Le ministère algérien de la Défense a annoncé la nomination du général-Major Nour-Eddine Makri en tant que directeur général de la Documentation et de la Sécurité Extérieure (DDSE), dans un nouveau mouvement au sein de cette direction seulement 9 mois après la nomination du général-major Mohamed Bouzit, un proche conseiller d'Abdelmadjid Tebboune. Le général-major Mohamed Bouzit, qui venait d'être réinstallé à ce poste vient de le perdre encore une fois au moment où le président de la République n'est pas en Algérie car hospitalisé en Allemagne. En cause, des échecs cuisants dans ses missions, mais également un scandale de corruption. Cette nomination du général-major Makri est d'autant plus curieuse car elle se fait en l'absence d'Abdelmadjid Tebboune, qui est le Chef suprême des Forces armées, et le ministre de la Défense nationale en Algérie, et c'est normalement à lui qu'incombe la tâche de nommer les chefs de ces institutions, surtout celle des renseignements extérieurs. C'est le général de Corps d'Armée, Saïd Chanegriha, Chef d'Etat-major de l'Armée nationale populaire (ANP), qui a nominé et installé général-major Nour-Eddine Makri, dans les fonctions de Directeur général de la Documentation et de la Sécurité extérieure, a indiqué un communiqué du ministère algérien de la Défense nationale, cité par l'agence officielle algérienne APS. Cette nomination qui a été faite par Saïd Chanegriha s'est effectuée « au nom du Président de la République », indique la dépêche de l'agence officielle, ce qui n'est pas pour rappeler la période de la présidence Bouteflika atteint d'un sévère AVC qui l'a laissé inapte à exercer ses fonctions présidentielles, laissant son frère Said, le faire à sa place. Mais cette nomination en l'absence du chef de l'Etat ne rappelle pas seulement la période Bouteflika, elle rappelle également la période du prédécesseur de Saïd Chanegriha au poste de Chef d'Etat-major de l'Armée, à savoir Gaid Salah (mort subitement seulement quelques jours après l'entrée en fonctions du président Abdelmadjid Tebboune), qui était devenu le tout puissant commandeur de l'Algérie à un moment de vide politique doublé d'une grogne sociale monstre, celle du Hirak qui a ébranlé le leadership visible du pays. « Au nom de monsieur le Président de la République, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale et conformément au décret présidentiel du 10 janvier 2021, j'installe officiellement le général-Major Nour-Eddine Makri, dans les fonctions de Directeur général de la Documentation et de la Sécurité extérieure, en remplacement du général-Major Mohamed Bouzit », a déclaré le général de Corps d'Armée, Saïd Chanegriha, sans commenter les raisons de l'éviction du général-major Mohamed Bouzit dit Youcef. Il s'agit du 3ème changement dans la hiérarchie du pouvoir algérien en deux semaines, ce qui reflète une situation de tensions et d'ambiguïté entourant le sort et la marge de pouvoir du président en place, surtout que celui qui a été évincé n'est pas n'importe qui, c'est un proche de Tebboune et un général très respecté pour son expertise dans le domaine du terrorisme et sa solide connaissance de la Libye et du Sahel. Mohamed Bouzit, 68 ans, occupait le poste de directeur général de la Documentation et de la Sécurité Extérieure (DDSE) une branche des services de renseignements et d'intelligence, depuis septembre 2013 avant d'en être écarté en mars 2019 sur ordre de Saïd Bouteflika. Un an après son éviction, cet homme qui est considéré comme l'un des plus puissants d'Algérie, a repris ses quartiers au sein de la même division en avril 2020 sous ordre du président Abdelmadjid Tebboune. Sahara, Guerguarat, Mali… Mais, face aux derniers échecs de l'Algérie sur des dossiers qu'elle considère depuis peu comme essentiels (depuis la présidence Tebboune), à savoir la dossier libyen et malien, il semblerait, selon des sources ayant requis l'anonymat, que Mohamed Bouzit, aurait été écarté pour ne pas avoir été en mesure de collecter des informations en amont sur le coup d'Etat au Mali, le dossier du Sahara avec la reconnaissance des Etats-Unis qui a laissé Alger silencieuse pendant plusieurs jours en plus de la crise d'El Gueguerat qui s'est soldée par un échec pour l'Algérie, et enfin le dossier libyen où l'Algérie a été mise sur le banc de touche. Sur le dossier malien par exemple, le président Abdemadjid Tebboune était sorti de ses gonds le 10 octobre dans un discours prononcé devant les galonnés militaires. «L'Algérie est le seul pays au monde qui connait parfaitement le Mali. Lorsque personne ne connaissait le Mali, l'Algérie y était présente (...) non pas dans le cadre de plans expansionniste ou idéologique», a-t-il dit faisant référence au Maroc qu'Alger accuse d'être un pays historiquement « expansionniste ». «Et maintenant des parties qui n'ont même pas de frontières avec le Mali manœuvrent et conspirent» dans ce pays, a-t-il ajouté faisant toujours référence au Maroc. Mohamed Bouzit n'aurait pas seulement fait des erreurs de calcul stratégique dans l'environnement proche de l'Algérie, il se serait embourbé dans un scandale de corruption au Niger, rapporte le site algérien d'information Algérie Part. Pétrodollars, corruption et scandale En effet, selon la même source, le général se serait ingéré dans la future élection présidentielle au Niger qui doit connaitre son deuxième tour en février. Le général algérien a misé sur le candidat du pouvoir Mohamed Bazoum, le préférant à l'ancien président Mahamane Ousmane, arrivé deuxième. Deux millions de pétrodollars algériens en petites coupures ont été envoyés à bord d'un avion militaire algérien le 25 décembre, pour corrompre le candidat à l'élection présidentielle, indique le site d'information qui explique la nature du deal. « Un financement de deux millions de dollars en contrepartie d'un futur alignement diplomatique sur les positions de l'Algérie dans le dossier du Sahara et de la Libye », à savoir, un point d'une importance capitale pour Alger, faire inviter officiellement Brahim Ghali, le représentant de l'entité séparatiste rasd lors de la cérémonie d'investiture du futur président de la République du Niger, dans le cas où Bazoum remporterait l'élection. Le site indique que Mohamed Bazoum a été contacté au cours du mois de décembre 2020 par des émissaires du patron du renseignement extérieur algérien, « mais au Niger, l'implication de l'Algérie a suscité une énorme polémique et plusieurs diplomates étrangers notamment occidentaux ont eu vent des dessous de cette opération secrète du renseignement extérieur algérien ».