À l'occasion de la journée mondiale des toilettes célébrée ce mardi 19 novembre 2019, l'association marocaine « Environmental Women Association » (EWA) a lancé sa 3e campagne de sensibilisation, à Marrakech, pour gérer la crise sanitaire en sensibilisant les citoyens, mais aussi les autorités du Royaume. Le but de la campagne initiée par EWA à cette occasion, s'articule autour de deux axes à savoir lancer des plaidoyers auprès des autorités pour qu'elles agissent en mettant en place des toilettes publiques propres et entretenir les toilettes disponibles dans les espaces publics et les institutions (Hôpitaux, écoles, universités, Wilaya ...), alors que le deuxième axe porte sur la sensibilisation du citoyen à respecter cet endroit, laisser les toilettes aussi propres que l'on souhaite les trouver. « On a décidé de faire beaucoup de sensibilisation au niveau public. On a installé des banderoles dans une place assez stratégique, à côté du Théâtre royal à Marrakech, pour que les gens sachent qu'il y a une journée mondiale des toilettes, puisqu'il y a toujours des gens qui l'ignorent. Et c'est une chose qu'il faut vraiment porter à la connaissance des citoyens. Et surtout que tout le monde sache que finalement, les toilettes ce n'est pas un luxe, mais un droit. Les gens nous disent qu'il y a d'autres priorités comme manger et travailler, mais on a besoin aussi de toilettes. C'est un besoin physiologique. Parce que si vous mangez et que vous ne trouvez pas de toilettes à côté où vous soulager, ça ne sert à rien », explique à Hespress Fr, Farida Jaidi, Présidente de l'association EWA. Pour cette militante, la question de la dignité de l'homme a un grand rapport avec la journée mondiale des toilettes au côté des valeurs de notre religion qui affirme « Nadafa Mina l Imane » (la propreté est la foi). « On veut de la propreté et de l'hygiène dans nos toilettes publiques »? souligne-t-elle. Depuis sa création en 2016, EWA a fait énormément d'actions de sensibilisation dans ce sens ainsi que des plaidoyers dans le but de « faire comprendre aux gens l'importance des toilettes, qui est une priorité, surtout que ça touche leur santé ». En effet, selon Farida Jaidi, « les gens ne savent pas combien de maladies ils peuvent avoir s'ils n'ont pas accès à des toilettes propres. Et la santé est une chose très importante au côté de la dignité de la personne», relève-t-elle, sachant qu'au jour d'aujourd'hui, 673 millions de personnes dans le monde défèquent encore en plein air, fait savoir l'ONU. La présidente de EWA n'a pas manqué de revenir sur le problème de l'assainissement dont souffre un nombre important de villes marocaines, soulignant que « si nous voulons être un pays touristique, il faut travailler pour y arriver ». « Quand les touristes arrivent à un aéroport marocain et trouvent les toilettes dans un état lamentable, ils pensent que notre pays est sale ainsi que tous les Marocains. On devient tous sales, ils ne font pas de différence », s'indigne-t-elle. Dans ce sens, l'ONU a révélé, à l'occasion de la journée mondiale des toilettes, que 4,2 milliards de personnes vivent sans accès à des installations sanitaires, soit plus de la moitié de la population mondiale, soulignant par ailleurs que, selon les estimations, l'absence de services d'assainissement adéquats cause chaque année 432.000 morts dues à la diarrhée et constitue un vecteur important de maladies. L'association EWA s'est également rendue dans les écoles et institutions publiques du Royaume pour sensibiliser les petits enfants sur l'importance d'aller aux toilettes, mais aussi de les garder propres. «Ce qui est incroyable, c'est que les enfants sont très sensibles à cette situation. Plusieurs petites filles nous ont dit que quelques fois elles ne veulent pas aller à l'école parce que les toilettes sont sales, ou carrément elles se retiennent toute la journée. Et retenir son urine, esquinte les reins. Et je vais encore plus loin, un petit garçon ou fille qui ne se retient pas et ne trouve pas à côté un endroit propre ou faire ses besoins, et urine dans ses vêtements, il n'aura plus d'estime pour lui-même. On est en train de détruire l'estime de soi de nos enfants », s'insurge Farida Jaidi. À cet effet, l'ONU fait savoir que 297.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de diarrhée pour avoir bu de l'eau insalubre ou par manque de services d'assainissement ou d'hygiène des mains. Cette militante a également soulevé un point très important à savoir que « si les citoyens ne sont pas sensibles à la situation, les autorités ne bougeront pas le doigt », soulignant que l'ensemble des responsables qu'elle a rencontrés et à qui elle a présenté le projet, notamment des Walis et des Maires, étaient pour l'initiative. Toutefois, « rien n'es fait», souligne-t-elle, avant de conclure que son but est que « le Maroc devienne Singapour d'Afrique, aussi propre que Singapour ».