Une hausse des températures de 2 à 3°C est attendue dans le Royaume dans les prochaines années (projection pour l'année 2050). Sur un siècle, la hausse pourrait atteindre 3 à 5°C. Pour les précipitations, les modèles de prévision sur un demi-siècle donnent des résultats qui font état d'une baisse d'un quart du cumul pluviométrique annuel au Maroc. C'est en tous cas ce que dit le rapport officiel de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) dans son dernier «Policy brief» intitulé : « Le Maroc à l'épreuve du changement climatique : situation, impacts et politiques de réponse dans les secteurs de l'eau et de l'agriculture », d'une étude conjointe du Ministère de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l'Administration, du Ministère de l'Equipement, du Transport, de la Logistique et de l'Eau Direction de la Recherche et de la Planification de l'Eau, de la Direction générale de la météorologie régionale, l'Agence française de développement (AFD) et l'Initiative pour l'adaptation de l'agriculture africaine (AAA). Le document trace la menace du changement climatique et son impact sur la sécurité alimentaire au Maroc à travers la dégradation des terres, qui exacerbe les carences dans la production agricole. Le rapport souligne en outre qu'il existe plusieurs facteurs qui contribuent à exacerber les effets du changement climatique sur les ressources en eau, en particulier la croissance démographique et la détérioration de la qualité de l'eau en raison du gaspillage des rassemblements urbains et industriels, et du retard accumulé dans le domaine de l'assainissement. Les données du rapport confirment que le Maroc est situé dans l'une des régions du monde témoin des manifestations les plus sévères du changement climatique, ce qui l'expose pleinement aux effets de ce phénomène, notamment dans les secteurs de l'eau et de l'agriculture. Afin d'améliorer la résilience des secteurs de l'eau et de l'agriculture face au changement climatique, le Maroc a adopté des projets sectoriels structurels dans un contexte d'adaptation à des conditions climatiques difficiles, en constante augmentation. Dans ce contexte, le Maroc dispose de la Stratégie nationale de l'eau ( 2009- 2030) et du plan « Maroc vert » à travers le volet économie de l'eau et développement de l'agriculture solidaire, efforts que l'Etat entend soutenir dans le cadre de la nouvelle stratégie agricole « Génération verte 2020 2030 », et du programme national d'approvisionnement avec de l'eau d'infusion et de l'eau d'arrosage ( 2020- 2027). Des températures élevées et moins de précipitations Au cours des dernières décennies, le changement climatique au Maroc a augmenté les températures, en plus d'enregistrer une tendance à la baisse du taux annuel de précipitations cumulées. A l'échelle mondiale, la planète a enregistré une augmentation de température moyenne d'environ 1 degré Celsius en cent ans, et l'augmentation a été particulièrement évidente au cours des 50 dernières années, avec une augmentation d'environ 0,7 degré Celsius en moyenne tous les dix ans. Depuis le début du XXe siècle, le Maroc a connu une augmentation de la température annuelle moyenne d'environ 1,5 degré Celsius. Cette hausse a été observée sur l'ensemble du territoire national. Au cours des trois dernières décennies, le Maroc a enregistré une hausse de 0,42 degré Celsius en dix ans en moyenne, un taux qui dépasse la moyenne enregistrée sur tous les continents fixée à 0,28 degré Celsius tous les dix ans. A l'horizon 2050, la température au Maroc connaîtra une augmentation annuelle selon deux scénarios, le premier d'environ 1,5 degré et le second de 2 degrés. Selon les données du rapport, entre 1960 et 2018 , le Maroc a connu une baisse significative du taux cumulé de précipitations, d'environ moins 20% en moyenne annuelle. Ceci a été principalement observé en saison hivernale, à un taux d'environ – 24% entre décembre et février, contre – 14% entre octobre et mars. Perspectives inquiétantes Les conclusions du rapport confirment que le rythme du réchauffement au Maroc est aujourd'hui plus sévère que la moyenne mondiale et qu'il s'accompagne d'une diminution significative du taux cumulé des précipitations au cours des quarante dernières années. De multiples projections faites dans ce rapport, utilisant des modèles climatiques mondiaux ou régionaux, montrent qu'il y a une augmentation attendue du réchauffement et moins d'accumulation de précipitations. En conséquence de ce qui précède, le Maroc est exposé à des sécheresses plus sévères et fréquentes, de sorte que la sécheresse sera plus sévère avec la montée du réchauffement climatique, qui aura des conséquences désastreuses sur les ressources en eau du pays, et affectera ainsi le secteur agricole. Face au phénomène de changement climatique, qui s'intensifiera avec le déficit hydrique attendu d'ici 2050, le Maroc devra renforcer et orienter les politiques d'adaptation adoptées à ce jour vers la sécurité de l'eau. Compte tenu du caractère stratégique de la gestion des ressources en eau pour le développement social et économique du Maroc, il reste important, selon le rapport, de mener des études approfondies pour éclairer les interactions sectorielles et territoriales des secteurs dépendants de l'eau afin de mieux comprendre les effets à moyen et long terme du changement climatique sur l'économie nationale. Le rapport insiste sur la nécessité de coordonner les stratégies sectorielles avec le développement futur des ressources en eau, afin que le pays soit mieux préparé à concevoir des politiques proactives pour réduire le déficit hydrique à l'avenir. Les actions à entreprendre pour faire face au changement climatique peuvent générer des investissements importants en combinant la mobilisation des ressources en eau non conventionnelles avec les énergies renouvelables dans le but de mettre en place des politiques durables.