La nouvelle de la démission du chef de l'agence de l'ONU, Pierre Krahenbuhl, a été reçue comme un coup de massue pour plusieurs personnes. Réputé pour son intégrité, le Suisse a été visé par des allégations d'« abus de pouvoir », mais il semblerait que cette affaire ne soit qu'un coup monté. Mercredi 6 novembre, Pierre Krahenbuhl démissionne « avec effet immédiat » de sa fonction de commissaire général de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) quelques heures après que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, ait suspendu ses fonctions « administratives ». Le Suisse a préféré démissionner que d'attendre les conclusions de l'enquête à son encontre. On lui reproche « des problèmes de gestion », mais pas de détournement de fonds ou de fraude comme indiqué dans un rapport fuité. Cette démission inattendue en surprend plus d'un, mais elle cache certains détails. En effet, l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens est dans le collimateur des Etats-Unis et d'Israël. Les Etats-Unis ne veulent plus de cette agence, et ont arrêté leur dotation en décembre dernier, et ont fermé le bureau de représentation de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) à Washington. Depuis, l'agence souffre de difficultés financières, accusant un trou de 350 millions de dollars. Et pour parer aux caisses vides, Pierre Krahenbuhl s'était lancé dans une course au financement en menant une campagne dans les pays du Moyen-Orient, qui a réussi à réunir 450 millions en quelques mois. Les Etats-Unis qui portent les intérêts d'Israël réclament la fin du statut spécial accordé aux descendants de réfugiés, qui héritent du titre de leurs parents à leur naissance depuis 1948. Aujourd'hui l'agence onusienne, qui s'occupe du sort de 5,5 millions de Palestiniens, est menacée au moment où l'Assemblée générale de l'ONU doit discuter, dans quelques jours, du mandat de l'UNRWA (de trois ans), qui devrait être renouvelé en juin. Les accusations portées à l'encontre de Pierre Krahenbuhl (également accusé d'avoir eu des relations intimes avec une collaboratrice lors de ses fonctions à l'ONU) restent incomprises chez les personnes qui le connaissent et qui ont travaillé avec lui pendant de nombreuses années. Il avait été le directeur des opérations chez la Croix-Rouge pendant 12 ans, avant de rejoindre l'ONU, et dans le comité, sa réputation « d'homme intègre » n'est plus à prouver.