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Le sociolinguistique Saïd Bennis dresse le topo de la citoyenneté participative au Maroc
Publié dans Hespress le 01 - 11 - 2020

La citoyenneté est le fait pour un individu, famille ou groupe, d'être reconnu officiellement comme citoyen, c'est-à-dire membre d'une ville ayant le statut de cité, mais au-delà de la métropole on attache plus ce statut au pays, on est citoyen d'un Etat. Cependant, la citoyenneté se caractérise par son concept polysémique en fonction de l'espace et du temps selon que l'on soit sous un régime ou un autre et en fonction de notre géographie et d'une époque à l'autre à l'intérieur parfois d'un seul pays et d'une seule époque.
Mais « restons au Maroc » nous dit le Professeur Saïd Bennis en Sciences Sociales à l'Université Mohammed V de Rabat Faculté des Lettres et humaines qui lors d'une rencontre débat au cinéma Renaissance sous le thème Citoyenneté positive : entre valeurs et pratiques sociétales. « La Constitution marocaine a mis en avant la démocratie participative un concept international qui doit se baser en principe sur la citoyenneté positive, une référence que le dernier discours royal a du reste, souligné ».
Démocratie participative et citoyenneté participative vont de pair
La démocratie participative désigne l'ensemble des dispositifs et des procédures qui permettent d'augmenter l'implication des citoyens dans la vie politique et d'accroître leur rôle dans les prises de décisions. La citoyenneté marocaine nous dis encore le Sociolinguiste « se distingue par sa dynamique sociétale, les représentations des attitudes à l'égard du bon citoyen mais surtout par sa pluralité linguistique et sa diversité culturelle ». Et d'argumenter, « la citoyenneté est une donne complexe et pluridimensionnelle en relation étroite avec le contexte politique et historique. Son concept ne peut-être abstrait car il est essentiellement pragmatique et lié aux besoins réels la société ou d'un système politique ». L'article premier de la Constitution de 2011 stipule que : « le régime constitutionnel du royaume et fondé sur la séparation, l'équilibre et la collaboration des pouvoirs, ainsi que sur la démocratie citoyenne et participative, et les principes de bonne gouvernance ».
Dans une perspective démocratique, indique le Professeur et sociolinguistique Saïd Bennis « l'association du concept de citoyenneté à celui d'appartenance nationale peut conduire à la déduction d'une division qui marque l'opposition entre « citoyen / état nation » mais également à l'analogie du « citoyenneté / patriotisme », poursuivant, « la citoyenneté peut référer de ce point de vue à l'acte individuel et collectif de participer au système de droits et de responsabilités. Par ailleurs, l'acte de participer à la chose publique est un acte volontaire et délibéré, le citoyen est alors cet individu qui participe de son plein gré à la chose publique dans toute sa splendeur et dimensions (politique, socio-économique, culturelle et civile comme créer une association, adhérer à un parti politique, mais aussi participer à des grèves, à des marches, formuler des revendications, ...) ».
Caractéristiques du citoyen positif
Et de définir le citoyen qu'il catégorise selon sa participation à la vie de la cité pour rester dans le sens littéraire ou du pays. Ce qui caractérise le citoyen positif du citoyen négatif c'est son exercice du droit de vote sans abstention cette dernière étant l'apanage de son opposé et est considérée comme un acte non citoyen, son rôle dans la vie de la cité (adhérer à une association, un syndicat ou un parti politique ...) et son attitude individualisée de civisme (politesse, respect des biens publics…) son sens du civisme comme pratique sociétale. Il y va de soi selon notre professeur de l'enseignement supérieur que la population abandonnataire de la citoyenneté positive étant celle des jeunes. Et de consacrer tout un chapitre à cette catégorie de la société. « Au Maroc, la participation citoyenne comme prédisposition constitutionnelle pour l'implication des citoyens aux affaires publiques est intimement liée à l'adhésion de la population et des jeunes. Le Royaume est confronté au phénomène de désengagement des jeunes aussi le défi étant de politiser cette tranche de la population ». Puis passant à la situation épidémiologique que traverse le Royaume Saïd Bennis y voit l'opportunité d'une solidarité, « Au vu de la conjoncture pandémique et de ses retombées sociétales, le positionnement en faveur d'une citoyenneté positive s'avère inéluctable pour garantir un lien social solide et un vivre ensemble construit sur des passerelles de réconciliation et de réhabilitation ».
