L'olive a été décortiquée dans tous ses états en ce mardi 28 janvier 2020 lors de Journée de Concertation sous le thème : "Pour une recherche collaborative à l'échelle méditerranéenne sur la résilience des agroécosystèmes oléicoles et l'adaptation de l'olivier au changement climatique". La rencontre organisée par le Collège Sciences et Technologies du Vivant (CSTV) de l'Académie Hassan II des Sciences Techniques ouverte par, Omar Fassi-Fehri, Secrétaire Perpétuel de l'Académie Hassan II des Sciences et Techniques a été l'occasion pour diverses personnalités et éminences scientifiques représentant aussi bien les institutions académiques marocaines, qu'étrangères de se pencher au chevet de l'olivier tant en région méditerranéenne qu'au Maroc. Avec pour modérateur Abdelkarim Filali Maltouf, chercheurs et universitaires à chacun son thème ont exploré sous tous ses traits ou « fruits » si l'on peut dire, l'olivier et la diversité de ses variétés, dans l'espace et le temps si l'on peut dire. C'est « Ce sont 13 millions d'hectares qui sont consacrés à un milliard et demi d'oliviers pour la majorité dans la Méditerranée où 47 pays produisent (98%) de l'oléiculture mondiale » nous dit Lhassane Sikaoui, du Centre Régional de Recherche Agronomique, Marrakech. Mais les différents intervenants se sont surtout projetés vers l'avenir de l'olivier en mettant l'accent sur les conséquences du changement climatique en étant unanimes à souligner que ce dernier affectait profondément les productions agricoles, sylvicoles et surtout oléicole puisque-là était la thématique de cette rencontre initiée par le Collège Sciences et Technologies du Vivant (CSTV) de l'Académie Hassan II des Sciences Techniques. Produit emblématique de la Méditerranée, l'olive évolue avec le régime international de l'origine et de la qualité d'où la fluctuation des marchés dans le pourtour méditerranéen (de 1 à 10) nous dit quant à lui le Franco-marocain Bouchaib Khadari, (CBNMed-INRA, UMR AGAP Montpellier, France Oléicole International (CIO), Espagne). Développant par la suite a dans une analyse comparative des politiques publiques de certains pays producteurs en Méditerranée il a renseigné et insisté sur la nécessité de mise en œuvre de politiques qui promeuvent la diversité de l'espèce. « Plus de 30 variétés sont cultivées dans la région ». Il faudrait nous dit-il « s'interroger sur le degré d'acceptabilité de l'innovation (nouvelle variété d'olivier) qui sera adapté aux aléas du changement du climat ». Le Coordonnateur du Consortium marocain, le professeur Cherkaoui El Modafar, du Laboratoire de Biotechnologie et Bio-ingénierie Moléculaire, Université Cadi Ayyad, Faculté des Sciences et Techniques Guéliz, Marrakech a pour sa part lors de son intervention exposé en détails « Traits d'adaptation de l'olivier aux contraintes biotiques et abiotiques » liées au changement climatique dont certaines des conséquences, sont les déficits en froid et en eau ainsi que des maladies causées par des champignons (verticillium notamment). Pour rester dans le ton et décortiquer l'olive sous toutes ses formes, Ahmed El Bakkali du Centre Régional de Recherche Agronomique (CRRA), Meknès, dans son thème « Génétique et génomique de l'olivier en vue de la sélection variétale » a dressé à l'assistance un état des lieux. Partant d'un marché en croissance aussi bien pour l'oléiculture traditionnelle qu'intensive voire super intensive, il a, pour ainsi dire, mis l'index sur l'impact négatif du changement climatique dont les effets (hivers plus doux et étés chauds secs et longs) ont des incidences sur la floraison et la fructification de l'olive d'où une production moindre quant à la qualité et à la quantité. La solution résiderait selon le chercheur dans la recherche justement et la sélection de nouvelles variétés qui résisteraient à l'émergence d'un stress biotique et abiotique qui se fait de plus en plus ressentir. Il privilégiait à l'instar du chercheur de l'INR Montpelier Bouchaib Khadari le côté adaptatif de l'olivier qui entre le sauvage et le domestiqué avait traversé des millions d'années avec ce potentiel. Avec Mohammed Ater, du Laboratoire Ecologie, Biodiversité et Environnement (LEBE). Equipe Diversité et Conservation des Systèmes Biologiques (LDICOSYB) et Département de Biologie Faculté des Sciences, Université Abdelmalek Essaadi de Tétouan, la balade de l'olivier au nord du Royaume quoiqu'académique n'en a pas pour le moins emballé l'assistance lorsqu'il a développé son thème « Systèmes de culture traditionnelle, marchés de niche et valorisation de l'huile d'olive ». Enfin Lhassane Sikaoui, du Centre Régional de Recherche Agronomique de Marrakech en s'intéressant à l'oléiculture et le plan Maroc Vert de par la « Sélection des variétés, enjeux et défis pour un développement durable », s'est fait en plus un défenseur de l'environnement non sans mettre l'accent sur les chiffres la filière oléicole qui contribue à hauteur de 5% au PIB agricole national. Sur une superficie de 784.000 hectares, c'est une production (1.500.000 tonnes d'olives). Il a aussi détaillé les différentes variétés qui poussent sur les terres agricoles du Royaume (« picholine marocaine à teneur en huile de 16 à 22%, n'est pas une variété authentique ou polyclonale (zitoun, khoubzi, sopussia, zite, bouchouika, bouchouk, bousbina, al bari, meslala, bakhboukh) » cultivée ou poussant à hauteur de 96 % des plantations mais également celles de Picholine de Languedoc, Manzanille, Picual, Hojiblanca, Arbequine, Ascolana Dura, Frontoio, Gordal). L'olivier au regard de cette journée de concertation semble être entre de bonnes mains, celles d'académiciens et de scientifiques qui en anticipant assurent et perpètrent l'avenir de cette variété, domestiquée et cultivée depuis plusieurs millénaires.