Depuis l'annonce par le ministre de l'Education nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Saaid Amzazi, de l'annulation des examens sauf pour le baccalauréat, le torchon brûle entre les parents d'élèves et les établissements d'enseignement privés, avec au cœur du conflit, les frais de scolarité des mois de mai et juin. Estimant que leur progéniture n'a rien appris de l'enseignement à distance, et a fini par perdre tout intérêt après l'annonce du ministère, les parents jugent que les écoles ne sont pas du tout en droit de réclamer un paiement pour « prestation non honorée ». Car, faut-il le rappeler, outre le manque d'intérêt des élèves, il est reproché aux établissements de « ne pas avoir fait suffisamment d'efforts pour assurer la bonne marche de l'apprentissage à distance, et ne devrait par conséquent réclamer aucun dû pour cause de manquement ». De leur côté, les écoles privées, quoique soulagées de presque toutes leurs charges, n'ont cessé de crier au sinistre, allant jusqu'à réclamer une aide du fonds pandémique mis en place par l'Etat, et ne veulent pas en démordre quant aux frais de mai et juin. Le ministre de tutelle a fini par s'en mêler en convoquant, le 1er juin, une réunion avec les présidents de la Fédération nationale des associations des parents et tuteurs d'élèves, de la Fédération nationale marocaine des associations des parents d'élèves, de la Confédération nationale des associations des parents d'élèves et leurs tuteurs et du Conseil national des associations des parents d'élèves. Sur sa page Facebook, le ministre a indiqué avoir demandé aux instances représentatives de parents et tuteurs de « jouer le rôle de médiateur pour rapprocher les vues entre les établissements privés et les familles, compte tenu de la situation financière des deux parties en ces circonstances exceptionnelles de propagation de la Covid-19 ». Il a, par ailleurs, fait part de son intention d'« intervenir auprès des autorités compétentes afin d'apporter une assistance aux employés du secteur privé touchés par les répercussions de la pandémie, notamment les éducatrices, chauffeurs et cuisiniers entre autres ». Cette réunion avait été précédée, quelques jours auparavant, par une rencontre avec les responsables de la Ligue de l'enseignement privé, pour discuter notamment des frais de scolarité suite à l'arrêt des cours présentiels, et le rôle de médiateur confié aux directeurs des académies régionales d'éducation et de formation pour résoudre la problématique. Si la balle semble être dans le camp de la tutelle, qui tente tant bien que mal de désamorcer la bombe, la Fédération Nationale des Associations des Parents d'élèves au Maroc (FNAPEM), ne lâche pas prise et demeure attachée à son dossier revendicatif. « Il faut laisser le temps et la latitude au ministère de tutelle de mener sa médiation pour tenter de résoudre cette crise, mais de notre côté, en tant que fédération de parents d'élèves, notre dossier revendicatif est toujours sur la table, et nous comptons continuer à le défendre jusqu'au bout », nous confie Ali Fanash, vice-président de la FNAPEM. Concernant justement les frais de scolarité, la Fédération propose de « couper la poire en deux », autrement dit, que chacune des parties supporte une part du manque à gagner. «Une exonération totale pour le préscolaire, une réduction de 30 à 50% pour les niveaux primaire, collégial et secondaire jusqu'à la 1ère BAC, 50% pour le BAC, et une exonération totale pour le mois de juin, outre une exonération pour les parents d'élèves en arrêt de travail pour cause de crise sanitaire, ou ceux impactés par le confinement, pourrait être un bon compromis», explique Fanach à Hespress FR. Les revendications portent également sur la nécessité pour les établissements de fournir aux élèves, le désirant, la possibilité de s'inscrire, de se réinscrire ou encore de quitter pour changer d'école ou passer à un niveau supérieur (collège-lycée), précise encore notre interlocuteur. Et d'ajouter que la fédération demande, en outre, à être associée, en tant que représentant des parents et tuteurs, à la commission en charge de réviser la loi cadre sur l'éducation et l'enseignement, de même qu'elle réclame le droit pour les parents des élèves du privé de se constituer en associations conformément à la loi, la mise en application des dispositions de l'article 44 de la loi cadre, en plus d'autres revendications relatives notamment au soutien devant être apporté aux candidats au baccalauréat, en particulier en milieu rural.