Du haut de ses quatorze couronnes continentales, le Real Madrid, champion d'Europe en titre, toise de haut, pour l'instant, Manchester City, au palmarès quasi vierge sur la scène européenne mais qui s'impatiente de renverser la hiérarchie en demi -finale aller de Ligue des champions mardi (21h00) au Bernabéu. Les autoproclamés « Rois d'Europe » vont-ils abdiquer ? La recette est ancestrale, l'entraîneur expérimenté et malgré des joueurs vieillissants, le Real Madrid est toujours là. Fraîchement auréolés d'un vingtième sacre en Coupe du Roi, glané samedi à Séville contre Osasuna (2-1), les hommes de Carlo Ancelotti ont interrogé ce choc européen avec une confiance retrouvée après un mois d'avril en forme de montagnes russes. C'est un doublé de Rodrygo (2e, 70e) qui a permis au Real de soulever le trophée : le jeune Brésilien a retrouvé ses qualités de finisseur au meilleur des moments... au grand désespoir des Citizens. L'an dernier, déjà en demi-finale de Ligue des champions, Rodrygo avait été le cauchemar des Mancuniens. Le dauphin rêve de trôner Après avoir limité les dommages à l'Etihad stadium à l'aller (4-3), les Madrilènes avaient arraché la prolongation chez eux au retour grâce à un doublé express (90e, 90e+1) portant la griffe de l'ailier de 22 ans, puis avaient anéanti les derniers espoirs de Pep Guardiola et des Skyblues avec unty pénal converti par Karim Benzema à la 95e. Mais cette année, le rapport de force n'est pas le même. Le Ballon d'Or 2022, bien qu'auteur d'une année honorable (29 buts en 38 matches toutes compétitions confondues), a été freiné par des pépins physiques à répétition. Il n'est plus, à 35 ans, aussi décisif qu'à 34, quand il avait porté tout le Real sur ses épaules lors d'une campagne européenne mémorable. Surtout, les Merengues, qui recevront l'aller et qui voyageront à Manchester le 17 mai, ne pourront plus compter sur l'avantage irrationnel entraîné par le bouillant Bernabéu des matchs retours de la saison passée. Lundi, le milieu de terrain espagnol de City Rodri a parlé de « revanche », mais Guardiola a réfuté cette vision. « On a appris la leçon. La leçon, c'est qu'on ne vient pas se venger. On vient se saisir de cette nouvelle opportunité », a assuré le cerveau catalan des Citizen. Et cette année, Guardiola et les siens présentent un nouvel atout-maître : Erling Haaland. Le défi de Guardiola Le colosse norvégien, courtisé par le Real Madrid avant sa signature en Angleterre l'été dernier, est, à 22 ans, dans les temps pour réaliser une saison historique, menant la danse au classement des meilleurs buteurs de Ligue des champions (12 buts) . « Haaland, c'est évident qu'il est différent. Il en est à 51 mais marqués cette saison... Donc la relation Guardiola – Haaland, j'ai l'impression ça n'a pas trop mal fonctionné jusqu'ici » , a ironisé Toni Kroos lundi. Et le Real aura sans doute le plus grand mal à le museler sans son meilleur défenseur, Eder Militao, suspendu. Avec son cyborg, City semble mieux équipée que jamais pour conquérir le seul trophée qui se refuse à lui. Depuis l'arrivée de Pep Guardiola en 2016, les déconvenues européennes se sont multipliées et l'entraîneur catalan a souvent été montré du doigt pour ses expérimentations tactiques qui se sont retournées contre lui. Le quart de finale perdu en 3-5-2 en 2020 contre Lyon (3-1), une année où la pandémie de Covid-19 avait limité les derniers tours à des matchs à élimination directe, ou même la finale contre Chelsea l' année suivante, démarrée sans milieu défensif, et perdue (1-0), ont été les échecs les plus cuisants. Le Catalan, de retour au Bernabéu pour y affronter sa bête noire, n'a pourtant jamais cessé d'innover. Le repositionnement de John Stones, les intégrations de Jack Grealish et de Haaland : autant de défis qu'il a su relever avec succès au vu des titres remportés en Angleterre, où City vise un quatrième sacre national en cinq ans. Mais il sait que s'il ne gagne pas la C1, son passage laissera un goût d'inachevé.