Coup de théâtre dans le monde, jeudi 4 octobre, plusieurs pays se sont donné le mot pour accuser la Russie d'espionnage et de cyber attaques. Moscou prise de cours a quand-même réagi en ironisant, mais n'a pas encore dit son dernier mot. Plusieurs voix dans différents pays se sont élevées pour dénoncer les pratiques des services secrets russes suite à une réunion à Bruxelles des ministres de la défense des pays de l'OTAN. Dans le viseur de ces pays le GRU, les services de renseignement militaire russes, bras armé du Kremlin sur internet. Il semblerait que la Russie n'ait pas le vent en poupe en cette semaine, jamais autant de pays n'ont condamné à l'unisson et de façon aussi inattendue les actes et violations de Moscou autant que jeudi 4 octobre, surtout que la plupart des faits qui sont reprochés aux agents du GRU remontent des fois à 2016 voire 2015. Selon ces pays, la Russie à travers le GRU se serait introduite dans un nombre important d'institutions internationales pour semer la discorde et servir des intérêts politiques. Le GRU a joué un rôle important dans l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, ses agents sont déployés partout dans le Monde et leur sont reprochés énormément de faits, notamment des campagnes de désinformation grâce aux médias ou encore des opérations de piratage informatique. L'ingérence russe dans les élections américaines de 2016 ont été l'un des exemples phares cités par les pays qui ont dénoncé les actes du GRU. Grande Bretagne L'histoire a commencé quand Londres s'est prononcée sur les cyber attaques des russes dans plusieurs pays. La Grande-Bretagne a sorti un rapport réalisé par son Centre national de sécurité informatique (NCSC) pour énumérer les actions « irresponsables » et « systématiques » du GRU. « Ils essaient de nuire et d'interférer dans les élections d'autres pays », a déclaré Jeremy Hunt, le ministre britannique des Affaires étrangères avant de partir de plus belle et de dire que « ce type de comportement démontre leur volonté d'agir sans respecter le droit international ou les normes établies, et ils le font avec un sentiment d'impunité », a-t-il ajouté. Menaçant la Russie, la Grande-Bretagne n'a pas mâché ses mots, « avec nos alliés, nous révélerons et répondrons aux tentatives du GRU de saper la stabilité internationale », a déclaré Blunt. Il faut dire que Londres ne gobe toujours pas l'empoisonnement de l'agent double Sergei Skripal et sa fille Ioulia à Salisbury le 4 mars dernier. Australie Pas touché directement par les cyberattaques, le pays a néanmoins prêté main forte à la Grande-Bretagne. « La communauté internationale – y compris la Russie – a convenu que le droit international et les normes en matière de comportement responsable des Etats sont applicables dans le cyberespace », a souligné le Premier ministre Scott Morrison qui a appelé à ne plus mener d' « activités malveillantes sur le cyber-espace ». Canada Pour Ottawa, la Russie est « fort probablement responsable » des cyber attaques ayant touché l'Agence mondiale antidopage (AMA) d'après le ministère des Affaires Etrangères, mais selon Londres pas de doute c'est bel et bien le GRU qui est derrière. Autre organe touché par le GRU au Canada, le Centre canadien pour l'éthique dans le sport a été piraté en 2016. Norvège La Norvège quant à elle, a prolongé de 15 jours la détention d'un russe dénommé Mikhail Bochkarev accusé d'espionnage. Arrêté à l'aéroport d'Oslo le 21 septembre dernier, il est soupçonné par les services de renseignements norvégiens (PST) d'être entré dans le réseau informatique du parlement norvégien. Pays Bas Le ministre de la Défense, Ank Bijleveld, a annoncé l'expulsion de quatre agents russes, impliqués dans la tentative de piratage de l'Organisation pour l'Interdiction des Armes chimiques (OIAC) basée à La Haye. Une organisation qui mène des enquêtes sur l'affaire de l'empoisonnement de l'agent Sergei Skripal et des attaques chimiques en Syrie. Les quatre hommes ont été arrêtés dans un véhicule suréquipé en matériel informatique non loin de l'OIAC. Lors des fouilles du matériel confisqué, l'ordinateur de l'un des agents était relié directement au Brésil, à la Suisse et à la Malaisie et contenait des données sur le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines en 2014 selon le ministre de la Défense. Etats-Unis Toujours dans le registre des arrestations, cette fois, ce sont les Etats-Unis qui ont fermé la marche en annonçant l'inculpation de sept agents du GRU dont les quatre expulsés des Pays-Bas. Ils sont poursuivis pour blanchiment d'argent, d'usurpation d'identité et d'utilisation de monnaie virtuelle. A noter aussi que trois des sept inculpés sont liés à l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l'ingérence russe dans les élections de 2016 qui ont fait de Donald Trump président des Etats-Unis. Washington a aussi annoncé la mise à disposition de l'Otan de son arsenal informatique de cyber défense pour lutter contre les attaques de la Russie. Enfin, la reine du jour, s'est prononcée sur les accusations des renseignements néerlandais. Pour Moscou ces informations sont le fruit d'un « acte de propagande » contre la Russie, rapporte le ministère des Affaires étrangères. « Nous avons répété à plusieurs reprises aux Pays-Bas, y compris par la voie diplomatique, que la campagne anti-russe d'espionnite aiguë lancée dans le pays porte atteinte aux relations bilatérales », a souligné un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Minimisant l'impact, Moscou ne s'est pas plus exprimée quant aux diverses révélations des autres pays, mais se réserve toutefois un droit de réponse qu'il faudra attendre de voir dans les jours à venir.