En marge du Forum international MEDays dans sa 11e édition, Hespress FR a rencontré Moustapha Cissé Lo, président du parlement de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest CEDEAO. Il a livré à Hespress FR son ressenti et ce qu'il pense du dossier de demande d'adhésion du Maroc à la Communauté. Hespress FR : Que pensez-vous de la demande d'adhésion du Maroc à la CEDEAO ? Moustapha Cissé Lo : Comme vous le savez, nous vivons à l'heure de la mondialisation et qui parle de mondialisation, parle d'ouverture et d'échanges. Aujourd'hui, si le Maroc pense qu'il doit rejoindre un bloc économique comme la CEDEAO, nous ne pouvons qu'applaudir. Mais ce qu'il faut noter c'est que les chefs d'Etats et de gouvernements qui ont seuls, la possibilité d'accepter ou de rejeter la demande d'adhésion du Maroc à la CEDEAO, ont donné un avis favorable à cette adhésion. Donc il restait à analyser et à étudier les impacts de cette adhésion sur nos Etats. Les pays de la CEDEAO sont des alliés du Maroc, sont des partenaires économiques du Maroc parce qu'il (le Maroc, NDLR) entretient des relations de coopération avec la plupart des pays de l'Afrique de l'ouest. Son secteur privé est très dynamique dans nos Etats et il faut saluer l'heureuse initiative de SM le roi Mohamed VI, qui a eu le courage d'aller vers ses frères traditionnels c'est-à-dire, l'Afrique de l'Ouest. Que représente l'adhésion du Maroc, qui pour rappel est le premier investisseur africain en Afrique de l'Ouest, à la CEDEAO ? Le Maroc constitue une zone de transit, une zone de départ, donc si aujourd'hui nous pensons que nous devons accentuer la coopération, nous allons nouer des relations plus dynamiques en nous fondant sur les lois et la réglementation c'est-à-dire, admettre que le Maroc puisse rejoindre et intégrer cette communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest. Nous ne pouvons qu'encourager cette initiative parce qu'aucun pays au Monde ne peut aller seul. Il faut de grands blocs économiques, il faut travailler avec les pays qui ont les mêmes visions sur le plan économique et sur le plan politique pour aller de l'avant, car, le destin des peuples se fonde sur les grands ensembles. C'est ce que nous sommes venus défendre avec cette invitation (au Forum MEDays 2018, NDLR) où nous sommes venus échanger et prendre des recommandations que nous allons porter à la connaissance des députés de la CEDEAO pour continuer à œuvrer pour notre région. Nous avons vu qu'il y avait certaines réticences de la part des entreprises et de la société civile de certains pays d'Afrique de l'Ouest quant à la demande d'adhésion du Maroc à la CEDEAO. Comment peut-on passer outre ? C'est très normal d'avoir ce genre de réticences. Je suis issu du secteur privé et on pense (les entreprises, NDLR) que cette économie marocaine est plus dynamique que la plupart des économies des pays qui composent la CEDEAO donc forcément le secteur privé aura cette peur aux lèvres. Mais cette peur ne doit pas compromettre cette idée géniale que nous sommes en train de développer. Nous avons trouvé les moyens pour arriver à appuyer cette demande d'adhésion marocaine pour qu'elle puisse devenir réalité parce que nous (les pays de la CEDEAO, NDLR) en avons besoin. C'est un partenariat gagnant-gagnant qu'il faut sceller. Vous parlez de partenariat gagnant-gagnant mais qui y gagnera le plus ? Chaque pays va gagner, il n'y aura pas de perdant. Dans des relations de coopération, il faut y aller pour voir ce qu'on gagne, mais l'essentiel, c'est d'étudier (les dossiers de demandes d'adhésion, NDLR). Les chefs d'Etat de la CEDEAO ont mis en place une task force composée de cinq présidents chargés d'examiner cette question et cela a donné des résultats positifs. Nous pensons que cette étude doit être portée à l'attention des populations et des gouvernements pour qu'on puisse prendre la bonne décision pour l'intérêt de nos communautés. Vous avez l'air d'être plutôt positif sur le sort du dossier marocain... Oui je suis optimiste, je pense bien que cela arrivera bientôt parce que les études auront donné les résultats escomptés et nous pensons qu'ils vont être pris au sérieux.