Dans un communiqué diffusé dans la soirée de lundi, le secrétaire général du PJD a réagi à la visite du ministre israélien de la Défense au Maroc. Le parti dit craindre une « intrusion » de l' »entité sioniste » dans notre pays. Après un silence de près d'une semaine, le Parti de la justice et du développement (PJD) a réagi au déplacement de Benny Gantz au Maroc, effectué entre le 23 et le 25 novembre dernier. Lors d'une réunion ordinaire de son secrétariat général le 29 novembre, la formation désormais dirigée par Abdelilah Benkirane a « délibéré sur un certain nombre de questions politiques et organisationnelles ». Parmi ces points, la « visite du ministre de la Défense de l'entité sioniste dans notre pays », lit-on dans un communiqué signé Abdelilah Benkirane, diffusé dans la soirée. Le parti a d'abord rappelé son « soutien inconditionnel aux efforts de notre pays pour défendre la cause de notre intégrité territoriale, et sa participation active face aux défis extérieurs décisifs auxquels notre pays est confronté ». Il a ensuite réaffirmé sa « position de principe (…) qui soutient la juste cause du peuple palestinien, rejette l'occupation et condamne les divers crimes commis par l'entité sioniste contre le peuple palestinien et les lieux saints ». Lire aussi: Maroc-Israël: l'Algérie a le sentiment de « faire face à l'entité sioniste » (Lamamra) Le PJD « met également en garde contre le danger de l'intrusion sioniste de notre pays ». Il demande aussi aux « autorités publiques à ne pas réprimer les différentes expressions populaires soutenant la cause palestinienne, s'opposant à la normalisation et rejetant l'occupation sioniste ». Anti-normalisation Dans son communiqué, Abdelilah Benkirane s'est toutefois gardé d'exprimer clairement sa position sur la normalisation avec Israël, actée en décembre 2020 par un accord tripartite historique signé avec les Etats-Unis. Il n'a pas non plus évoqué le nouvel accord sécuritaire paraphé la semaine dernière, par Benny Gantz et Abdellatif Loudiyi. Mais lundi, Abdessamad Haiker s'est présenté au parlement, keffieh autour du coup. « Aujourd'hui, le 29 novembre, la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien est une occasion propice pour nous d'affirmer en tant que Parti de la justice et du développement notre refus de toute forme de normalisation avec l'entité sioniste », a fait savoir le député, qui intervenait lors de la séance de questions orales hebdomadaire. L'intervention de Abdessamad Haiker a suscité une agitation parmi les députés présents. Le président de la Chambre des représentants Rachid Talbi Alami a dû intervenir pour faire revenir le calme à l'hémicycle, demandant aux députés de « respecter » leur collègue du PJD. Du côté du PJD, la normalisation avec Israel est un sujet devenu presque tabou. A l'annonce de la normalisation avec l'Etat hébreu en décembre 2020, il aura fallu attendre plus de 48 heures pour que le parti alors dans la majorité finisse par publier un communiqué à ce sujet. Le PJD avait toutefois du mal à s'exprimer là-dessus, en félicitant d'un côté le roi pour sa victoire diplomatique, tout en esquivant la question de la normalisation pour ne pas froisser ses électeurs. Le 15 décembre 2020, l'ancien chef du gouvernement et ex-secrétaire général du parti est revenu sur cette décision dans une interview accordée à chaîne Al Jazeera avait assuré que « l'annonce (sur la proclamation américaine de la marocanité du Sahara, ndlr) du président Donald Trump est extrêmement importante pour le Maroc ». Saâd Eddine El Othmani avait alors affirmé qu' »évidemment cela (la normalisation) a été un choix difficile« . En août dernier, il avait aussi refusé de rencontrer le ministre des Affaires étrangères israélien Yair Lapid, lors de sa visite au Maroc. « La patrie passe avant le parti. La reprise de ces relations est une décision d'Etat, dans l'intérêt de la cause nationale, et il est de mon devoir en tant que chef du gouvernement de ne pas jouer les perturbateurs, surtout sur un sujet de politique extérieure qui relève pleinement des prérogatives du chef de l'Etat. Cela n'empêche pas que nous ayons, au PJD, nos propres opinions, que nous avons exprimées », avait-il alors confié à Jeune Afrique.