Alors que l'agriculture contribue à 32 % du PIB du continent, l'Afrique ne comprend que 2 % des étudiants du territoire entier qui se spécialisent dans la filière agricole. Dans ce contexte, l'OCP a organisé ce mardi 27 septembre, un webinaire faisant partie de l'initiation « Trait d'union » dont cette édition porte sur la thématique de « La formation agricole : quel modèle face aux enjeux climatiques et alimentaires ? ». Le continent africain est aujourd'hui confronté au défi de la croissance démographique menant vers une approche d'agriculture de subsistance plutôt que vers une approche plus économique vue les variations de changement. En effet, il s'agit d'un secteur dont l'équilibre bouge tout le temps. Le webinaire de l'OCP a permis de mettre en place une table ronde afin de décortiquer les nouvelles méthodes à adopter face aux impositions des transformations de l'agriculture et aux nouveaux enjeux climatiques et alimentaires. Les transformations de l'agriculture imposent une nouvelle manière d'appréhender la formation agricole. Selon Jean-Marie Seronie, consultant agroéconomiste et membre de l'Académie d'Agriculture de France, le secteur va encore plus se complexifier avec le changement climatique et surtout avec la présence de l'objectif de neutralité de carbone qui s'étale d'ici 2050. « Nous allons avoir une agriculture qui va utiliser de moins en moins de chimie, que ce soit au niveau de la fertilisation ou de l'utilisation des produits phytosanitaires », précise-t-il. Seronie souligne que « le métier d'agriculteur, en France comme exemple, est en train de changer assez vite et va encore plus changer dans les années qui viennent ». Ce développement nécessite des compétences plus larges en matière de commerce, d'agronomie et de technicité permettant à ce secteur de s'aligner avec les innovations et de faire face aux problématiques qui s'accroissent au fur et à mesure. Dans ce sens, Anastasia Boucheron, Directrice des affaires sociales de l'Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA), a mis le point sur la nécessité de la diversification des métiers agricoles et l'importance de la création de ceux-ci pour répondre aux besoins du marché actuel. Les transitions environnementales, climatiques, technologiques et numériques doivent également être prises en main par les industries agroalimentaires. Cela leur permettra de modifier leur process de fonctionnement et de fabrication pour proposer une alimentation plus saine et plus durable et surtout accessible à tous. « Les métiers existants ne sont pas voués à disparaître, mais à évoluer en fonction de la prise en compte de ces nouveaux enjeux », explique-t-elle. Cependant, les universités ou les centres de formation doivent jouer un rôle très important dans la transition agricole en termes de proposition des formations adéquates à la nouvelle génération, qui semble de plus en plus s'éloigner de ce secteur, puisque l'agriculture est considérée maintenant comme mode de vie plutôt qu'un métier répondant au projet de vie des jeunes d'aujourd'hui. « Les gens qui travaillent dans le domaine de l'agriculture ne disposent pas d'assez de cadres, surtout en Afrique. Les formations sont là, mais sont sans doute à améliorer », indique Bruno Gérard, Professeur et Agrobioscience lead de l'Université Mohammed VI Polytechnique et spécialiste de la sécurité alimentaire et de l'agriculture durable. Il ajoute que « le défi de l'Afrique est de produire plus de produits pour garantir sa sécurité alimentaire, mais également de développer des secteurs qui pourront absorber un nombre important de jeunes qui grandissent et qui ont un certain avenir dans l'agriculture ». L'expert explique que le métier d'agronome ne repose pas uniquement sur la connaissance des nouvelles technologies ou nouveaux outils, mais aussi sur les Soft Skills, le fait de pouvoir s'insérer dans des dynamiques positives du travail et sur des formations et filières qui motiveront les étudiants à continuer dans ce domaine. Le renouvellement générationnel figure parmi les principales sources d'inquiétude pour l'avenir de l'agriculture, que ce soit en Europe ou en Afrique. Les formations améliorées permettront d'attirer les jeunes vers l'agriculture et les métiers pluridisciplinaires de la chaîne de valeur agricole.