Ce ne sont pas les déclarations de la Secrétaire d'Etat néerlandaise à la Sécurité et à la Justice, Ankie Broekers-Knol, encore moins le refus du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des MRE, Nasser Bourita, de la recevoir, qui amélioreront des relations, déjà très tendues entre La Haye et Rabat. Ayant déjà traversé plusieurs zones de turbulence en raison des « ingérences répétitives de responsables néerlandais, notamment le ministre des AE, Stef Blok, dans les affaires internes du Maroc », fermement dénoncées par Rabat, les relations bilatérales ne risquent pas de gagner en sérénité après ce dernier épisode. En effet, Ankie Broekers-Knol, également membre du Parti populaire pour la liberté et la démocratie, avait publiquement émis le souhait de se rendre à Rabat pour rencontrer Nasser Bourita, et discuter notamment de la situation des migrants marocains « ayant demandé l'asile » aux Pays-Bas, et désirant rentrer au pays. Elle est par la suite revenue déclarer devant le parlement de son pays, que « la rencontre a été annulée par la partie marocaine ». « On m'a signifié ce refus de me recevoir sans que je n'en connaisse la raison. J'ai appris cette décision d'une façon indirecte, via le ministère des Affaires étrangères », a-t-elle dit. La tension entre les deux parties ne date pas d'hier, et remonte à l'époque du prédécesseur de Broekers-Knol, à savoir Stef Blok, qui s'était à plusieurs reprises fendu de déclarations et d'actes hostiles envers le royaume. Le Hirak d'abord On s'en rappelle, Stef Blok avait élaboré il y a une année, un rapport sur les événements du Rif, destiné au parlement de son pays. La réaction marocaine n'a pas tardé. Lors d'une rencontre avec son homologue néerlandais en marge de l'Assemblée générale de l'ONU de 2018, Nasser Bourita avait haussé le ton pour exprimer « le rejet catégorique des propos, des actions et des interférences des Pays-Bas au sujet des événements dans le Rif ». Dans la foulée, Rabat avait informé les autorités néerlandaises de l'annulation d'une visite que devait effectuer à La Haye Mohamed Aujjar, alors ministre de la Justice. Rabat avait, de même, exigé des autorités néerlandaises « d'apporter les éclaircissements nécessaires à cette attitude que le Maroc avait déjà dénoncée auparavant ». Lors de cette rencontre qualifiée de « houleuse » par le département même de Bourita, ce dernier avait explicitement signifié à Blok que le dossier du Rif « ne constituait pas une affaire diplomatique, mais était, bel et bien, une question de souveraineté marocaine ». Le « Maroc n'a de leçon à recevoir de personne », avait martelé le ministre. L'affaire Said Chaou pour ne rien arranger En 2017 déjà, une autre affaire avait créé de vives tensions entre le Maroc et les Pays-Bas, celle de Saïd Chaou, sous le coup de deux mandats d'arrêt internationaux. L'ancien député PAM de la région du Rif, « réfugié » aux Pays-Bas, est soupçonné par les autorités marocaines d'avoir alimenté financièrement et sur le plan logistique un mouvement séparatiste dans le Rif en 2016. Un tribunal néerlandais, celui de Breda en l'occurrence, avait refusé de l'extrader vers le Maroc, provoquant une crise diplomatique entre les deux pays, sous prétexte que « les garanties présentées par le Maroc ne sont pas suffisantes pour écarter le risque d'un procès inéquitable ».