L'absence du chef du gouvernement lors de la séance mensuelle de reddition de comptes du mois de juillet à la Chambre des représentants a suscité les critiques de certains députés de partis d'opposition. Ils accusent Aziz Akhannouch de vouloir échapper à ses responsabilités. Cela a provoqué un véritable tollé au parlement et l'on a assisté en ce lundi à une fronde menée par les représentants des groupes d'opposition, qui ont accusé Aziz Akhannouch de « violer » les dispositions du dernier paragraphe du chapitre 100 de la constitution et de sous-estimer le travail parlementaire en ne se présentant pas à l'hémicycle. C'est Abdallah Bouanou qui préside aux destinées du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement qui a lancé l'offensive. Il a rappelé le règlement et a accusé Aziz Akhannouch de n'y avoir assisté qu'à 4 reprises, alors que la loi stipule sa présence une fois par mois et que cela avait déjà été soulevée le 13 juin dernier. Bouanou a estimé qu'« il y avait là, une tendance à violer la constitution et matière à une interprétation antidémocratique contredisant le système interne parlementaire et de la Constitution, quant à la présence du Chef du gouvernement au Parlement », chaque fois que les conditions sont disponibles. De son côté, le député du Parti du mouvement populaire, Abdennebi Aidoudi, a appelé à la nécessité de la présence du Chef du gouvernement afin de répondre aux questions, notant que « Akhannouch est tenu d'interagir avec les institutions constitutionnelles et de ne pas esquiver la reddition de comptes mensuelle ». Pour sa part, le président du Groupe socialiste, Abderrahim Chahid, a affirmé qu'« il est inconcevable que le Chef du gouvernement se dérobe des espaces de débat public, d'autant plus que les Marocains l'attendent et que de nombreuses questions se posent aujourd'hui ». Du côté de la majorité, Hicham El Mhajri du PAM, a souligné que c'était au « Conseil des présidents » de décider de la question et non à l'opposition. « Cette histoire affaiblit le Parlement et donne l'impression qu'il est incapable de convoquer le Chef du Gouvernement ». A cet effet, le président du groupe Haraki, Driss Sentisi, n'a pas manqué l'opportunité de critiquer les propos d'El Mhajri « Il est déraisonnable que les gens entendent que les représentants n'ont pas envoyé de demandes pour convoquer le Chef du gouvernement », jugeant le contexte « irresponsable ». A cet égard, le chef de l'équipe du Parti Authenticité et Modernité (PAM), Ahmed Touizi, un peu comme pour sauver la face, a estimé que « l'institution marche collectivement, et à plusieurs reprises le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, est venu expliquer en détail devant conseil et aux Marocains des situations critiques ». Du coup, la présidence du parlement a dû intervenir pour « disculper » ce « crime de lèse-majesté », si l'on peut dire ainsi, du Chef du gouvernement. Aussi pour justifier cette absence et prenant tout sur elle, elle a confirmé que c'était le bureau du parlement qui en était responsable et non l'inverse. Dans son ultime tentative de calmer la situation le premier vice-président de la Chambre des représentants (Parti authenticité et modernité (PAM), Mohamed Sabri en l'occurrence qui présidait à la session de lundi a indiqué que le Chef du gouvernement n'avait reçu aucune convocation, et que le bureau du Conseil en est le seul responsable. Il a, en outre, déclaré qu'après lecture des questions, il était clair qu'elles n'étaient pas liées à l'ordre public, et que donc une convocation du Chef du gouvernement n'avait pas de raison d'être. Pour ce qui est de la reddition des comptes, la fonction du Parlement en matière des finances publiques est essentielle pour renforcer la bonne gouvernance dans la mise en œuvre des politiques publiques, et ce conformément à l'article 77 de la Constitution. La Cour constitutionnelle avait rejeté en 2013 l'approche de la Chambre des représentants à limiter le nombre de sessions de reddition de comptes à seulement quatre tout au long de l'année. Elle avait considéré que cela était contraire à la constitution, tant que le chapitre 100 de la constitution stipule que le Chef du gouvernement assiste au Parlement une fois par mois pour répondre aux questions des parlementaires liées à la politique publique.