L'ambassadeur représentant permanent du Maroc à l'ONU, Omar Hilale, est revenu sur le rôle du Judaïsme dans l'histoire du Maroc, la coexistence naturelle entre musulmans et juifs marocains, mais également l'évolution récente des relations entre le Maroc et Israël. Pour le diplomate, ce nouvel élan donné aux relations maroco-israéliennes, en particulier la visite en décembre dernier d'une délégation américaine et israélienne au Maroc et la décision de rouvrir des bureaux de liaisons dans le Royaume et en Israël, «démontre que cette nouvelle dynamique ne devrait nullement être qualifiée de +normalisation+, mais plutôt de reconnexion ». S'exprimant lors d'une interview virtuelle sous le thème « Israel and Morocco Reconnect », organisée et animée par le Rabbin Arthur Schneier de la synagogue Park East de New York, Hilale a rappelé qu' »aujourd'hui, la grande majorité des juifs marocains vivent en Israël, où ils constituent la deuxième plus grande communauté juive, avec une population d'environ un million », active dans des domaines aussi divers que la télévision, le théâtre, la littérature, la chanson, la poésie et le cinéma, au moment même où un tiers des membres du gouvernement israélien sont d'origine marocaine. « Nous sommes fiers d'avoir une telle communauté juive marocaine qui est restée fidèle et attachée au Maroc et à ses Rois au fil des années », a-t-il dit, rappelant à ce propos une parole, aussi sage que célèbre, de feu Hassan II qui avait dit que « lorsqu'un juif (marocain) émigre, le Maroc perd un citoyen, mais il gagne un ambassadeur ». Pour ce qui est de cette reconnexion, comme il la qualifie, Omar Hilale a estimé que la réouverture des bureaux de liaison diplomatique constitue une opportunité de consolider une relation diplomatique qui existe depuis de nombreuses années, et marque une vision globale de bâtir une coopération économique bilatérale dynamique et innovante dans les domaines du commerce, de la finance, des technologie de l'information, de l'aviation civile, du tourisme, de l'eau et de l'agriculture, de la sécurité alimentaire, de l'énergie, du sport et bien d'autres domaines. Les juifs marocains Revenant sur la coexistence entre musulmans et juifs qui a toujours marqué la société marocaine, le diplomate a mis en avant la vocation distinctive du Royaume en tant que terre de brassage des religions, des cultures, et des peuples, à la faveur d'une vision royale portant sur la préservation de l'héritage et le patrimoine culturel juifs du Maroc et la coexistence naturelle entre musulmans et juifs marocains. Pour lui, « cette histoire exceptionnelle de cohabitation est la raison pour laquelle le Maroc abrite la plus grande communauté juive du monde musulman. Elle montre, ainsi, comment les musulmans et les juifs marocains jouissaient d'une paix naturelle, une coexistence harmonieuse qui est historiquement ancrée dans l'ADN et l'identité collective marocaine ». Le Roi Mohammed VI , a-t-il poursuivi, a insisté à plusieurs reprises sur la nécessité de condamner l'antisémitisme, d'inculquer les valeurs de tolérance et de coexistence religieuse au sein de la société marocaine et de tirer les leçons de l'Holocauste, tout en soulignant le rôle central de l'éducation en tant que « socle de l'âme des Marocains. Il a évoqué à ce propos, les différentes initiatives et mesures initiées par le Roi pour la préservation de l'héritage et de l'identité judaïque du Maroc, tel la réhabilitation des cimetières, quartiers, et synagogues juifs au Maroc, ou encore l'inauguration de « Bayt Dakira » et la réforme du cursus éducatif pour y inclure l'enseignement de la culture et de l'histoire juives du Maroc. Le préambule de la Constitution marocaine de 2011 reconnait le rôle du judaïsme dans l'histoire du Royaume et atteste que la composante hébraïque fait partie des affluents de l'identité nationale, a-t-il rappelé.