Le divorce entre Londres et l'Union Européenne a été acté hier avec l'entrée de la nouvelle année, aux onze et douze coups de Big Ben, l'horloge de Westminster était exceptionnellement de service (travaux) par deux fois, à 23h et minuit comme pour sonner à deux fois le glas de 47 ans de relations communes. Une victoire incontestable pour le Premier ministre de Grande Bretagne qui fut le leader pro-Brexit lors de la campagne de 2016. « C'est un moment incroyable pour ce pays, nous avons notre liberté entre nos mains et c'est à nous d'en tirer le meilleur » a-t-il déclaré au soir du nouvel an. Pour autant, bien de nouvelles règles et barrières vont régir désormais ce divorce à « l'amiable » conclu in extrémis la veille de Noël. Des changements qui devront concerner notamment, le commerce, le tourisme et l'immigration. Sans entrer dans la myriade de détails de l'accord de libre-échange, l'essentiel des 1200 pages de l'accord, tient à préserver un commerce simplifié entre les deux parties. Dans les grandes lignes, la fin de la libre circulation des biens et des services aura des répercussions profondes, mais moins sévères que n'auraient été celles d'un « No Deal » Brexit. Et si le principe d'un commerce sans taxes et sans quotas est au cœur du traité, ces échanges ne se feront plus sans friction. Les contrôles douaniers vont ainsi faire leurs retours aux frontières, dans les deux sens, tant pour vérifier les biens entrant au Royaume-Uni que la conformité de ce que le pays exportera vers l'UE.Nombre de services sont aussi affectés par le Brexit, comme les services bancaires et financiers, qui ne bénéficieront plus du « Passeport Européen des Services Financiers » qui permettait jusque-là aux entreprises du secteur d'opérer dans tous les pays de l'UE. Pour ce qui est de la libre circulation des personnes, sauf mauvaise surprise, comme le contexte de la mise en cloche comme pour la pandémie Covid-19 par exemple, les voyages touristiques à destination du Royaume-Uni pourront continuer sans difficultés. Les ressortissants de l'Union européenne, n'auront pas besoin d'un visa pour les voyages touristiques de courte durée, soit ceux inférieurs à trois mois, au-delà, le sésame est obligatoire. De même, les personnes effectuant des voyages d'affaires de courte durée seront également exemptées de visa. Concernant cette fois les ressortissants britanniques entrant en Europe, ils devront être en mesure de justifier leur séjour. Enfin, les compagnies aériennes britanniques dont certaines des low-cost ne feront plus parti du « ciel unique » européen et n'auront donc plus le droit au 1er janvier d'opérer de vols intra-UE, ou y faisant une escale commerciale. Easyjet par exemple ne pourrait plus opérer un vol Paris-Barcelone, tandis que British Airways ne pourrait plus vendre un Londres-Amsterdam-Tokyo. Ces restrictions touchent en fait toutes les compagnies dont le capital n'est pas détenu par des Européens. Aller travailler à Londres, Manchester, Liverpool ou ailleurs en Grande Bretagne ne sera plus un droit acquis, pour les citoyens européens. Dès aujourd'hui, le Royaume-Uni exigera pour cela un visa de travail, qui lui, sera attribué au travers d'un système de points, sur un modèle calqué de pays comme le Canada ou l'Australie. Seront privilégiés les emplois les plus qualifiés, mais aussi tous ceux pour lesquels le Royaume-Uni manque de candidats. Pour ce qui est d'étudier, BoJo l'a annoncé hier la Grande-Bretagne se retire du programme européen. Désormais, au-delà de six mois d'études outre-Manche, il faudra obligatoirement détenir un visa étudiant. Surtout, le prix des études devrait terriblement augmenter, là où Erasmus organisait des frais de scolarité très bon marché pour les étudiants étrangers. Des changements qui concernent dès ce premier jour de la nouvelle année près de 150 000 étudiants européens résidant au Royaume-Uni.