Le procès des détenus d'opinion et militants du Hirak Yanis Adjlia, Merzoug Touati et Amar Berri, prévu ce mercredi devant le tribunal de Béjaïa dans le nord-est de l'Algérie, a été renvoyé au 1 juillet, en raison du refus des trois activistes d'être jugés par visioconférence. Leur demande de liberté provisoire a été rejetée, selon Saïd Salhi, vice-président de Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH). Arrêtés lors d'un meeting de soutien aux détenus d'opinion vendredi dernier à béjaïa, Yanis Adjlia, Merzoug Touati et Amar Berri ont été placé dès le lendemain sous mandat de dépôt. Ils sont poursuivis pour « incitation à attroupement non armé, publication pouvant porter atteinte à l'intérêt national et mise en danger de la vie d'autrui durant la période du confinement ». Amar Beri est également poursuivi pour « atteinte à la personne du président de la République et outrage à corps constitué ». Militant connu du mouvement contestataire et ancien détenu, Merzoug Touati est un blogueur et journaliste du média de gauche « L'Avant-Garde Algérie », un site en ligne bloqué dans ce pays. Yanis Adjila, lui, est un militant des droits humains et Amar Beri un activiste du Hirak. De nombreux citoyens se sont rassemblés, ce matin, à la Place de la liberté d'expression, Saïd Mekbel, au centre-ville, et ont marché vers le tribunal où ils ont observé un imposant rassemblement, pour réclamer la libération immédiate des trois détenus d'opinion et militants du Hirak. Toute forme de rassemblement est strictement interdite depuis la mi-mars en Algérie en raison de la pandémie de Covid-19. Mais l'épidémie n'empêche pas les autorités de continuer à condamner à un rythme accéléré militants du Hirak, opposants politiques, journalistes et internautes. Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), près de 70 détenus d'opinion sont actuellement derrière les barreaux, la plupart pour des publications sur Facebook. Né en février 2019 d'un immense ras-le-bol des Algériens, le Hirak a ébranlé le régime 56 vendredis durant jusqu'à la suspension de ses marches hebdomadaires en raison de la crise sanitaire. Par ailleurs, l'activiste Amira Bouraoui a été arrêtée ce mercredi 17 juin devant chez elle par des agents en civil, a fait savoir le CNLD. L'ancienne militante du mouvement Barakat a été conduite à bord d'un véhicule de police banalisé vers une destination inconnue pour l'instant. Selon le CNLD, la militante était surveillée depuis hier. Le comité qui a lancé l'alerte sur Facebook a indiqué : « Arrestation de Amira Bouraoui à l'instant devant chez elle par des éléments de la police en civil à bord de trois voitures qui surveillaient sa maison depuis hier après midi ». La co-fondatrice du mouvement Barakat qui s'est illustrée par ses positions contre le quatrième mandat de l'ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika n'est pas à ses premiers ennuis avec les forces de sécurité. Elle a été embarquée plusieurs fois pour avoir manifesté contre le système. Les arrestations d'activistes politiques se poursuivent L'arrestation de Amira Bouraoui intervient quelques jours après l'arrestation de l'activiste Fodil Boumala et de l'ex-secrétaire général de l'ONG Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) Hakim Addad. Elle est le signe de la recrudescence des arrestations contre les activistes du Hirak dont la reprise s'annonce imminente. L'activiste Fodil Boumala a été placé sous mandat de dépôt, ce mercredi, par le tribunal de de Dar El Beida, après 72h de garde à vue dans les locaux de la gendarmerie de Bab Jdid. Il est poursuivi pour « incitation à attroupement non armé, atteinte à un corps constitué et publications pouvant porter atteinte à l'intérêt national ». Son procès est programmé pour le 21 juin 2020. Fodil Boumala avait déjà été arrêté puis placé sous mandat de dépôt, en septembre 2019, dans le sillage du Hirak, avant d'être acquitté en mars 2020. Par ailleurs un rassemblement a été organisé, ce mercredi, devant le siège de la wilaya de Tamanrasset, par des jeunes, en solidarité avec les familles des victimes des incidents survenus mardi à Tin Zaouatine lors d'affrontements entre des éléments de l'Armée Nationale Populaire (ANP) et des citoyens. Les violences qui avaient secoué cette localité algérienne frontalière avec le Mali ont fait un mort et une vingtaine de blessés.