Les drames liés aux jeux vidéos se multiplient au Maroc. Cette addiction devenue un danger pour les enfants et adolescents a encore sévi sous la forme de l'infâme jeu « Free Fire », qui a récemment causé le décès d'un enfant à Kénitra. Un drame qui ouvre le débat concernant une loi pour interdire certains jeux dans le Royaume. Les jeux vidéo sont devenus l'un des passe-temps les plus populaires des jeunes. Parallèlement à leur popularité, l'inquiétude du public s'est accrue au sujet des risques de développement des jeux vidéo. L'association entre la violence dans les jeux vidéo et l'agression en particulier a reçu beaucoup d'attention. Les jeux en ligne comme PUBG et Free Fire sont devenus très populaires parmi les utilisateurs de smartphones au Maroc, en particulier les jeunes. La plupart d'entre eux passent des heures et des heures devant ces jeux qui prêchent la violence et les coupent du monde. Free Fire est un de ces jeux, encore une autre bataille royale mobile qui colle un nombre X de joueurs sur une grande île et leur dit de s'entretuer pour le plaisir. Free Fire est en plein essor, ayant récemment atteint 80 millions d'utilisateurs actifs quotidiens et dépassant le milliard de dollars de revenus en novembre dernier, deux ans seulement après son lancement. Free Fire a été classée au troisième rang mondial par les téléchargements pour Google Play dans la catégorie des jeux mobiles au premier trimestre 2020 et comptait 402,1 millions d'utilisateurs actifs trimestriels, en hausse de 48% pour l'année. Free Fire ou quand jouer avec le feu peut coûter la vie Dépression, comportement violent, pensées suicidaires, insomnies, les effets morales et physiques de ce jeu populaire sont multiples, jusqu'à pousser les utilisateurs à commettre l'irréparable. En décembre dernier, c'est une mère de famille dans la ville de Sefrou qui en fait les frais, tuée par son fils de 15 ans pour lui avoir interdit d'y jouer. Le jeune garçon l'a violemment poussée. Elle s'est cognée la tête contre une marche et est décédée des suites d'une hémorragie interne. Plus récemment, à Kénitra, c'est un enfant qui est tombé en dépression après avoir été privé de son jeu suite au piratage de son compte. Ce dernier a menacé de mettre fin à ses jours, avant d'être hospitalisé et de succomber à son mal-être. Des incidents similaires se sont déjà passés depuis la création du jeu, poussant de nombreux jeunes au suicide. Une situation qui a poussé de nombreux internautes à lancer une campagne sur les réseaux sociaux, appelant le gouvernement à réagir juridiquement pour mettre fin au fléau. Les associations et nombreux politiques ont également tapé du poing sur la table pour mettre fin à cette addiction et bloquer les jeux devenus dangereux pour les enfants et adolescents. L'addiction des enfants et des adolescents à ces jeux électroniques mortels avait été évoquée, il y a quelque temps, dans l'enceinte du Parlement. Un phénomène qui s'est démultiplié pendant la période du confinement et l'arrêt de l'enseignement présentiel. Les parlementaires avaient alors appelé à une intervention proactive des services compétents pour empêcher la prolifération de ces jeux suicidaires chez les adolescents. Un fléau sans fin Depuis quelques années, l'essor important de l'utilisation des jeux vidéo pose des problèmes de santé encore insuffisamment appréhendés. L'ampleur de ce phénomène (la prévalence estimée est comprise entre 1,7 et 10 % de la population générale) a conduit l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à inclure les troubles du jeu dans la liste des problèmes de santé mentale en 2018. Plusieurs études montrent des résultats convergents qui mettent en évidence les activités cérébrales communes entre les troubles liés à l'utilisation de substances et les dépendances comportementales (c'est-à-dire les troubles du jeu). Les spécialistes en toxicomanie ont observé que les sujets toxicomanes ont tendance à confondre plaisir et bonheur lorsqu'ils relient les états émotionnels à leurs activités addictives.