de 78 milliards de dirhams à fin août 2023, contre 73 milliards de dirhams réalisés au cours de la même période en 2022, soit une hausse estimée à 7% », a-t-elle encore dit. De leur côté, les secteurs exportateurs ont réalisé, des « résultats positifs », notamment les exportations de biens et services, qui ont augmenté de 8,4% à fin août 2023 par rapport à la même période en 2022. Quant à l'industrie automobile a également augmenté de 36%, et les exportations des industries électroniques de 33%, et les exportations des industries du textile et du cuir de 9% au cours de la même période. La ministre a, d'autre part, souligné que le « dynamisme positif du secteur touristique s'est accéléré depuis le début de l'année 2023, puisqu'il a réalisé à fin août des recettes supérieures à 71 milliards de dirhams, enregistrant une hausse estimée à 33% par rapport à la même période de 2022 ». Selon la ministre, il est prévu que ce dynamisme positif soit renforcé grâce aux mesures introduites dans le cadre de Feuille de route 2023-2026 pour le secteur du tourisme. Le gouvernement a pris « un ensemble de décisions volontaristes visant à atténuer les effets de l'inflation et à préserver le pouvoir d'achat des citoyens », a soutenu Nadia Fettah, expliquant que cela a coûté au budget de l'Etat une enveloppe budgétaire supplémentaire de 40 milliards de dirhams pour l'année 2022, et plus de 10 milliards de dirhams pour l'exercice en cours.