Si la plupart des malades atteints de Covid-19 guérissent en quelques semaines, des constats médicaux font état de la persistance ou de retour de symptômes à long terme chez un certain nombre de patients, y compris les asymptomatiques. 7 mois à peine après l'apparition du nouveau virus du coronavirus, les séquelles post-covid relevées chez certains patients sont de trois ordres : cardiaques ; nerveuses et cérébrales ; respiratoires. La majorité de ces séquelles ne sont cependant pas dues au virus lui-même, mais à l'intense réaction inflammatoire qu'une détresse respiratoire aiguë provoque. Cette réaction est connue sous le nom du syndrome de réponse inflammatoire systémique (SRIS), une cascade de réponses inflammatoires qui peuvent endommager différents organes. Chez un petit nombre de cas, les chercheurs redoutent l'apparition de nouveaux types de maladies, en allant des troubles de la fatigue aux atteintes cardiaques en passant par les problèmes psychiques. Certains patients rétablis du Covid-19 témoignent ainsi de tachycardie, troubles respiratoires, d'une récidive de perte de l'odorat et du goût, de douleurs articulaires ou musculaires, de diarrhées ou de capacités physiques diminuées ... et surtout d'une fatigue persistante. Ces signes se retrouvent même chez des patients restés asymptomatiques. Le Pr Didier Raoult, spécialiste des maladies infectieuses et directeur de l'IHU de Marseille, avait soulevé, dans une interview accordée à BFMTV, le problème de la fibrose pulmonaire (cicatrices au niveau du poumon), constaté chez plusieurs patients guéris du covid-19. « Des lésions sévères au scanner ont été relevées chez des gens qui n'avaient pas de symptômes, et on ignore comment ça va évoluer », avait-il précisé. Pour les cas graves, les séquelles peuvent être lourdes. Certains patients gardent actuellement des séquelles plus sévères aux poumons, cœur (lésions cardiaques), reins, système nerveux …
3/4 des patients guéris ont des séquelles cardiaques sans symptômes Fin juillet, une étude allemande d'observation publiée dans la revue Jama Cardiology publiée le 27 juillet, alertait sur les risques de complication au niveau du cœur et confirme les constats de l'Académie de médecine, en date du 15 juillet, qui a listé les séquelles de la Covid-19 et qui estime que « le poumon est l'organe le plus fréquemment atteint à la phase aiguë de la maladie ". Pour leur part, les médecins de l'hôpital universitaire de Francfort ont fait passer une IRM à une cohorte de 100 patients récemment remis du Covid-19, et ce deux à trois mois après la contamination. 78 % présentaient des résultats anormaux, même pour ceux n'ayant pas développés la maladie. Les chercheurs ont mis en évidence des inflammations du muscle cardiaque (myocarde) pour 60 patients et/ou du péricarde, l'enveloppe entourant le cœur, pour 22 autres, témoins selon les cas d'une inflammation encore active ou de cicatrices. Ces études suggèrent qu'être infecté par la Covid-19 comporte une forte probabilité d'avoir une certaine atteinte du cœur", avance Matthew Tomey, cardiologue et professeur adjoint de médecine à la Icahn School of Medicine du Mount Sinai Health System à New York. "Le fait que 78% des patients guéris ont des preuves d'une atteinte cardiaque continue signifie que le cœur est impliqué chez une majorité de patients, même si la maladie de Covid-19 n'entraîne pas des symptômes cardiaques classiques, tels que l'angine douleur thoracique, estime Valentina Puntmann, qui a dirigé l'étude, au média spécialisé STAT. À mon avis, l'apparition relativement claire de la maladie de Covid-19 offre l'occasion de prendre des mesures proactives et de rechercher une atteinte cardiaque précoce."
Les conséquences à long terme inconnues Une autre étude scientifique s'est intéressée aux personnes décédées des suites d'une infection à la Covid-19. L'autopsie de 39 d'entre eux, morts au début de la pandémie à 85 ans en moyenne, a révélé des niveaux élevés de virus dans le cœur de 24 patients. "Nous voyons des signes de réplication virale chez ceux qui sont fortement infectés, a observé Dirk Westermann, cardiologue au Centre universitaire du cœur et vasculaire de Hambourg. Nous ne connaissons pas encore les conséquences à long terme des changements d'expression des gènes. Je sais qu'il n'est manifestement pas bon d'avoir ce niveau accru d'inflammation." Outre la fibrose pulmonaire, des myocardites inflammatoires, infarctus du myocarde ou encore, insuffisance ventriculaire droite ont été rapportés par les experts.
Evolution vers une maladie chronique ? La maladie du Covid-19 n'est connue que depuis 7 mois et il est difficile d'avoir des certitudes sur le devenir des patients. Certains chercheurs se réfèrent néanmoins aux épidémies passées pour appuyer leurs théories, comme le SRAS (ou syndrome respiratoire aigu sévère), en 2003, ou le MERS (Coronavirus du Syndrome Respiratoire du Moyen-Orient), en 2012. Les études avaient montré que les patients atteints de ces deux virus ont eu des problèmes pulmonaires 15 ans après ainsi que des troubles musculo-squelettiques. Des phénomènes de fatigue chronique ont été relevés, jusqu'à 4 ans après l'hospitalisation, ainsi que des troubles psychiques durables (dépression, stress post-traumatique, anxiété...) 6 mois après la guérison. « On risque de rencontrer les mêmes phénomènes avec la Covid-19 », explique khadija Moussayer, Présidente de l'association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) au Maroc qui estime que « la Covid-19 pourrait être à l'origine de l'apparition de maladies auto-immunes ». Les atteintes du Covid-19 dans les formes sévères donnent justement lieu à des manifestations auto-immunes (observées dans l'orage « cytokinique » quand le malade tombe dans une détresse respiratoire). Le problème est de savoir si ces attaques auto-immunes peuvent ensuite évoluer vers une maladie auto-immune chronique et à vie. On sait déjà que certains virus sont des facteurs déclencheurs de certaines maladies auto-immunes, comme le lupus, la sclérose en plaques, la polyarthrite rhumatoïde, la maladie cœliaque et le diabète de type 1.
Certaines personnes guéries n'ont aucune séquelle !
Si ces études sont révélatrices de l'ampleur des dégâts liés au Covid-19, elles ne sont pas exhaustives et méritent d'être complétées par d'autres pour confirmer l'étendue précise de ces atteintes. Car, ne l'oublions pas, plusieurs personnes ne manifestent aucune séquelle post-covid et l'on ignore toujours pour quelles raisons ! Toutefois, pour ces séquelles potentielles, l'Académie nationale de médecine émet plusieurs recommandations, notamment : la reprise d'une activité physique, en particulier de la marche, dès que possible ; l'attention aux fonctions les plus atteintes (cœur, cerveau, muscles, poumon) ainsi qu'une surveillance de ces séquelles grâce à une étude de cohorte. Covid-19: L'Autriche promet un vaccin à ses citoyens pour janvier 2021