Ouverture des hôtels, cafés et restaurants, multiplication des liaisons aériennes… Revigoré par le ralentissement de l'épidémie de coronavirus et la perspective d'un vaccin, le Maroc se prépare à accueillir les touristes pour des vacances au parfum inédit. Même si l'état d'urgence sanitaire a été prorogé jusqu'au 10 janvier et que des restrictions pèsent encore sur certaines villes, le Maroc peaufine son décor de carte postale pour accueillir les touristes pour les fêtes de fin d'année, comptant sur les réservations de dernière minute pour confirmer un intérêt déjà manifeste. Si les frontières restent théoriquement fermées, le Maroc autorise les voyageurs à entrer à condition de produire un test PCR négatif de moins de 72 heures (sauf enfants de moins de 11 ans) et une réservation confirmée d'établissement hôtelier et touristique classé, y compris riads. Les voyageurs doivent également se munir d'une fiche d'information sanitaire exigée à l'arrivée. Au retour, adultes et enfants de plus de 11 ans sont tenus de fournir les résultats d'un test PCR de moins de 72 heures (sous peine d'un refus d'embarquer), une attestation de déplacement international dérogatoire et une déclaration sur l'honneur. Les tests sont pratiqués par des laboratoires privés qui fournissent les résultats en 24 à 48 heures et peuvent se déplacer dans les hôtels de certaines villes. Agadir, Essaouira et Marrakech, des situations contrastées Alors que le nombre de contaminations hebdomadaires est en constante baisse depuis trois semaines et que le Maroc se prépare à entamer une campagne de vaccination, la pression sanitaire reste élevée. Les mesures générales – port du masque sous peine d'une amende d'environ 300 dirhams, distanciation physique et protocoles stricts dans les lieux publics – restent en vigueur partout mais certaines villes comme Casablanca ou Agadir font l'objet de mesures plus restrictives : couvre-feu de 21 heures à 6 heures, fermeture des marchés à 15 heures, des restaurants et cafés à 20 heures. À Agadir notamment, la prorogation de la fermeture des plages pour deux semaines a été annoncée le 5 décembre, entraînant une cascade d'annulations dans les hôtels accueillant des surfeurs. Alors que 65% du parc est opérationnel, les professionnels s'attendent cependant à une levée des restrictions à partir du 19 décembre si la situation sanitaire s'améliore, et la ville se prépare pour les fêtes de fin d'année. À Marrakech comme à Essaouira, les contraintes sont plus légères. Discothèques et casinos de la ville ocre gardent porte close, mais les cafés et restaurants peuvent rester ouverts jusqu'à 23 heures. Les golfs sont accessibles de même que les spas (sauf les hammams pour la plupart). La vie reprend donc son cours quasi normal. La plupart des restaurants ont rouvert dans la cité ocre, notamment dans le quartier de l'Hivernage, fief de la vie nocturne. Tout comme les lieux culturels, jardin Majorelle, musée Yves Saint Laurent Marrakech (mYSLm) et galeries d'art. L'on voit même fleurir de nouvelles adresses, boutiques ou cafés design. Les transports entre les villes, soumis à autorisation, sont également facilités pour peu que l'on passe par la conciergerie de son hôtel ou le bureau d'excursions. « Pour un touriste, c'est comme d'habitude mais avec le luxe de se sentir en basse saison» Les médinas, en revanche, loin de leur effervescence habituelle, jouent encore les belles au bois dormant, comme à Marrakech, où riads, boutiques et cafés rouvrent avec parcimonie. Mais si certains monuments phares, tombeaux Saadiens, palais de La Bahia ou madrasa Ben Youssef manquent à l'appel, d'autres pépites prennent le relais, comme le Jardin secret, la maison de la Photographie ou le musée des Confluences Dar El Bacha. L'occasion de profiter en toute quiétude de lieux moins fréquentés. À Essaouira où les ruelles ont repris des couleurs tout comme l'océan, haut lieu du kite-surf, « pour un touriste, c'est comme d'habitude mais avec le luxe de se sentir en basse saison » note ainsi Grégoire Aubron, directeur associé du Jardin des Douars. Les hôtels dans les starting blocks Côté hôtelier, la première vague de réouvertures se confirme : quelque 70 établissements à Essaouira et plus d'une centaine à Marrakech se préparent à héberger les voyageurs, avec d'alléchants packages, y compris dans les environs. Dans le désert d'Agafay, à 30 minutes de la ville ocre, une petite dizaine de camps promettent ainsi déconnexion totale et retour aux grands espaces. Dans le sillage de La Mamounia, qui affiche complet pour la semaine du 27 décembre, les hôteliers constatent «un vrai engouement pour la destination» résume Fabrice Castellorizios, General manager du Radisson Blue. Et ceux qui n'ont pas encore rempli leur planning comptent sur les réservations de dernière minute à la faveur du renforcement des vols. Des liaisons aériennes plus fréquentes Royal Air Maroc, qui vient de lancer une assurance dédiée au Covid-19, va significativement intensifier son programme à compter du 15 décembre dans le cadre d'une relance en partenariat avec l'Office National Marocain du tourisme (ONMT), notamment sur les liaisons vers Marrakech au départ de Paris, Lyon, Marseille et Bordeaux et Agadir au départ de Lyon. La compagnie s'apprête aussi à ouvrir un vol direct Paris/Dakhla. Air France augmente fortement son offre au vu du dynamisme de la demande, avec plus d'une trentaine de vols hebdomadaires en décembre au départ de Paris CDG pour Casablanca, Rabat et Marrakech. De son côté Transavia monte en puissance avec pas moins de 16 routes opérées vers le Maroc entre le 14 décembre et le 4 janvier, depuis Paris-Orly, Nantes, Lyon et Montpellier (nouveau, avec un vol vers Marrakech). La filiale d'Air France-KLM en profite aussi pour relancer des vols vers Fès, Tanger, Ouarzazate, la porte du sud et sa liaison Paris-Orly/Essaouira. Ryanair, Air Arabia et TUIfly desservent également le Maroc au départ de la France. Reste une inconnue : le déroulement des festivités pour le réveillon du 24 décembre et surtout la soirée du 31 décembre. Les professionnels du tourisme espèrent obtenir une dérogation pour élargir les horaires au-delà de 23 heures et prévoir une animation musicale. Réponse dans le courant du mois pour savoir si l'on pourra finir l'année en fanfare. À Inara camp dans le désert d'Agafay, musique ou pas, on brûlera 2020 dans un grand feu de camp sous les étoiles, façon Burning Man, histoire de débuter 2021 sous le signe du renouveau.