Le sommet de Néguev prévu pour le mois de mars au Maroc pourrait être reporté. C'est désormais la montée des tensions israélo-palestiniennes qui en serait la cause, a indiqué Daniel Shapiro, ancien ambassadeur des États-Unis en Israël. Daniel B. Shapiro, directeur de l'Initiative N7, membre distingué du Conseil de l'Atlantique et ancien ambassadeur des États-Unis en Israël, a témoigné, jeudi, devant un sous-comité de la commission des affaires étrangères de la Chambre américaine au sujet de l'élargissement des Accords d'Abraham, ses progrès ainsi que ses défis. Lors de son intervention, Shapiro a fait savoir que les processus lancés par les accords d'Abraham et d'autres accords signés en 2020 recèlent d'immenses promesses et possibilités pour que la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord soit meilleure et plus pacifique, au grand bénéfice des intérêts américains. Toutefois, l'ancien diplomate a estimé que plusieurs défis réels restent à relever pour saisir les opportunités en jeu. « Le Forum de Néguev lui-même a certaines limitations intégrées« , a-t-il précisé. Selon le membre du Conseil de l'Atlantique, il semble logique que la montée des tensions israélo-palestiniennes et les appels de certains responsables israéliens à prendre des mesures équivalant « à une annexion de facto de la Cisjordanie ou à remettre en cause le statu quo sur les lieux saints de Jérusalem affaiblissent la popularité des accords d'Abraham« . Shapiro a indiqué, en ce sens, que « la prochaine réunion ministérielle du sommet du Néguev, qui devait avoir lieu ce mois-ci au Maroc, semble maintenant susceptible d'être repoussée jusqu'après Ramadan et la fête des Pâques », ajoutant que « beaucoup craignent qu'ils (ces célébrations religieuses) ne soient une saison de tensions entre Israéliens et Palestiniens« . Il souligne que ces dernières semaines, des pays membres des Accords ont par ailleurs critiqué les actions israéliennes à l'encontre des Palestiniens, allant jusqu'à leur condamnation devant le Conseil de sécurité des Nations unies. En outre, il estime que, pour relever ce défis, les rassemblements régionaux de toutes sortes, du Forum du Néguev aux conférences N7, devraient indiquer « clairement que les Palestiniens qui souhaitent s'engager de manière constructive sont les bienvenus pour venir, participer, contribuer et bénéficier ». « Sous le parrainage et la direction des États-Unis et des pays des Accords d'Abraham, les Palestiniens et les Israéliens pourraient trouver leur première opportunité de dialogue depuis des années. Cela seul peut créer de nouvelles voies de communication et le début d'une réduction de la méfiance« , a estimé Shapiro. Pourtant, l'ancien ambassadeur américain se dit optimiste: « Même avec ces défis, les accords d'Abraham restent la chose la plus positive et la plus prometteuse qui se soit produite au Moyen-Orient depuis des années« . Il a notamment tenu à rappeler que certaines des réunions diplomatiques, accords commerciaux, vols touristiques complets, la coordination de la sécurité, des changements éducatifs et des changements dans la rhétorique publique qui paraissent désormais routiniers « auraient difficilement pu être imaginés il y a quelques années à peine. Et en même temps, ils ne font qu'effleurer la surface de ce qui est possible« . Pour rappel, le sommet de Néguev, qui réunit les ministres des Affaires étrangères des signataires des Accords d'Abraham, ainsi que le secrétaire d'État américain, pour discuter des coopérations dans différents domaines, donne suite au premier Sommet organisé en Israël en mars 2022. Au mois de janvier, pas moins de 150 hauts représentants se sont réunis aux Emirats arabes unis pour préparer la tenue de sa seconde édition au Maroc.