Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, était dimanche l'invité d'une émission de télévision, lors de laquelle l'Islam de France a largement été évoqué. Dans le feu des débats, Darmanin a indiqué que le Conseil français du culte musulman (CFCM) « est mort », et que pour « les pouvoirs publics, pour la République française, n'existe plus, n'est plus l'interlocuteur de la République ». Des mots malheureux qui ont fortement déplu à Mohammed Moussaoui, président du Conseil considéré comme étant le principal interlocuteur des pouvoirs publics pour le culte musulman en France. Moussaoui n'a pas tardé à réagir pour dénoncer une déclaration « inacceptable » et « non justifiée ». Par voie de communiqué, le président du CFCM a affirmé que « cette déclaration n'est pas acceptable ni sur la forme ni sur le fond, et des propos de cette gravité ne peuvent être tenus par un ministre de la République dans un langage approximatif, au détour d'une réponse à une question d'un journaliste ». Pour Moussaoui, « la rupture unilatérale du dialogue entre les pouvoirs publics et l'instance représentative du culte musulman n'a jamais été signifiée au CFCM, qui est toujours le représentant du culte musulman devant différentes commissions nationales et européennes et auprès des autres cultes, et continue de désigner les aumôniers et de saisir les pouvoirs publics sur différentes questions liées au culte. » Le CFCM « représente le culte musulman dans toutes les cérémonies officielles », souligne Mohammed Moussaoui, faisant observer que « la rupture unilatérale du dialogue entre les pouvoirs publics et l'instance représentative du culte musulman n'a jamais été signifiée au CFCM ». « Les conseils régionaux et départementaux du culte musulman continuent de dialoguer avec les pouvoirs publics, notamment les préfets. Au niveau national, le CFCM est toujours le représentant du culte musulman devant différentes commissions nationales et européennes et auprès des autres cultes. Il continue de désigner les aumôniers et de saisir les pouvoirs publics sur différentes questions liées au culte. Il représente le culte musulman dans toutes les cérémonies officielles », explique le communiqué. Et d'ajouter que l'action du CFCM en direction des mosquées, au sein des hôpitaux et auprès des détenus tout au long de la crise sanitaire a été saluée par tout le monde, en notant que la commission sénatoriale l'a rappelé explicitement dans son rapport. Depuis des mois, le CFCM n'a cessé de multiplier ses actions pour lutter contre la radicalisation. « C'est au sein du CFCM que la charte des principes pour l'islam de France a été rédigée », observe Mohammed Moussaoui, ajoutant que les « textes fondateurs du projet du Conseil National des imams y ont été élaborés" et « malgré la faiblesse de ses moyens et les tentatives de déstabilisation dont il a été victime, le CFCM a tenu bon ». « Aussi, l'annonce faite par le ministre de l'intérieur n'est pas justifiée et est en rupture totale avec les règles et usages en vigueur dans un État de Droit comme le nôtre », note-t-il. Le président du CFCM, qui n'a pas signé ladite Charte, rappelle à cet égard qu' »elle a été rédigée par l'ensemble des huit fédérations composant le CFCM et elles en sont les auteurs" et les trois fédérations non signataires pour le moment en font partie". Les trois fédérations (CCMTF, CIMG et Foi et Pratique), membres statutaires du CFCM et partenaires de longue date des pouvoirs publics, ont toujours participé activement aux travaux du CFCM et son dialogue avec l'État, rappelle encore M. Moussaoui, faisant observer que ces fédérations « ont montré leurs bonne volonté de vouloir avancer sur le sujet de la Charte en demandant à plusieurs reprises et notamment encore la semaine dernière une audience auprès du Ministre de l'Intérieur et « elles attendent toujours une réponse de sa part ». « La signature de la charte aussi importante soit-elle ne peut pas nous renseigner parfaitement sur l'identité d'une organisation et de son corpus idéologique », insiste le président du CFCM, ajoutant que « la République doit traiter ces sujets importants avec une grande rigueur et une analyse profonde des faits et des situations dans un cadre légal ».