Dans un temps où le Coronavirus court les rues, une jeune femme a fait le choix de battre le bitume. Dans un temps où les femmes luttent toujours et inlassablement pour leur droits, une femme les revendique en pédalant. Dans un temps où l'humanité est malmenée par la pandémie, une femme sème un peu de bonheur, d'amour et d'espoir sur sa route. Chez nous, quand l'asphalte parle, il raconte des histoires d'hommes, des histoires de barbus, des histoires de moustachus, des histoires de durs. Mais il faut croire que les temps ont changé, ou du moins sont en train de changer. Depuis quelques années, une douce brise féminine souffle sur les routes et annonce l'ère des cantatrices chevelues (et non pas chauves de Eugène Ionesco). Les protagonistes de ces histoires sont des femmes, oui des femmes. Dans ce papier, nous allons vous narrer l'histoire de Nora Iffa. Nora la « rebelle », comme elle se plaît à se définir. A l'image de Dihya, connue surtout sous le nom de Kahina, reine des Amazighs, Nora revendique ce respect jadis synonyme de la femme Amazighe. Crédits Photo: Nora Iffa Par ses actions sportives, culturelles et professionnelles, elle veut combattre les préjugés qui pèsent sur la condition de la femme marocaine. Une condition qui laisse à désirer. Et rouler en vélo en est un exemple de ce combat. Pour Nora rouler en vélo et même voyager en vélo est un droit. Oui Nora a fait le choix de pédaler malgré les préjugés, malgré les moqueries, malgré les découragements des uns et des autres. Depuis qu'elle a attrapé le virus du vélo, Nora a inscrit sa vie à travers ce triptyque qui résume sa vision du monde: Liberté, égalité, vélocité. Comme il y a deux siècles, en Europe et aux Etats-Unis, pour les femmes « se battre pour le droit de pédaler était surtout défendre le droit de sortir de chez soi, d'être mobile », aujourd'hui, dans le pays Haha, Nora rend hommage à Susan Brownell Anthony (militante des droits des femmes américaines) en disant à voix haute que :« La bicyclette a fait plus pour l'émancipation des femmes que n'importe quelle chose au monde». Crédits Photo: Nora Iffa Comme ces femmes avides de liberté, Nora a entrepris un voyage de 1911 km dans le sud marocain en solo. Oui une femme seule sur la route en vélo. Non, elle ne se rend pas au souk d'à côté. Elle va parcourir la majorité des villes du sud marocain, ce sud bien peint par Mohamed Khaireddine, écrivain emblématique de ces régions, symboles de la beauté aride, de la générosité sans limite, de la bonté inconditionnelle... toutes ces qualités « sudiques », Nora les a ressentie, vues et vécues au long de son périple. Un périple qui s'inscrit dans la célébration de la journée de la femme au Maroc de cette année 2021. Le kilométrage parcouru n'est pas anodin. Non. Nora a parcouru 1911 kms, un chiffre qui révèle la première année de la célébration de la journée de la femme de par le monde. Par ce périple, Nora Iffa, en assumant sa féminité, donne l'exemple de la femme marocaine combattante, engagée et responsable. Par les actes et aussi par les paroles, elle affirme sa détermination à donner l'exemple à suivre à celles qui chérissent le vélo et celles qui aspirent à la découverte des autres cieux sans crainte ni peur. Nora Iffa revendique sa féminité, non pas comme une fatalité mais plutôt comme un avantage, comme une bénédiction divine. Il est à noter que ce n'est pas le premier voyage en vélo que Nora entreprend. L'année dernière, ses mollets ont travaillé du côté de l'Egypte, du Soudan et de l'Ethiopie avant d'être arrêtés par la pandémie, et le confinement mondial. Malgré, cette calamité mondiale, Nora, ne s'est pas laissée abattre. Elle a repris la route de l'aventure, de la revendication et de l'engagement en sillonnant le grand sud marocain. Son périple n'est pas passé inaperçu. Il suffit de jeter un coup d'œil sur sa page Instagram et sur sa chaîne YouTube, pour se rendre compte de son influence sur les jeunes et les femmes qui ne tarissent pas d'éloges et d'encouragements à son égard.