Le Policy Center for the New South (PCNS) à Rabat a publié en partenariat avec le Centre HEC de Géopolitique à Paris, le volume X des Dialogues Stratégiques. La publication revient sur la 10è édition des Dialogues, tenue le 4 mai dernier sur « Les rivalités de puissance en Afrique – L'Afrique face au terrorisme ». Composé de 13 policy papers qui furent présentés, discutés et enrichis à l'occasion de la rencontre, le document est structuré en deux parties: une première consacrée aux défis de la navalisation et de la maritimisation du monde, tandis qu'une deuxième partie porte sur l'insularité au sein de l'Union africaine. La première partie évoque ainsi les Stratégies de puissances en Afrique et souligne que depuis l'accession au Trône du Roi Mohammed VI, ce continent s'est transformé en priorité de la diplomatie marocaine. Sur le plan économique, le premier chapitre de cette partie relève que l'Afrique est devenue le prolongement naturel du Maroc en termes d'investissements et d'implantations. Quant au chapitre 2 de cette partie, il s'attarde sur les investissements des pays du Moyen Orient qui sont de plus en plus présents sur le continent africain, avec un regain d'intérêt pour l'Afrique de l'Ouest, et un nouvel ancrage assez stratégique en Afrique australe. Le Chapitre 3 s'intéresse au retour de la Russie sur le champ africain, ainsi que des liens commerciaux Russie/Maroc. Pour l'auteur, si la Russie mise de plus en plus ouvertement sur le hard power, elle continue de déployer en Afrique des instruments d'influence de long terme en direction des sociétés locales. Par ailleurs, le chapitre 4 traite de la politique africaine de l'Inde, notant que le continent africain n'a pris une part importante dans la politique étrangère indienne que depuis une décennie. L'ancien diplomate Mohamed Loulichki aborde dans le Chapitre 5 le Soft Power Indien à la conquête de l'Afrique, expliquant que fidèle à son image qui prône la non-violence comme vecteur principal de sa politique extérieure, l'Inde mobilise les instruments de son soft power pour séduire l'Afrique et s'implanter sur les plans économique, culturel et technologique dans plusieurs régions du Continent. Le Chapitre 6 est réservé à la nouvelle physionomie de la stratégie chinoise en Afrique à travers le développement des «nouvelles routes de la soie» qui est le résultat d'une poussée continue et vigoureuse des grandes entreprises d'Etat chinoises en quête de marchés extérieurs, ayant comme priorités la perspective de chantiers prometteurs. De son côté, l'auteur du chapitre 7 évoque le rôle de la Turquie en Afrique, soutenant que depuis que l'Union africaine a déclaré, en 2008, que la Turquie est un partenaire stratégique de l'Afrique, les relations multidimensionnels (politique, diplomatique, culturelle, économique) entre ce pays et les Etats africains ont connu une évolution rapide. Le dernier Chapitre de la publication s'intéresse à la relation du président américain Joe Biden avec le continent africain, relevant que l'Afrique a rarement été une préoccupation stratégique de Washington. L'Afrique a souvent fait l'objet d'une politique de «douce insouciance» (ou de benign neglect en anglais) de la part des Etats-Unis qui espéraient que les problèmes du continent n'affectent pas les intérêts stratégiques du pays. Dans la partie PARTIE II intitulée: « L'Afrique face au Terrorisme », le chapitre 9 revient sur le nouveau contexte sécuritaire africain, relevant que l'analyse sécuritaire du continent africain confronte l'observateur à un double constat : la contamination et la complexification des actions terroristes. Le Chapitre 10 s'intéresse, pour sa part, au bilan des opérations militaires françaises, se demandant si l'Afrique subsaharienne – lieu d'une «africanisation du Djihad» – deviendra-t-elle le «nouveau centre de gravité du Djihad mondial» (après l'Afghanistan et le Proche Orient) ? Dans ce chapitre, l'auteur essaie de dresser les différentes réponses aux immenses défis des conflits sahéliens. L'auteur du chapitre 11 s'attarde, quant à lui, sur la côte orientale africaine : un espace stratégique, miné par la violence, expliquant que la région stratégique, avant et après les colonisations, la rive orientale de l'Afrique, aussi bien en océan Indien qu'en mer Rouge, prend de plus en plus d'importance dans la géopolitique africaine. Dans le chapitre 12 réservé à la complexité de l'environnement stratégique sahélien, l'auteur constate que le sentiment d'impuissance collective, suscité par la difficulté à apporter une réponse durable à la crise multidimensionnelle que traverse le Sahel, démontre que les solutions promues par les partenaires bilatéraux et multilatéraux de l'Afrique ne sont pas aujourd'hui nécessairement plus efficaces que celles conçues par les Africains. Sur un autre registre, le Chapitre 13 traite de la piraterie dans le Golfe de Guinée et ses liens avec le financement du terrorisme, ainsi que ses répercussions sur les chantiers de développement des pays notamment africains, et particulièrement au Nigeria. Le dernier chapitre de ce document propose une évaluation du groupe d'experts de l'ONU sur la menace posée par Al Qaida et Daech en Afrique, notant que l'accélération de l'activité de ces deux groupes sur le continent africain représente une préoccupation majeure pour la communauté internationale. A rappeler que les Dialogues Stratégiques représentent une plateforme d'échange biannuelle réunissant des experts, des praticiens des décideurs politiques, ainsi que le monde universitaire et les médias au service d'une réflexion critique et approfondie sur les tendances politiques mondiales et les grandes questions d'importance commune pour l'Europe et l'Afrique.