A Mohammedia, une association de protection des animaux et de l'environnement, en partenariat avec les services (minimums) de la Commune procède depuis une semaine à la vaccination, la stérilisation et le placement en milieu rural des chiens errants de la cité des fleurs. Une initiative des plus louables, d'autant plus que parfois, les membres de l'Association qui répond au nom de Raafa (clémence) présidée par Najat Tayan et sa sœur Souad (vice-présidente) et qui fait dans la protection des animaux et de l'environnement, doivent parcourir de longues distances à leurs frais pour trouver preneurs à leurs protégés. Pour accomplir leurs bonnes œuvres nos deux dames, accompagnées de bénévoles se tapent des centaines de kilomètres pour placer les chiens qu'elles auront auparavant ramassés ou attrapés, lavés, déparasités, nourris, vaccinés, tagués et stérilisés dans un petit local de la ville que leur a cédé "temporairement" la Commune pour la seule action de soutien. Ces bêtes sont accueillies dans les communes rurales alentours où la demande est très forte. Les habitants ruraux les utilisent comme chiens de garde. Mais avant de les placer nos bénévoles prennent soin de se renseigner sur les nouveaux maîtres. Un suivi de ces bêtes qui seront cédées est également de mise. Louable aussi l'initiative, parce qu'empêchant surtout l'abattage de chiens errants à coup de chevrotines ou pire, de leur empoisonnement. Cela étant, quand nos acteurs associatifs arrivent sur place pour le placement de leurs bêtes, c'est un joli charivari " souaki ", une elle pagaille dans le pur style traditionnel de notre monde rural. Le succès est tel à la "distribution " si l'on peut dire ainsi, que l'on se dispute les canidés et qu'il n'y en a pas pour tout le monde avec en fond de toile bouderie et fâcherie. Aussi fait-on promesse pour d'autres placements dans les plus brefs délais. Pour l'heure et en moins d'une semaine ce sont une trentaine de chiens qui ont été placés ainsi que quelques chiots. Mais, il est un autre phénomène à cet engouement, selon Mourad Houari un acteur associatif œuvrant à Mohammedia (Kasbah), qui a constaté à travers différentes missions de repérage pour le placement de chiens prêts à vivre leur nouveau destin (gardiens) dans les communes rurales alentours. «Ils sont des douars où il n'y a plus de chiens, alors qu'à Mohammedia les chiens errants sont nombreux on les estime à plusieurs centaines », dit-il. D'où, alors cette idée de les placer en milieu rural selon la demande car elle est forte. L'association est de plus en plus sollicitée (l'information circulant très vite), car nombre de douars en sont "vidés" justement. C'est en quelque sorte un juste retour à la normale, histoire d'enrayer une exode rurale canine, car c'est connu la ville n'attire pas que les humains. Qu'on le veuille ou non, ces chiens sont utiles. Ils se nourrissent dans les décharges publiques et enrayent la prolifération d'autres bestioles plus nuisibles à l'homme tels les rats par exemple. De plus, l'OMS recommande fortement la méthode TNR, en anglais Trap, Neuter & Release qui signifie "Attraper, Stériliser, Relâcher". C'est une alternative efficace qui a été développée dans nombre de pays émergents. Elle a permis en quelques années, la réduction d'agressions et la suppression totale des cas de rage humaine. La différence avec la méthode de l'Association, c'est que les chiens après traitement sont libérés sur leur territoire à l'endroit exact où ils ont été capturés. Ce qui n'est pas le cas de Mohammedia où on les relâche, c'est le cas de le dire, dans la nature, mais en s'assurant tout de même qu'ils seront entre de bonnes mains. Moindre mal car les chiens s'adaptent rapidement à leur environnement pour peu que l'attention soit et qu'ils soient nourris. Ce fidèle ami de l'homme, demeure néanmoins de par notre culture un animal maudit, ce qui ne lui vaut souvent que cruauté gratuite. Il est temps que ces préjugés qui blessent la raison, soient dissipés. L'initiative de Raafa même si c'est une goutte d'eau dans l'océan, comparée à la population nationale canine errante qui est estimée à plus de 2 millions de chiens, est louable. C'est un début de solution, pour peu que l'on suive. Au lieu d'abattre ces bêtes on leur trouve une utilité. Mais pour réussir une telle entreprise, il faut d'abord une volonté politique et que les responsables communaux y mettent du leur. Que coûterai la méthode TNR à la Commune si ce n'est que de protéger sa commune justement. D'un autre côté subventionner de telles actions soulagerait et encourageraient les associations qui se dédient à leurs frais et par amour au sauvetage de ces animaux, le bénévolat n'étant pas éternel.