La clôture du festival de Fès des cultures soufies a été grandiose. Des personnes de partout dans le monde ont afflué vers la salle qui a été choisie à la dernière minute à cause des intempéries. L'afflux était impressionnant. Il y avait tellement de monde que deux salles adjacentes n'étaient pas suffisantes pour contenir tous les spectateurs venus en nombre pour assister à la soirée de clôture, ce samedi 27 octobre, dédiée aux "derviches et chants spirituels du Cham". L'événement culturel organisé par l'Association festival de Fès et des cultures soufies a dessiné des sourires sur tous les visages, malgré le temps pluvieux et venteux qui régnait dans la capitale spirituelle du royaume. Les derviches de Turquie et de Syrie ont tourné pendant des heures, pour le plus grand bonheur du public international présent sur place, venu savourer cette soirée dédiée au Dikr et au Soufisme. Lors de la conférence de presse de clôture de l'événement culturel, ayant eu lieu plus tôt dans la journée, Faouzi Skalli, l'organisateur du festival a été chaleureusement applaudi par les personnes présentes sur place, qui tentaient de le persuader de revenir sur sa décision de prendre sa retraite. "Ce que j'avais pris comme retrait se transforme de plus en plus en relais", a dans ce sens déclaré Faouzi Skalli à Hespress FR. "On ne démissionne pas de la vie" "La spiritualité, c'est toute une vie. On ne démissionne pas de la vie. C'est la vie qui décide de nous amener ailleurs à un moment donné. Il n'y a pas un jour où on pense à mettre sa recherche spirituelle au placard, c'est la raison même de vivre, simplement ça peut prendre des formes multiples", poursuit le docteur en anthropologie, ethnologie et sciences de la religion. Le natif de Fès explique son besoin de retrait par le fait qu'il a besoin de "se réinventer" et qu'il veut "prendre le temps pour" lui même et pour "faire d'autres choses". Il se dit confiant des personnes qui l'entourent et qui peuvent "prendre le relais". Faouzi Skalli ajoute avec philosophie : "il ne reste que ce que vous donnez", puisque pour "vouloir s'investir suffisamment pour que ces graines qui ont été semées à mon sens depuis très longtemps, de la musique sacrée, puissent maintenant servir à ce projet de la culture soufie, comme une matrice qui réunit tous ceux qui s'intéressent à cette culture, à titre d'écriture, de recherche et que tout ceci puisse interagir". Ph. Zainab Aboulfaraj – Hespress FR L'édition 2019 du Festival de Fès et des Cultures soufies a été organisée sous le thème de "la présence du soufisme". Une des soirées intitulée "Ode aux femmes mystiques" a été organisée, conçue et présentée par des femmes "à la fois d'une tradition culturelle du soufisme de Chefchaouen, mais aussi d'autres femmes d'autres horizons culturels", précise l'organisateur de l'événement culturel. Rendre hommage aux femmes soufies La 11ème édition est une manière de "rendre un hommage particulier aux femmes soufies, et plus largement à l'importance que la culture soufie donne à l'archétype du féminin, par sa littérature, sa poésie", confie l'écrivain. "Il est assez curieux que dans cette culture, dans d'autres branches de l'islam, les femmes ont plutôt une place marginalisée. Dans le soufisme, elles ont une place centrale", poursuit-il. Le but de cette édition aura été de "valoriser cet apport-là, comme un apport fondamental de la spiritualité en islam". Le choix de Fès pour le festival des cultures soufies n'est pas anodin, déclare Faouzi Skalli, puisque la capitale spirituelle "porte en elle et depuis longtemps cette agora qu'on est obligés de recréer, cet esprit qui a fait la Qaraouiyine, les Mederssas, cette civilisation, cet art et toute cette beauté", explique un brin philosophe l'anthropologue. "Fès c'est le Maroc, c'est la civilisation marocaine qui porte ce projet en elle et qui l'a toujours porté", conclut-il.