Le royaume s'apprête à clôturer l'année 2019, avec ses joies et ses peines. Les hôtels commencent à proposer des deals « spécial réveillon », alors que les concessionnaires automobiles sortent l'artillerie lourde pour booster leurs chiffres. Cela dit, un fléau menaçant la santé des consommateurs nationaux pointe le bout de son nez, notamment pour ce qui est des produits alimentaires de contrebande. La période des fêtes de fin d'année passe souvent par la case des soldes et autres offres promotionnelles dans le circuit formel, et même informel. Cela concerne, bien évidemment, tous les secteurs d'activité, et plus particulièrement celui de l'alimentaire. Ainsi, l'on peut très bien voir dans les différents rayons des grandes surfaces des offres de chocolat, symbole du partage et de la bonne humeur durant les périodes festives, mais également d'autres produits, comme les biscuits, chips, jus et autres boissons gazeuses. Les différentes grandes surfaces du royaume, ainsi que les hypermarchés, proposent des offres qui se ressemblent plus ou moins, à l'image de la fameuse formule « 1+1=3 », ainsi que l'application du prix magique « X,99 ». Si ces enseignes offrent une traçabilité des produits proposés, cela n'empêche en rien les dépassements, qui peuvent très bien peser sur la santé des consommateurs. Cela concerne les dates de péremption sur certains produits, souvent mis en avant comme des offres à saisir, vendus à des prix « très bas », du fait que les magasins préfèrent vendre à prix cassé plutôt que de jeter la marchandise. De plus, cela concerne les conditions de stockage et l'entretien des produits. Concrètement, il arrive qu'il n'y ait pas un respect de la chaîne de froid pour certains produits, ce qui peut causer une avarie, qui peut être constatée sur le moment, notamment le cas de boites de conserve bombées, mais qui peut tout aussi bien passer inaperçue, dans le cas de biscuits emballés à l'intérieur de boites en carton. Selon des constats effectués par nos soins auprès d'une enseigne de grande distribution largement présente au sein du royaume, dont on ne citera pas le nom, nous avons pu relever que certains produits sont proposés au niveau des caisses, notamment des biscuits et canettes de sodas, dont l'état et la date de péremption sont douteux, mais qui sont toutefois vendus en tant qu'« offres à saisir ». Cela dit, l'on n'est pas à l'abri même du côté des artisans chocolatiers, qui se veulent, bien évidemment, comme un gage de qualité. En effet, une enseigne spécialisée dans la chocolaterie et la confiserie à Casablanca propose différentes sortes de chocolat à la pesée, auprès de laquelle nous avons pu constater que certains produits avaient un goût « savonneux », alors que d'autres affichaient une couleur douteuse. Ce sont là des cas bien exceptionnels, comme nous avons pu le constater auprès d'autres marques. L'informel pèse toujours aussi lourd sur la santé des consommateurs Un autre cas, qui est bien dangereux, est celui où certains produits fabriqués à l'étranger font l'objet d'un rappel massif pour la présence de substances suspectes ou constituant un danger pour la santé des consommateurs. Ceux-ci peuvent bien être retirés du marché formel, mais échappent à tout contrôle sur le marché informel, à l'image du thon d'une marque espagnole vendu dans le nord du royaume, qui était bien présent chez des marchands locaux, malgré le fait que celui-ci faisait l'objet d'un rappel massif et une interdiction de vente. Les grandes surfaces et autres magasins du circuit formel proposent ainsi une certaine garantie, un « gage » de qualité des produits proposés, mais le cas est tout autre malheureusement de l'autre côté de la balance. En effet, si une boite de chocolat d'une célèbre marque suisse est vendue à 150 dirhams dans les grandes surfaces et autres magasins spécialisés, celle-ci est disponible à 70 dirhams dans le circuit informel. Et le prix demeure « négociable ». Une fois de plus, dans le nord du royaume, au niveau de Fnideq, la marchandise proposée là-bas est à prendre avec des pincettes, même si les prix sont très compétitifs. Entre jus, biscuits et chocolats, l'on peut bien faire le plein pour la période des fêtes à 500 dirhams ou moins, tout en profitant de produits importés d'Espagne. Mais il faut être bien conscient du risque que l'on encourt, surtout que certains marchands n'ont pas de mal à changer les dates sur les emballages, à l'aide de machines dédiées à cet effet. Ainsi, un jus vendu d'habitude à 30 dirhams peut très bien être acheté à 12 dirhams, sauf que la différence à payer est une intoxication potentielle. L'on dit bien potentielle, car il faut savoir qu'à l'étranger, les produits dont la date de péremption est presque au pas de porte sont mis hors circulation, sauf que certains marchands sont devenus spécialisés dans leur rachat, afin d'en tirer un petit profit au sein du royaume. La vigilance est de mise Contacté par Hespress FR à ce sujet, Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des Droits des Consommateurs (FMDC), souligne que « normalement, au niveau des grandes surfaces, les produits sont retirés avant leur date de péremption, à un intervalle d'un mois en général. Le malheur, c'est que ces produits sont encore consommables, et se retrouvent souvent dirigés vers des pays, comme le Maroc, et passent sans problèmes au niveau de la Douane, car leur date de péremption est toujours valide ». Le problème qui se pose aujourd'hui au sein du royaume, selon le président de la FMDC, est le manque de compétences humaines capables de gérer l'intégralité du pays, car le Maroc est un marché colossal. « L'autre problème auquel nous faisons face en tant que mouvement de protection des consommateurs est le fait qu'il y'a une absence de toute autorité de répression de la fraude, qu'elle soit alimentaire ou autre. Cette situation fait que les grandes occasions, comme les fêtes de fin d'année, offrent une opportunité pour écouler de grandes quantités de marchandises impropres à la consommation », déplore Kherrati. Les consommateurs ne devraient donc plus se baser sur le prix, afin d'effectuer leurs achats, mais faire preuve aussi d'une réelle vigilance au niveau de la qualité des produits qu'ils achètent, en évitant au maximum de s'approvisionner dans le secteur informel.