Le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Othman El Ferdaous, a annoncé la restitution de plus de 25.000 pièces archéologiques, qui ont été saisies en France en 2005 et 2006 au cours de trois contrôles douaniers, et qui seront mises à la disposition des étudiants, du monde académique et du grand public. S'exprimant lors de la cérémonie de présentation de la collection patrimoniale rapatriée au Maroc, le ministre a précisé que « toutes ces pièces archéologiques, patrimoniales et géologiques ont d'abord pour vocation d'être à la disposition des étudiants marocains, notamment ceux de l'Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine (INSAP), du monde académique, des chercheurs et du grand public ». « Ces collections n'auront de sens que lorsqu'elles seront appropriées par le public et exposées dans les musées marocains », poursuivi El Firdaous, notant que le Royaume, de par sa position géographique et la richesse de son patrimoine à la fois culturel, patrimonial et archéologique, est ciblé par un certain nombre d'organisations criminelles et de trafic illicite, qui sont la conséquence directe de la mondialisation, et qui cherchent à récupérer ces biens culturels pour en faire des vecteurs d'autres actes criminels, tels que le financement du terrorisme ou le blanchiment d'argent. Il a, par ailleurs, fait savoir que deux projets de loi relatifs notamment à la Fondation nationale des musées (FNM), sont en cours de discussion à la 2ème Chambre visant à renforcer les missions de cette institution en termes de création de nouveaux musées et de contrôle de l'appellation musée, outre l'octroi du label musée du Maroc, ainsi que de susciter la prise de conscience des jeunes vis-à-vis de la richesse du patrimoine archéologique marocain. Présente lors de cette cérémonie, l'ambassadrice de France à Rabat, Hélène Le Gal, a pour sa part indiqué que ces milliers de vestiges des temps les plus reculés ont regagné aujourd'hui enfin leur territoire, conformément aux engagements pris par la France et le Maroc dans le cadre de la Convention de Genève de l'UNESCO de 1970. « Cette restitution remarquable témoigne d'abord d'une volonté conjointe des autorités françaises et marocaines de lutter contre le trafic illicite des biens culturels, ce fléau qui prive les peuples d'un patrimoine auquel tous devraient avoir accès », a-t-elle dit. Photo Mounir Mehimdate La question de pillage archéologique constitue un phénomène mondial qui s'est accentué au cours de la dernière décennie, du fait notamment des conflits se déployant autour de la Méditerranée, de même qu'elle pénalise gravement la recherche scientifique en détruisant des gisements entiers qui auraient pu apporter des données essentielles sur l'histoire géologique et humaine de la région, a soutenu la diplomate. A noter que ce lot, très diversifié, a été divisé en quatre catégories sous forme de patrimoine géologique (minéraux, flore, faune fossile, trilobites, ammonites datées du crétacé de -145 à -66 millions d'années, crânes de crocodile et de tortue et des milliers de dents de poissons). La deuxième catégorie est composée d'objets archéologiques qui rassemblent des outils préhistoriques du paléolithique (première période des activités humaines datée au Maroc d'environ 1,2 million d'années), et du néolithique (à partir du 7è millénaire av J.C, comme les bifaces, les lames, les pointes de flèches et les gravures rupestres), la troisième comporte une collection ethnographique qui englobe essentiellement des récipients en poterie et des meules, alors que la quatrième catégorie comprend des œuvres artisanales confectionnées à partir de fossiles géologiques, notamment des ammonites et d'orthocères (- 470 et – 252 millions d'années), entre autres.