Après avoir ardemment défendu la souveraineté de Rabat dans la gestion de l'aide aux victimes du séisme d'Al Haouz à travers plusieurs médias français, le leader français de gauche, Jean-Luc Mélenchon, fondateur du parti « La France insoumise (LFI)« , fidèle à son engagement politique et diplomatique, effectue, à partir du 4 octobre, une visite dans le Royaume, prévue depuis près d'un an. Cette visite, qui comprendra des escales à Marrakech, Casablanca, Rabat et Tanger, semble être le prolongement du soutien de Mélenchon aux intérêts marocains et à la promotion de la solidarité entre les forces de gauche des deux pays. Néanmoins, de nombreux analystes estiment que cette visite pourrait créer des tensions avec le président Emmanuel Macron, qui a récemment compliqué les relations franco-marocaines en adoptant une approche « autoritariste » à laquelle aucune formation politique marocaine de gauche n'adhère. Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), note que la visite de Mélenchon n'est pas liée initialement au « refroidissement diplomatique » entre Paris et Rabat. Il explique que l'idée de cette visite a été discutée il y a environ un an avec Farida Amrani, députée française affiliée au parti de Mélenchon, et Mohamed Abdi, militant de gauche au Maroc et en France, dans le but de développer de nouvelles formes de coopération entre une partie de la gauche marocaine et la gauche française. Le chef du parti communiste marocain confirme ainsi que la visite a été minutieusement planifiée depuis environ un an, avec l'intention initiale de Mélenchon de participer à des débats lors du Festival Gnaoua qui s'est tenu à Essaouira en juin dernier, bien que cela n'ait pas pu se réaliser à ce moment-là. Cependant, la présence de Farida Amrani et Mohamed Abdi à Essaouira a ravivé les discussions sur la visite, ses modalités et son contexte, rappelle Benabdellah. Il indique en ce sens que Mélenchon a finalement accepté l'invitation et prévoit de se rendre à Marrakech pour présenter son dernier livre, intitulé « Faites mieux ! Vers la Révolution citoyenne« , qui aborde principalement des questions liées au climat et à l'écologie, en mettant particulièrement l'accent sur la gestion de l'eau. La gauche française, poursuit-il, considère le Maroc comme un pays clé pour la présentation de ce livre en raison de ses problématiques liées à la sécheresse. En outre, Mélenchon donnera une conférence à l'Université Mohammed V à Rabat sur le même ouvrage, en mettant en avant le droit à l'eau potable. Il visitera également le siège du PPS et aura des rencontres officielles et informelles pour approfondir les discussions, malgré les oppositions internes à la gauche française concernant les intérêts du Maroc, a confié Benabdellah, avant de conclure que la visite du natif de Tanger se conclura par une rencontre avec Nizar Baraka, le ministre de l'Equipement et de l'Eau, à Tanger. Pour sa part, Ali Boutouala, secrétaire général adjoint du Parti de la Fédération de la Gauche Démocratique (FGD), souligne que la visite de Mélenchon au Maroc s'inscrit dans une volonté de se distancer des positions de Macron et de la droite française, notamment en ce qui concerne la souveraineté marocaine. Il rappelle que les positions de Mélenchon envers le Maroc et la communauté marocaine en France ont toujours été appréciées par une grande partie de la gauche marocaine. Le choix de la période après le séisme pour la visite revêt une importance humanitaire, et Mélenchon est certainement sensible à cette dimension, soutient Boutouala, ajoutant que de nombreux Français insatisfaits de la politique de Macron résident au Maroc, ce qui offre des opportunités de coopération entre le Maroc et la France, avec Mélenchon en tant que figure centrale. Le militant à la FGD conclut en précisant que cette visite, bien qu'en dehors du contexte de refroidissement diplomatique entre Rabat et Paris, exerce une pression indirecte sur la présidence française, et la FGD entretient des relations amicales avec la gauche représentée par Mélenchon en France depuis 2016, en participant à leurs activités et à leurs manifestations.