Circonscription des déterminants symboliques et tangibles de la citoyenneté positive
En différenciant les déterminants il rattache les tangibles aux accès aux droits matériels (santé, éducation, emploi, déplacements, voyage, ...), et ceux symboliques aux valeurs non-matérielles comme les sentiments d'identification à une nation ( le patriotisme, le sacrifice, l'abnégation ... « l'amour de la patrie et la fierté d'y appartenir), la civilité (vivre ensemble, cohésion sociale, lien social, discipline citoyenne) qu'il oppose à l'incivilité (violence, le discours de la haine, viol, agressions, vandalisme, rapts, ...), la diversité sociale (culturelle, linguistique, confessionnelle, territoriale...), opposée à l'intolérance , l'exclusion , la xénophobie, le racisme, le terrorisme. L'accès à l'information n'est pas en reste (la participation, la délibération, la co-construction) qu'il met en opposition à (la démission, l'abstention, la réception).
Refonte des valeurs de la citoyenneté positive et évènement de l'ère numérique
« La consolidation des valeurs identitaires au travers des vertus morales ancestrales vers une configuration symbolique de l'unité du royaume est axée sur la diversité et la pluralité » (Tamaghrabit) nous dit encore le professeur. Quant à l'espace numérique, « il devrait asseoir les fondements de la citoyenneté positive et non constituer une dépravation des bonnes pratiques citoyennes et une rétention et une déliquescence des valeurs ( Tcharmil, routin, lyawmi, les narratifs de la marginalité, l'incitation à l'intolérance, l'addiction à une culture de la haine, le terrorisme, l'aliénation confessionnelle ...) ».
Par contre poursuit-il, « dans certaines expériences, les citoyens sont impliqués dans toutes les phases de la délibération et de mise en œuvre. Des efforts sont déployés dans la majorité des pratiques pour cerner des manières de faire participer les citoyens, de les mobiliser, même si le maintien de leur mobilisation est souvent le plus grand défi rencontré ». Et de positiver, en désignant ces jeunes saisissant l'accalmie du Covid pour embellir leur ville, leur quartier, leur environnement (citoyenneté écologique) ou encore l'initiative des jeunes Fassis appelant la population à promouvoir l'économie de l'ancienne médina en les invitant à faire des achats dans les kissariats, les bazars et les boutiques de l'ancienne médina ou celles des Souiris distribuant les masques et autres bonnes actions civiques.
Socialisation verticale ascendante, l'éducation à la citoyenneté est l'affaire de tous
Saïd Bennis en appelle à une territorialisation des politiques publiques notamment en matière d'éducation (Alternance entre école nationale et école territoriale) insistant à cet égard sur le rôle transcendant de l'école qui doit éduquer pour atteindre le paradigme de la bonne citoyenneté favorisant une participation citoyenne adéquate.
Celle des jeunes appelle d'autres dimensions d'apprentissage comme les parcours civiques et les itinéraires de citoyenneté dont la finalité est de mettre en œuvre des événements et des activités à même de faire prendre conscience à l''élève de son statut de citoyen, de ses droits et devoirs et du lien indissociable entre la communication, la liberté et la responsabilité.
Promouvoir une pédagogie de défi, de la réussite, de la responsabilité, du volontariat, bénévolat et se départir des postures de la frustration, du défaitisme et de désespoir. Concevoir une formation positive pour la citoyenneté et la participation des jeunes dans les réformes du système d'éducation à venir : « Le but serait de passer d'une citoyenneté positive vers une citoyenneté active et optimiste, travailler sur un renouveau civique qui donne à chacun la possibilité de participer à la vie publique et de pousser à une prise de conscience ».
Pour le sociolinguistique Saïd Bennis, « la citoyenneté participative c'est promouvoir l'engagement citoyen envers soi et envers autrui à partir d'une matrice de valeurs tels le respect des droits, les devoirs de la nation, l'ambition, le respect, l'écoute, le partage, l'entraide et la solidarité, les gestes quotidiens de participation, aide aux personnes en difficulté ... ».


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