La rémission du Covid-19 est-elle définitive, ou le patient guéri peut-il garder des séquelles ? C'est l'objet d'une longue analyse du Dr. Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et en Gériatrie en libéral, ex-chef de service à l'Hôpital de Kenitra et Présidente de l'association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), appuyer par plusieurs études internationales. Ainsi, la spécialiste indique dans un premier temps que les médecins commencent à recevoir des patients guéris du coronavirus qui manifestent une persistance ou une récidive de symptômes de cette infection. Ces médecins redoutent même l'apparition de nouveaux types de maladies dans un petit nombre de cas, " d'où la nécessité de faire le point sur ces troubles, de la fatigue aux atteintes cardiaques en passant par des problèmes psychiques ", souligne-t-elle. Une fatigue durable et des sensations de douleur Dans son analyse, Dr. Moussayer indique que certains patients guéris du Covid-19 témoignent de tachycardie, troubles respiratoires, d'une récidive de perte de l'odorat et du goût, de douleurs articulaires ou musculaires, de diarrhées ou de capacités physiques diminuées et surtout d'une fatigue persistante. " Ces signes se retrouvent même chez des patients restés asymptomatiques ", assure-t-elle. Des séquelles importantes pour les cas graves D'autre part, la spécialiste avance que certains patients gardent actuellement des séquelles plus sévères aux poumons, cœur (lésions cardiaques), reins, système nerveux qui sont autres que les conséquences d'attaques plus destructrices. La spécialiste appuie ses propos en évoquant une étude allemande d'observation (parue fin juillet) d'une centaine de personnes guéries et qui suggère que la majorité des patients, y compris asymptomatiques, conserveraient, au moins à court terme, des séquelles cardiaques. L'étude, publiée dans la revue Jama Cardiology alertait sur les risques de complication au niveau du cœur. " Les médecins de l'hôpital universitaire de Francfort ont fait passer une IRM à une cohorte de 100 patients récemment remis du Covid-19, et ce deux à trois mois après la contamination. 78 % présentaient des résultats anormaux, même pour ceux n'ayant pas développé la maladie. Les chercheurs ont mis en évidence des inflammations du muscle cardiaque (myocarde) pour 60 patients et/ou du péricarde, l'enveloppe entourant le cœur, pour 22 autres, témoins selon les cas d'une inflammation encore active ou de cicatrices ", indique-t-elle. Une évolution vers une maladie chronique ? Les séquelles du Covid-19, même après guérison, peuvent-elles conduire vers une maladie chronique ? Difficile de répondre à cette question. D'ailleurs la spécialiste rappelle dans son analyse " qu'on ne connaît cette maladie que depuis 7 mois et il est difficile d'avoir des certitudes sur le devenir des patients ". Les épidémies passées, d'autres types de coronavirus que le Covid-19, comme le SRAS (ou syndrome respiratoire aigu sévère), en 2003, et le MERS (Coronavirus du Syndrome Respiratoire du Moyen-Orient), en 2012, nous donne déjà cependant quelques enseignements utiles par comparaison, assure Dr. Moussayer. "On sait que des patients atteints de ces deux virus ont eu des problèmes pulmonaires 15 ans après ainsi que des troubles musculo-squelettiques. On a relevé des phénomènes de fatigue chronique jusqu'à quatre ans après l'hospitalisation, mais également des troubles psychiques durables (dépression, stress post-traumatique, anxiété...) 6 mois après la guérison. On risque de rencontrer les mêmes phénomènes avec la Covid-19 " estime Dr. Moussayer. Le coronavirus à l'origine de maladies auto-immunes ? Spécialiste dans les maladies auto-immunes, Dr. Moussayer explique que les atteintes du Covid-19 dans les formes sévères donnent lieu à des manifestations auto-immunes (observées dans l'orage « cytokinique » quand le malade tombe dans une détresse respiratoire). Elle rappelle ainsi qu'une maladie auto-immune est une pathologie provoquée par un dysfonctionnement du système immunitaire qui se met à attaquer notre organisme au lieu de le protéger comme c'est son rôle habituel. Le problème, poursuit-elle, est de savoir si ces attaques auto-immunes peuvent ensuite évoluer vers une maladie auto-immune chronique et à vie. " On sait déjà que certains virus sont des facteurs déclencheurs de certaines maladies auto-immunes, comme le lupus, la sclérose en plaques, la polyarthrite rhumatoïde, la maladie cœliaque et le diabète de type 1" explique-t-elle, soulignant "qu'il convient donc de rester attentif à l'évolution de ce virus qui n'arrête pas malheureusement de nous surprendre ".