Le 17 décembre 2010, marquait un tournant dans la vie politique et sociale en Tunisie. Ce jour-là Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant s'est immolé par le feu à Sidi Bouzid. Son geste désespéré avait lancé ce qui a été appelé plus tard, le printemps arabe. N'en pouvant plus des pressions des policiers qui le chassaient et lui confisquaient sa marchandise, le jeune marchand ambulant de 26 ans a mis fin à ses jours en pleine place publique. Sa mort a choqué dans le pays du Jasmin et provoqué une colère qui s'est répandue comme une trainée de poudre, jusqu'à toucher la Syrie, l'Egypte, la Libye. Cette immolation du jeune Bouazizi il y a dix ans, a été l'élément déclencheur de la Révolution du Jasmin, et cette ville de Sidi Bouzid, est devenue le noyau de la révolution qui a mis fin aux fonctions du président Zine El Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011, lui qui régnait en maitre dans le pays et dont la famille se pavanait et étalait sa richesse devant un pays en galère. Bilan des manifestations dans le pays, pas moins de 300 morts, et l'espoir d'un vie meilleure. A l'époque, les Tunisiens n'avaient plus d'aspirations mais étaient convaincus que leur situation ne pouvait pas être pire. C'est ce désespoir qui les a poussés à manifester pour la démocratie, et un pouvoir qui reviendrait enfin au peuple. Après l'euphorie des premiers jours et l'espoir d'un avenir meilleur sous les mêmes cieux, les Tunisiens aujourd'hui ne voient pas leur situation s'améliorer. Dix ans après, le bilan est maussade, le pays va mal. Pas d'amélioration du niveau de vie de la population, pas d'amélioration au niveau des libertés de ce pays dit « laïc », sont les principaux constats. En effet, alors que les Tunisiens ont surtout milité pour de meilleures conditions de vie et plus de dignité, la situation économique du pays ne plait pas. Les politiques sont accusés de mauvaise gestion, et le peuple déplore le recours à des dons étrangers de pays voisins comme l'Algérie. Au niveau politique, le pays a connu une série de crises entre les principaux partis et ont fait face au décès de leur premier président élu démocratiquement alors qu'il était toujours en exercice. L'écroulement du parti présidentiel Nidae Tounes a profité aux islamistes d'Ennahda dont le chef de file, Rached Ghannouchi, a pris indirectement le contrôle du pays minant toutes les initiatives. Les dernières élections ont été émaillées de scandales comme l'incarcération de Nabil Karoui, l'un des deux principaux candidats à la présidentielle, une première. Magnat des médias, cette personnalité publique avait conquis le cœur de la population par ses nombreuses actions caritatives retransmises à la télévision. L'élection d'un universitaire, Kais Saied avait fait renaître le scénario d'une meilleures Tunisie, gérée par des personnes intègres. Avec ses valeurs et son sens de la justice, le deuxième président élu de Tunisie, nourrissait de grands espoirs de renouveau dans le pays, mais face à ses relations houleuses avec certaines personnes clé au pouvoir, son action a été quelque peu entachée et ralentie. Alors qu'il vient de boucler une année en tant que président, le bilan de Kais Saied ne satisfait pas les attentes des Tunisiens qui attendent plus que des discours.