Les Bourses européennes ont fini en net repli vendredi, pénalisées une nouvelle fois par les tensions commerciales entre les Etats-Unis et leurs principaux partenaires commerciaux, alors que Wall Street continue de profiter du soutien des grandes valeurs technologiques. À Paris, le CAC 40 a chuté de 1,30% (71,21 points) à 5.406,85 points. A Londres, le FTSE 100 a cedé 1,11% et à Francfort, le Dax a baissé de 1,04%. L'indice EuroStoxx 50 a lâché 1,11%, le FTSEurofirst 300 0,92% et le Stoxx 600 0,8%. La baisse sectorielle la plus marquée a sans surprise touché le secteur automobile, le plus directement exposé aux tensions commerciales actuelles, après la fin de non-recevoir opposée par Donald Trump à la proposition européenne de supprimer la totalité des droits de douane sur les importations de voitures: son indice Stoxx a reculé de 1,55%, effaçant une bonne partie des gains engrangés depuis lundi grâce à l'accord commercial entre les Etats-Unis et le Mexique. Volkswagen a perdu 1,41% à Francfort, PSA 1,58% à Paris et Fiat Chrysler 1,91% à Milan. Du côté des équipementiers, Michelin a fini en baisse de 2,21% et Schaeffler de 1,89%. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a prévenu que l'UE riposterait à tout nouveau durcissement de la politique commerciale américaine, qui constituerait selon lui une rupture du « cessez-le-feu » conclu en juillet. Parallèlement, Donald Trump s'est, selon l'agence de presse Bloomberg, déclaré prêt à relever rapidement les droits de douane sur 200 milliards de dollars (171 milliards d'euros) supplémentaires de produits importés de Chine, un projet pour lequel la période de consultation aux Etats-Unis expire la semaine prochaine. Le président américain a en outre menacé de retirer purement et simplement les Etats-Unis de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). « Il est très difficile d'envisager un retour de l'appétit pour le risque tant que ces tensions ne seront pas résolues », estime Paul O'Connor, responsable de l'équipe multi-actifs de Janus Henderson Investors. L'incertitude demeure enfin quant à l'issue des discussions commerciales entre les Etats-Unis et le Canada: la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a déclaré qu'Ottawa ne signerait un accord que s'il allait dans l'intérêt du pays, ce qui n'est pas encore le cas selon elle. Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait en ordre dispersé: le Dow Jones abandonnait 0,21% et le Standard & Poor's 500 0,13% mais le Nasdaq Composite grappillait 0,09%, grâce entre au soutien d'Apple (+0,94%) et d'Amazon (+0,47%). L'indice mondial MSCI, qui regroupe 47 marchés développés et émergents, cédait 0,43alors %. Aux valeurs en Europe, la baisse la plus spectaculaire du jour est pour le distributeur français Casino, qui a perdu jusqu'à plus de 15% en séance et abandonne 10,22% en clôture. Le titre a été affecté par un tweet de la société d'analyse financière Muddy Waters sur l'absence de dépôt des comptes 2017 d'une filiale du groupe de distribution; le groupe a par la suite précisé que les comptes concernés seraient déposés dès samedi et qu'ils étaient déjà intégrés dans les comptes consolidés du groupe. Rallye maison mère de Casino, a perdu 6,45%. Parmi les plus fortes baisses du Stoxx 600, Sage a cédé 7,78% après le départ de son directeur général et Swatch Group a perdu 3,3% après l'abaissement de la recommandation d'UBS, qui dit s'attendre à un ralentissement sur le marché chinois du luxe. Dans le sillage du groupe suisse, Richemont, LVMH et Kering ont abandonné respectivement 2,21%, 2,66% et 2,99%. A la hausse, le groupe britannique d'hôtellerie et de restauration Whitbread a bondi de 14,33% après l'annonce de la vente de la chaîne Costa Coffee à Coca-Cola (-0,60%) pour 5,1 milliards de dollars (4,37 milliards d'euros). A Paris, Saint-Gobain (+1,97%) a défié le repli général grâce à une recommandation d'achat de Bank of America Merrill Lynch. Sur la semaine, le CAC 40 a perdu 0,47% et le Stoxx 600 0,34%. Le mois d'août se solde par un repli de 1,9% pour le marché parisien et de 2,39% pour l'indice large européen. Sur le marché des changes, le dollar profite une nouvelle fois de son statut de valeur refuge face aux risques de guerre commerciale: le billet vert s'apprécie de 0,4% face à un panier de devises de référence. L'euro est brièvement retombé sous 1,16 dollar, au plus bas depuis lundi. Le repli sur les actifs jugés plus sûrs se traduit aussi par une baisse des rendements des emprunts d'Etat allemands et américains: celui du Bund à dix ans revient vers 0,33%, celui des Treasuries de même échéance sous 2,84% . Ce mouvement n'a toutefois pas profité aux rendements italiens, dans l'attente du verdict de Fitch sur la note souveraine italienne, attendu en fin de journée: celui des BTP à dix ans a atteint 3,249% et le cinq ans 2,605%, au plus haut depuis fin mai.