Entre la France et les Etats-Unis, il semblerait que les relations commencent à devenir sinueuses, surtout concernant les taxes sur les géants du numérique, que Paris maintient malgré les nombreux appels de Washington. Les choses ne semblent pas s'arranger surtout depuis les derniers commentaires du président français, Emmanuel Macron, sur l'OTAN. Mardi 3 décembre, le chef d'Etat américain, Donald Trump, a qualifié de « très insultant » le jugement de son homologue français. Alors que les deux hommes doivent se rencontrer pour le sommet du 70e anniversaire de l'OTAN à Londres, le président américain a fustigé son homologue français concernant son jugement de « mort cérébrale », en référence à l'OTAN, qui manquait de coordination entre les Etats-Unis et l'Europe face à l'offensive de la Turquie dans le nord-est de la Syrie. « Je pense que c'est très insultant », a déclaré le locataire de la Maison Blanche pendant un point de presse, avant d'affirmer qu'il comptait en parler avec Emmanuel Macron lors d'une rencontre prévue à 14 heures. Ce nouvel épisode se greffe sur les tensions déjà imminentes entre les deux pays. En effet, Washington a menacé, le 2 décembre, d'imposer des droits de douane additionnels sur certaines marchandises françaises, qui pourraient aller jusqu'à 100 %. Ces taxes américaines sont une réponse à la taxe française sur les géants du numérique, les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), dont une majorité sont américains. Bras de fer entre Paris et Washington Pour le moment, ces droits de douane, qui concernent 2,4 milliards de dollars de produits français, visent plusieurs fromages et yaourts, du vin pétillant (le vin traditionnel n'est pas visé), des produits cosmétiques, notamment le savon et le maquillage, ou encore les sacs à main. Ce sont les secteurs du luxe et des produits du terroir qui se dressent en tête de liste des produits qui pourraient pâtir de ces nouvelles salves de droits de douane. Justifiant cette décision, le représentant américain au Commerce (USTR), Robert Lighthizer, a affirmé que « l'USTR s'attache à lutter contre le protectionnisme croissant des Etats membres de l'Union européenne, qui ciblent injustement les entreprises américaines », peut-on lire dans un communiqué publié le 3 décembre. Selon le représentant au commerce américain, qui se base sur une enquête ouverte en juillet dernier sur l'impact de la taxe GAFA, la législation porterait préjudice aux entreprises américaines. L'USTR attend l'aval du président américain, dont les recommandations devraient mettre à mal les relations entre les Etats-Unis et l'Union européenne, mais surtout avec la France, qui ne compte pas se rétracter sur la taxe des géants du numérique. Réaffirmant de nouveau la position de l'Hexagone lundi, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a déclaré sur France Inter, « Mon message va être clair : nous n'abandonnerons jamais, jamais, jamais, cette volonté juste de taxer les géants du numérique ».