L'Italie attend beaucoup du nouveau Premier ministre Mario Draghi après une énième crise politique et une économie durement touchée par la pandémie du coronavirus. Surnommé « Super Mario », il aura la lourde mission de venir à la rescousse du pays et le sortir de la crise comme il l'avait fait pour l'Europe. Après sa prestation de serment samedi, Mario Draghi, 73 ans, sera attendu mercredi devant le Sénat et le lendemain devant la Chambre des députés pour le vote de confiance qui donnera la légitimité définitive à son gouvernement. Le président de la République Sergio Mattarella a porté son choix sur l'ex-président de la Banque centrale européenne (BCE), suite à l'éclatement de la coalition de l'ancien chef du gouvernement Giuseppe Conte qui, malgré sa démission, voulait une nouvelle chance de former un gouvernement. Mais face à une Italie en crise, le choix s'est rapidement porté sur une grosse pointure. Super Mario à la rescousse Mario Draghi avait pris la tête de la BCE en novembre 2011 après en avoir gravi les échelons au fil des années. En 2012, il fait face à une crise économique marquée par les dettes italiennes et grecques et c'est avec ces mots, « whatever it takes » (quoi qu'il en coûte, ndlr), qu'il a rassuré les marchés en assurant qu'il était prêt à tout pour sortir la zone euro de la dette. Et c'est cette même promesse que les Italiens attendent de « Super Mario » pour sortir la troisième plus importante économie de l'Union européenne de la crise économique provoquée par le coronavirus. Le pays qui fut le plus durement touché par la crise du coronavirus a subi un effondrement de son PIB, une récession de -9,2%, selon le Fonds Monétaire International (FMI), à cause de la crise qui a plombé son économie diversifiée et portée sur le commerce extérieur et le tourisme. Sergio Mattarella qui a porté son choix sur l'ancien chef de la BCE compte sur lui et son expertise pour remettre à flot l'économie du pays qui, selon les estimations de la Commission européenne, ne devrait retrouver un niveau d'avant pandémie qu'en 2023 malgré une légère embellie prévue en 2021. Selon le FMI, même si l'Italie peut gagner 3 points de croissance cette année, elle restera toujours loin des résultats attendus par les autres pays voisins, comme en France 5,5% et en Espagne 5,9%. L'Italie attend de l'ancien banquier non seulement d'orienter le pays vers un retour rapide à la vie normale en redonnant à l'économie italienne toutes ses lettres de noblesse, mais attend un véritable coup de maitre, pour booster cette économie à la traine et la faire fructifier, en jouant pleinement son rôle de « Super Mario ». Un exécutif éclectique Pour s'éloigner d'une nouvelle crise, Draghi s'est armé d'un nouvel exécutif composé de 23 ministres issus de tous les bords politiques. En effet, le Premier ministre a convié des technocrates et des personnes qualifiées au sein des partis qui lui ont tendu la main, créant ainsi un gouvernement d'union nationale comme l'avait souhaité l'ancien Premier ministre Sergio Berlusconi qui a réussi son pari de retourner au gouvernement. Ainsi, l'Exécutif très diversifié qu'il a composé comprend des ministres aussi bien de la gauche avec le Parti démocrate (PD, centre-gauche) que de l'extrême droite de Matteo Salvini avec La Ligue. Concernant les principaux ministères, Maroi Draghi a porté son choix sur Daniele Franco, 67 ans, pour le ministère de l'économie. Ce dernier est un proche de Premier ministre qui a fait ses armes à la Banque d'Italie, dont Draghi était gouverneur, jusqu'à en devenir le numéro deux début 2020. Pour le ministère du Développement économique, il l'a confié à Giancarlo Giorgetti, le bras droit de Matteo Salvini, tandis que l'Intérieur a été confié à une technocrate, Luciana Lamorgese, préfet de la capitale économique Milan. Luigi Di Maio, le chef de file du Mouvement 5 Etoiles conserve sa place au ministère des Affaires Etrangères, un poste qu'il occupe depuis septembre 2019. Et enfin, le ministère de la Justice a été confié à Marta Cartabia, première femme à présider la Cour constitutionnelle italienne. Professeure de droit constitutionnel, elle est aussi membre de la Commission de Venise. Si l'idée d'un gouvernement d'union nationale avec des compétences nationales pour « sauver le pays » semble prometteuse sur le papier, le jeu politique pourrait rapidement reprendre le dessus et les tensions auxquelles l'ancien Premier ministre Giuseppe Conte a eu à faire face, devraient refaire surface.