Le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) a organisé, mercredi 15 février à Rabat, une rencontre en vue de présenter les conclusions de son avis baptisé « Fake news: De la désinformation à l'accès à une information avérée et disponible ». A l'occasion de la présentation de l'avis, Ahmed Réda Chami, président du CESE, a affirmé que l'accès à l'information est devenu plus facile que jamais, grâce à Internet, aux réseaux sociaux, aux sites d'information et à l'espace numérique en général. Il estime qu'il s'agit bien d'un point positif s'inscrivant dans le cadre du droit aux nouvelles et le droit à l'information. Cependant, le président du CESE souligne que cet accès facile peut entraîner des défis sans précédent, notamment les « fake news », rappelant les rumeurs qui ont circulé sur les réseaux sociaux et certains médias pendant la crise pandémique provoquant une vague de frayeur et d'inquiétude chez les citoyens. C'est par ailleurs ce qui a poussé le CESE à élaborer un avis en vue d'en apprécier l'ampleur du phénomène, l'impact sur la société et proposer des mesures à même d'en limiter les effets négatifs, a-t-il expliqué. Ainsi, le document dévoile qu'au Maroc, un certain nombre de dysfonctionnements et de fragilités favorisent la propagation des « fake news », notamment le manque de diffusion systématique et/ou de mise à jour des données officielles de certaines administrations bien que les dispositions de la loi n° 31-13 relative au droit d'accès à l'information le stipulent expressément. Il évoque également l'insuffisance des ressources humaines et matérielles à même de permettre aux différents canaux médiatiques publics de lutter efficacement contre la propagation des fake news et un manque patent de plateformes de « fact-checking » performantes et capables d'assurer une meilleure vérification des faits, à l'exception de quelques initiatives isolées. En outre, le nombre de dossiers enregistrés auprès des tribunaux liés à la diffusion de fausses informations durant la période allant de 2019 à fin août 2022 a atteint un total de 226 dossiers, répartis entre « l'atteinte à l'ordre public ou suscitation de la frayeur parmi la population » (175 dossiers), « l'impact sur la discipline ou le moral des années » (9 dossiers) et « l'incitation directe à la haine ou à la discrimination » avec 42 dossiers. Le CESE a recommandé de mettre en œuvre certaines mesures, à commencer par garantir l'effectivité du droit d'accès à l'information publique, notamment en rendant obligatoire la diffusion, sur le site de l'administration concernée, de tous les documents officiels publics dans les 24 heures suivant leur adoption. Il appelle à la mise en place d'une plateforme numérique publique de « fact-checking » des informations officielles du Maroc, en veillant à capitaliser sur les initiatives lancées par certaines institutions (MAP, HACA, etc.). En plus du renforcement des capacités des usagers et des professionnels et le soutien de la recherche scientifique et la coopération internationale, entre autres. A noter que cet avis a été adopté à l'unanimité par l'assemblée générale lors de la 141è session ordinaire tenue le 29 décembre 2022. Il a été élaboré sur la base d'une approche participative, un large débat regroupant différentes catégories, notamment le Conseil, des auditions organisées avec les principales parties prenantes concernées, ainsi qu'une consultation lancée sur la plateforme digitale de participation citoyenne du Conseil « ouchariko.ma ».