Le Bitcoin, monnaie immatérielle ou crypto-monnaie, qui permet à son détenteur d'acheter des biens et des services sur Internet ou dans la vie réelle, fait des ravages au Maroc en ce moment, si l'on s'en tient à la plateforme LocalBitcoins qui rapporte que le mois de février 2021 a été le meilleur de tous quant aux transactions en cette crypto-monnaie et ce bien qu'elles soient interdites dans le Royaume depuis 2017. A la différence des monnaies classiques, le Bitcoin, comme toutes les devises virtuelles, n'a pas de banque centrale ni aucun organisme central ou institutions financières pour le réguler, d'où son interdiction par BAM, le MEF et l'Office marocain des changes. « En novembre 2017, l'Office marocain des changes informait le grand public que les transactions en monnaie virtuelle constituaient une infraction à la réglementation des changes et étaient passibles de sanctions et d'amendes. Les régulateurs financiers continuent de considérer les crypto-monnaies avec scepticisme », regrette LocalBicoins. En effet, décembre de la même année, Abdelatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, affirmait que le Bitcoin n'est pas une monnaie, mais plutôt un actif « hautement spéculatif », qui nécessite d'être encadré par les instances internationales. Aussi, entre autres raisons invoquées par les Institutions en question pour le bannir, l'absence de régulation de l'activité, pas de protection règlementaire, pas de cadre juridique, la volatilité de ces monnaies ainsi que le non-respect des réglementations en vigueur, en particulier celles liés aux marchés des capitaux et à la législation des changes. Sur les faits et la réalité du terrain virtuel, tranquille le Bitcoin doit son bonhomme de chemin à travers la planète à un vaste réseau de gré-à-gré sur Internet. Il est en quelque sorte le fruit du mariage entre l'idée de réseau peer-to-peer (P2P) ou (de gré-à-gré), les techniques de cryptographie, et le concept de monnaie. Résultat : le Bitcoin, et dans son sillage les autres crypto-monnaies, sont peut-être en train de faire émerger un système financier d'un nouveau genre, un système monétaire alternatif complètement décentralisé, totalement libre. C'est un peu pour cela qu'il n'est pas apprécié à sa juste valeur par nos Institutions. Cela étant, foi du site spécialisé Coindesk, les Marocains sont de plus goulus de crypto-monnaies. La plateforme de trading de gré à gré LocalBitcoins affiche des niveaux de trading sans précédent cette année dans le Royaume et titre son annonce par « La crypto est interdite au Maroc, mais les achats de Bitcoin montent en flèche ». Février 2021, a été le « meilleur mois de l'histoire » de la plate-forme au Maroc en termes de volumes de négociation, selon Jukka Blomberg, directeur du marketing de LocalBitcoins, qui a déclaré qu'environ 900 000 dollars de bitcoin avaient été échangés sur la plate-forme tout au long du mois. En outre, LocalBitcoins a également enregistré une augmentation de 30% des inscriptions d'utilisateurs entre 2019 et 2020, avec plus de 700 nouveaux comptes créés, a déclaré Jukka Blomberg. Les achats de Bitcoins augmentent malgré l'interdiction des crypto-monnaies dans le Royaume. Pas toléré, le trading sur des plates-formes peer-to-peer telles que LocalBitcoins a quand même augmenté régulièrement au fil des ans. De novembre 2017 à février 2021, les volumes de trading sur la plateforme ont connu une forte augmentation de 215%. La course des prix bitcoin en 2020 a stimulé la demande de crypto-monnaie dans le monde entier. Au Maroc, une combinaison de curiosité et un désir d'autonomie financière pousse les Marocains à acheter de la crypto, selon Insaf Nori, responsable de la communauté Moyen-Orient de la société de crypto-monnaie Decred. « Certains commerçants veulent juste le gain rapide des crypto-monnaies. Certains d'entre eux veulent la liberté financière parce qu'ils n'utilisent pas de banques », a déclaré Nori, qui est basée à Casablanca, à CoinDesk. Et partant du principe que le Royaume est un pays sous-bancarisé (29% seulement des Marocains ont accès à des comptes bancaires contre une moyenne de 44% dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) selon la Banque mondiale, à Nori affirme, « que la liberté et la confidentialité inhérentes aux crypto-monnaies pourraient nourrir la curiosité locale du bitcoin ». Et d'étayer, « les Marocains ne pouvaient pas acheter de bitcoins ou d'autres crypto-monnaies via des échanges d'actifs numériques en utilisant leurs cartes de crédit. S'ils voulaient de la crypto, ils devaient l'acheter en Europe ou aux Etats-Unis. Les prêts entre particuliers ont facilité le cash pour le crypto trading. Les options de paiement sur LocalBitcoins indiquent l'utilisation de dépôts et de transferts en espèces pour effectuer des transactions Bitcoin, effectuées via des plateformes de médias sociaux telles que WhatsApp et Telegram. Et d'ajouter, « en avril 2020, l'échange mondial de crypto-monnaie Binance a ajouté un support pour l'achat de crypto avec le dirham, c'est un grand pas en avant et un signe que les régulateurs locaux pourraient légaliser les crypto-monnaies à l'avenir »