L'Algérie veut assurer la présidence du Parlement panafricain (PAP) sans être élue, ce qui constitue une faute grave, a affirmé, jeudi, le président du PAP, Roger Nkodo Dang. Le 3ème vice-président algérien du PAP, Jamal Bouras, qui assure l'intérim du président, sans rotation, « est en train de violer le règlement intérieur du Parlement panafricain » et « veut s'autoproclamer président du PAP sans passer par les élections », a souligné Nkodo Dang dans une interview à MAP-Johannesburg. Le président, Roger Nkodo Dang, bloqué au Cameroun, a souligné que toutes les décisions et déclarations prises dans ce contexte ou actions en dehors de ce qui est prévu par les textes en vigueur, ne peut être considéré comme reflétant la position du PAP ou de ses organes légitimes. Le Parlement n'a pas tenu une seule session, ce qui est contraire à la disposition de l'article 28, alinéa 1, qui stipule que le PAP tient au moins deux sessions ordinaire s pendant une période de douze mois, a précisé M. Nkodo Dang, appelant les ministres des affaires étrangères de l'UA à intervenir immédiatement. Le président du PAP a récemment adressé une lettre aux ministres des affaires étrangères de l'Union africaine pour attirer leur attention sur les manœuvres de l'Algérien Bouras, contre les intérêts du Royaume du Maroc, soulignant que « ses dérives autoritaires ont engendré une grave crise institutionnelle, fonctionnelle au sein du Parlement Panafricain ». « Ce que M. Bouras est en train de faire n'est pas conforme au règlement intérieur du PAP », a insisté Dang, précisant qu'en tant que président par intérim, son rôle se limite à la gestion des affaires courantes. « Lui, qui n'a jamais été élu, engage des finances et prend des positions au nom du parlement panafricain », a-t-il déploré, rappelant que sur 224 votants, Bouras n'a eu que 93 voix, ce qui ne représente même pas la majorité relative. D'ailleurs, a-t-il dit, même le président du PAP n'a pas le droit de prendre de décisions car le régalement intérieur de cette institution stipule que les décisions importantes soient prises en plénière. Actuellement, le PAP ne dispose pas de Bureau, a-t-il fait savoir, mettant l'accent sur la nécessité d'organiser des élections afin de remédier au vide organisationnel que vit actuellement cette institution. Bouras, qui a excédé la période de l'intérim limitée à trois mois, ne veut pas organiser de plénière « parce qu'il ne peut pas gagner une élection au PAP », a-t-il relevé, signalant que « dans un Parlement c'est la démocratie qui parle ». Le mandat du président du PAP, Roger Nkodo Dang, élu le 10 mai 2018 pour une période de trois ans à la tête du PAP, a été momentanément suspendu à cause des élections législatives, tenues dans son pays, le Cameroun, en février dernier. Il devait reprendre ses fonctions pendant la session de mai. Le Parlement panafricain, dont le siège se trouve à Midrand, en Afrique du Sud, a été créé afin d'assurer la pleine participation des peuples africains au développement économique et à l'intégration du continent. Il sert de plateforme aux citoyens de tous les peuples africains afin qu'ils soient impliqués dans les débats et prises de décisions concernant les problèmes et les défis auxquels le continent est confronté. Plutôt que d'être élus directement par le peuple, les membres du PAP sont désignés par les parlements nationaux des Etats membres et doivent être membres de leurs parlements nationaux. Pour le moment, le PAP exerce un pouvoir consultatif et de supervision budgétaire au sein de l'UA.