Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a rendu public son rapport portant sur sa contribution au nouveau modèle de développement, et où il recommande le lancement d'un programme intensif visant à faire émerger 30.000 petites et moyennes entreprises (PME) sur une durée de 5 ans. Cet objectif pourrait être atteint soit par la création directe, soit par l'accompagnement des très petites entreprises (TPE) à potentiel de croissance via plusieurs mesures, a indiqué le Conseil dans ce rapport intitulé « Le nouveau modèle de développement du Maroc: Contribution du CESE ». Il est ainsi question de mettre en place un fonds dédié au soutien en fonds propres des entrepreneurs (prêts d'honneur), d'instaurer des garanties publiques pour les prêts bancaires, de mobiliser des fonds public-privé de capital-risque dédiés aux premières phases du cycle de vie des entreprises et de créer un environnement adapté d'incubateurs et d'accélérateurs susceptibles d'accompagner les entrepreneurs. Le conseil a préconisé aussi de mettre en œuvre un programme massif de créations de 10.000 TPE par an (soit une centaine par province en moyenne) via un soutien direct aux porteurs, des prêts bancaires garantis et un accompagnement à travers le tissu associatif, appelant à soutenir davantage les acteurs de l'économie sociale et solidaire en mettant en place un fonds dédié à la capacitation des acteurs (coopératives, mutuelles et associations) et au financement de projets. Il a aussi souligné la nécessité de renforcer les programmes de soutien aux PME existantes avec une forte facilitation des procédures et la mobilisation de moyens plus importants pour la mise à niveau, la croissance, le développement des exportations et les partenariats publics-privés pour l'économie productive. Par ailleurs, le CESE a insisté sur la mise en place, par « Maroc PME », de programmes à l'échelle des régions pour accompagner 1.000 entreprises par an (au niveau national) avec des sessions mutualisées sur des thématiques spécifiques de mise à niveau, ainsi que sur la facilitation du financement des entreprises en augmentant substantiellement les moyens d'action de la Caisse Centrale de Garantie (CCG) et le soutien du processus de structuration et de transmission d'entreprises (notamment familiales) dont les actionnaires souhaitent céder le contrôle. « Pour réussir efficacement le choc entrepreneurial, deux réformes-clefs sont à mettre en œuvre », a-t-il estimé. Il s'agit de « procéder à la refonte des lois et des réglementations relatives au soutien des entreprises pour prioriser l'efficacité sur le contrôle et rendre les délais plus compatibles avec le rythme des investissements » et de « mettre à niveau le cadre légal et réglementaire qui concerne les entreprises en difficulté », a expliqué le CESE. De même, a assuré le conseil, la réussite du choc entrepreneurial au Maroc nécessite un accompagnement de 50 milliards de dirhams MMDH, répartis entre contribution du budget et garanties publiques aux prêts bancaires. « Pour réussir le choc entrepreneurial, il faudrait se donner les moyens d'atteindre rapidement près de 10 MMDH par an à engager par le budget et près de 40 MMDH sous forme de garanties publiques aux prêts bancaires », souligne-t-il, notant que cet accompagnement devra être destiné à tous les secteurs pour qu'ils soient en mesure de saisir l'ensemble des opportunités de création de valeur, que celles-ci soient latentes ou à créer via l'innovation, souligne le Conseil. Il est aussi judicieux d'accompagner toutes les étapes du cycle de vie de l'entreprise tant en période de création, de croissance (TPE à PME, PME à ETI), que de transmission ou de redressement, recommande-t-il, estimant que la clef pour la réussite opérationnelle sera la constitution d'un réseau de partenaires (incubateurs, investisseurs, accélérateurs...) qui vont permettre d'identifier et d'accompagner les entreprises. Pour le CESE, ces partenaires devront jouer un rôle de relais de l'action publique et permettront de gagner en efficience en capitalisant progressivement sur l'expérience, expliquant que le développement de ce réseau permettra non seulement d'augmenter le nombre de projets à accompagner mais aussi d'améliorer leurs niveaux de réussite. Le Conseil note en outre que les montants à déployer dépendront des besoins des projets, et que le critère le plus important dans la sélection devra être avant tout la qualité de l'entrepreneur telle qu'appréciée par ses pairs. Une grande partie de l'impact proviendra d'entrepreneurs qui justifient déjà d'une dizaine d'années d'expérience et pour lesquels il s'agira de faciliter la mobilisation d'investissements de l'ordre de 10 à 15 millions de dirhams, relève-t-il.