Aucun pays d'Afrique excepté l'archipel des Seychelles, n'a commencé à vacciner sa population nous dit l'OMS. C'est que pour ce faire, l'Afrique cherche désespérément les précieuses doses. En vain, du moins pour l'heure pour l'heure car elles se font désespérément attendre et les choses ne vont pas se débloquer avant le printemps, au mieux. « L'Afrique connaît une seconde vague plus importante que la première qui avait eu son pic en juillet », a prévenu hier jeudi lors d'une conférence de presse en ligne, la Dr Matshidiso Moeti, directrice de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en Afrique. Pour vacciner sa population, l'Afrique comptait sur COVAX, l'initiative mondiale visant à assurer l'accès rapide et équitable à 190 pays aux vaccins contre la COVID-19 (COVAX a conclu des accords pour accéder à près de deux milliards de doses de plusieurs vaccins candidats prometteurs). Mais pour l'heure l'Union africaine (UA) n'a obtenu que 270 millions de doses provisoires de vaccins Covid-19 pour les distribuer sur le continent. Ces doses s'ajoutent aux 600 millions de doses déjà promises mais ne suffisent toujours pas pour vacciner l'ensemble de la région. Aussi, il est à craindre que les pays les peuples des pays plus pauvres du monde aient à attendre beaucoup plus longtemps que les riches pour être vaccinés. Mais ce dispositif, ne sera pas en mesure d'assurer les premières livraisons en Afrique avant le mois de mars, ajoute la Dr Matshidiso Moeti. Le continent africain devrait recevoir 600 millions de doses à partir de cette date, permettant de vacciner 20% de la population africaine d'ici à la fin de l'année 2021. Ce sera loin de garantir une immunité collective atteinte à partir de 60% de la population vaccinée. De toute façon ce qui a été promis par COVAX est insuffisant aux yeux de l'UA. La première tranche de 50 millions de doses sur les 270 millions est attendue en Afrique entre avril et juin. Elles proviendront de trois sources: les firmes pharmaceutiques américaines Pfizer, Johnson&Johnson et le laboratoire britannique AstraZeneca. C'est une institution financière multilatérale africaine, l'Afreximbank, qui avancera les 2 milliards de dollars nécessaires. En première ligne, l'Afrique du Sud qui préside à l'UA et qui s'est arrangée pour être l'une des premières servies par cette nouvelle initiative. Le gouvernement de Pretoria est très critiqué, car la vaccination n'y a toujours pas commencé. D'autant que la pandémie reprend de la vigueur à cause d'une mutation du virus, qui serait plus contagieuse. Le variant sud-africain a été détecté en Zambie et au Botswana mais également plus au nord du continent en Gambie. Il s'est sans doute déjà répandu ailleurs en Afrique, où rares sont les pays à avoir les capacités de détecter cette mutation. Des examens sont en cours au Nigeria sur un possible autre nouveau variant. Selon l'OMS, 42 pays ont commencé des campagnes de vaccination dans le monde: les pays occidentaux, la Russie, la Chine ou les pays du Golfe. Ces Etats « continuent de conclure des accords bilatéraux» directement auprès des fournisseurs, dénonçait le Dr Tedros il y a une semaine, et pourraient accumuler les stocks inutilisés. « Cela risque d'augmenter les prix pour tout le monde et de priver de vaccins, les personnes les plus à risques dans les pays pauvres », mettait en garde le directeur de l'OMS. En attendant les livraisons promises par l'OMS et l'Union africaine, les pays africains parent au plus pressé et en ordre dispersé. Les Seychelles ont commencé leur campagne de vaccination grâce au vaccin chinois, même si celui-ci a une efficacité moindre que ses concurrents occidentaux. Le Maroc et l'Egypte ont déjà passé commande de millions de doses auprès de la Chine, qui après avoir fourni des masques à l'Afrique est prête à lui vendre son vaccin. Le Sénégal est aussi en discussion avec Pékin. L'Algérie ou la Guinée misent, elles, sur le vaccin russe, malgré les doutes sur le produit. Mais ces vaccins ont l'avantage d'être plus faciles d'utilisation, puisqu'ils ne nécessitent pas d'être conservés à très basse température. D'autres pays du continent ont pris contact avec l'Inde. Malgré les craintes, l'Afrique a jusqu'ici été épargnée par le Covid-19. Elle a enregistré 3,1 millions de cas de Covid-19 (3,5% du total mondial) et environ 75 000 morts (2,4% des pertes globales). Mais l'ampleur de la pandémie est sans doute sous-estimée, vu le peu de tests réalisés. Les contaminations sont reparties à la hausse ces derniers jours.