Selon les autorités du Niger, quatorze militaires ont été tués dans une attaque menée par « des terroristes lourdement armés », mercredi près du village de Sanam, situé à moins de 300 km de Niamey, la capitale nigérienne. Sanam se situe dans la région de Tillabéri dans l'ouest du Niger. C'est cette même région du Sahel, jouxtant le nord du Burkina Faso et à la frontière avec le nord du Mali, qui avait été le théâtre de la pire attaque, le 10 décembre dernier (Inates), qu'ait subie l'armée nigérienne depuis 2015, début des attaques djihadistes dans le pays. Le Niger avait décrété trois jours de deuil. Cette attaque est du même mode opératoire que celle survenue en même temps au Burkina Faso à Hallalé, où une embuscade contre une unité d'un détachement militaire avait coûté la vie à onze soldats burkinabés. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, il est, comme qui dirait, que l'histoire d'une autre géographie est en train de se répéter au Sahel. En effet, ce regain des offensives djihadistes dans ces pays sahéliens pauvres et, aux contrées immenses et incontrôlées pour ne pas dire délaissées, signifie ni plus ni moins que la conquête d'un bastion pour y établir les bases des cinq groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'Etat Islamique (EI) et qui, semble-t-il dans un premier temps, se sont alliés pour cette même cause. Cela étant, le ministère de l'Intérieur du Niger, dans un communiqué, a affirmé que ce sont des agents de la Commission électorale indépendante (Céni) qui ont été la cible de cette embuscade meurtrière. Ces derniers rentraient d'une opération d'enrôlement auprès de villages reculés, en vue des élections présidentielles et législatives prochaines (2020). « Une bataille acharnée » s'en est suivie et elle a coûté la vie à sept gendarmes et sept gardes nationaux, en outre un garde est porté disparu. Le communiqué rajoute sans en avancer de nombre que « plusieurs assaillants auraient été tués ». Ces nouvelles attaques, qui démontrent la puissance de frappe des groupes terroristes pour s'approprier ce territoire que les spécialistes du Sahel définissent désormais comme la « zone des trois frontières » , surviennent juste avant le sommet de Pau le 13 janvier prochain et auquel devraient participer les présidents du G5 Sahel, celui du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, du Niger, Mahamadou Issoufou, et du Tchad, Idriss Déby, ainsi que celui de Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh Al-Ghazouani. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki, le président du Conseil européen, Charles Michel, le vice-président de la Commission européenne et haut représentant pour les affaires étrangères, Josep Borrel, ont été également conviés par Emmanuel Macron. « Ce sommet aura pour objectif de réévaluer le cadre et les objectifs de l'engagement français au Sahel. Il permettra également de poser les bases d'un soutien international accru aux pays du Sahel », avait précisé l'Elysée dans un communiqué lors de l'annonce du report de cette réunion qui devait, au préalable, se tenir le 16 décembre. Mais l'attaque djihadiste contre un camp de l'armée nigérienne à Inates ayant fait 71 morts et plusieurs disparus fut un malencontreux contretemps.