Dans son discours au Parlement à Rabat lors de l'ouverture de la première session de la seconde année législative de la onzième législature, le Roi Mohammed VI a appelé ce vendredi 14 octobre, à avoir un autre regard sur la problématique de l'eau, « l'état actuel des ressources hydriques nous interpelle tous, gouvernement, institutions et citoyens ». Aussi, le Souverain a appelé à rompre avec toutes les formes de gaspillage ou d'exploitation anarchique et irresponsable de cette ressource vitale. Hespress a sollicité un Monsieur qui à cet égard, a toujours été un fer de lance dans cette lutte, Mohamed Benata, Ingénieur Agronome, Docteur en Géographie, Président de l'Espace de Solidarité et de Coopération de l'Oriental (ESCO), Coordinateur de l'ECOLOPLATFORME du Maroc du Nord (ECOLOMAN), en l'occurrence. « J'ai, personnellement, apprécié énormément le discours du Souverain où il a soulevé tous les différents points de la problématique de l'eau. Le Roi a appelé les décideurs, les responsables, l'Administration et tous les acteurs concernés par la gestion de l'eau à la prendre vraiment en considération ». Puis rappelant que le Souverain a souligné « que la sécheresse est devenue structurelle au Maroc » Mohamed Benata poursuivra en disant « donc, on doit être très attentif quant à la gestion de l'eau qui, soit dit en passant, est une affaire de tous et tenir compte des effets des changements climatiques. D'autant plus que le Maroc traverse actuellement une période de grave sécheresse qu'il n'avait jamais connu depuis quatre décennies. Il va falloir prévoir des périodes très difficiles, sinon pires que celle que nous vivons ». Le militant et activiste environnemental dit encore : « Ce que j'ai encore le plus apprécié dans le discours royal c'est quand le Souverain a rappelé un point que les décideurs ont toujours semblé ignorer. En effet, ces derniers n'ont d'yeux que pour l'offre de l'eau, barrages, unité de dessalement, stations de pompage... l'exécutif et les responsables de la gestion de l'eau doivent travailler sur la demande. On ne doit pas gaspiller l'eau, il faut la gérer en bonne conscience et en faire un usage raisonnable or, on ne parle que d'infrastructures hydrauliques et on néglige généralement la gestion de la demande qu'a soulignée vendredi, Sa Majesté ». L'ingénieur agronome dira à cet effet, que « contre le gaspillage évoqué dans le discours royal, on se doit à une exploitation rationnelle de l'eau et mettre fin à celle anarchique qui domine actuellement à travers les pompages, le forage des puits à des centaines et plus de mètres pour atteindre l'eau des nappes phréatiques qui ont tendance à disparaitre. Aujourd'hui, l'heure est à d'autres orientations, à la science et à la recherche, aux nouvelles technologies dans le domaine de l'économie de l'eau comme mentionnées par le Souverain. On se doit de rester conformes au discours et ouvrir une nouvelle ère ou l'eau, quelle que soit son origine, doit être comptabilisée, il n'y a plus de place à l'exploitation anarchique ou tout à chacun en faisait un libre usage. Bref, il faut assurer la gestion optimale de la demande comme recommandée dans le discours royal ». Le Souverain a également évoqué un volet très important selon le Dr en Géographie, c'est le coût réel de l'eau. Et de citer le prix du dessalement de l'eau au mètre cube d'Agadir qui est de plus de 16 dhs selon Mohamed Benata. « dans les tarifs, il est compté à cinq dirhams et des centimes pour encourager les agriculteurs à son exploitation, c'est carrément du x3. On ne sait ce que sont devenus les 11dhs d'écart (subvention d'Etat ou autres calculs). In fine, le dessalement d'eau que l'on avançait comme une solution ne l'est pas en fait réellement au regard de son prix coûteux. Quand Sa Majesté dit qu'il faut prendre en considération le prix réel de l'eau, cela veut dire ce que ça veut dire. L'usager doit payer au minimum le prix de revient de l'eau, peu importe son origine, ruissellement, pompage, dessalement ou autre ». « Ce qui est aussi très intéressant dans le discours royal c'est quand le Souverain évoque le traitement des eaux usées et l'effort à consentir pour les utiliser », expliquera notre interlocuteur. « Cette solution revient à beaucoup moins cher que le dessalement. Elles sont certes, des appréhensions aux idées reçues comme quoi l'eau de mer est plus propre, mais ce n'est pas vrai. Quand les eaux usées passent par des stations de traitement et qu'elles subissent un épurement idoine c'est-à-dire avoir passé toutes les étapes et avoir été débarrassées des matériaux lourds, bactéries et autres virus et avec un rajout en fin du parcours de quelques minéraux, elles sont consommables même en tant qu'eau potable. Le meilleur exemple en est la Californie où elle est distribuée dans les cafés et restaurants après cinq phases de traitement ».