Le Conseil Supérieur de la Communication audiovisuelle (CSCA) vient d'infliger un cinglant revers aux magistrats et aux avocats. Selon le Conseil, les auteurs de la série « Café ness-ness » ont bien le droit de parodier toutes les professions dans le cadre de la liberté d'expression. Saisi par l'Association nationale des jeunes avocats du Maroc concernant une série diffusée à l'heure du ftour qui porterait, selon eux, atteinte à l'image de leur profession, le CSCA s'est prononcé en faveur de la liberté d'expression. Dans un communiqué de la Haute Autorité de la Communication audiovisuelle (HACA), le Conseil a décidé, après avoir étudié l'ensemble de ces plaintes, délibéré et statué à leur sujet que la représentation critique d'une profession concernée dans une œuvre audiovisuelle de fiction ne constitue pas une diffamation telle qu'elle est légalement définie, ni ne comprend nécessairement une intention d'offenser ou de nuire, notant qu'elle renvoie, en revanche, au droit de l'auteur de l'œuvre de faire, en toute liberté, les choix artistiques qui lui conviennent. Le Conseil explique à cet égard qu' »exiger, dès lors qu'il est question de telle ou telle profession, que les fictions ne représentent que des personnages positifs, honnêtes et intègres reviendrait à porter atteinte à la liberté des auteurs et des opérateurs », ajoutant que plus encore, une telle exhortation tend à nier la responsabilité et le rôle salutaire des médias, notamment en termes d'exercice du jugement critique à l'égard de phénomènes sociaux ainsi qu'en matière de sensibilisation à l'égard de certains comportements et pratiques répréhensibles. Le Conseil va même plus loin. Après avoir indiqué que certaines plaintes auprès de la HACA appellent à une censure a priori contre les œuvres de fiction ou à intervenir a posteriori pour arrêter leur diffusion par les télévisions, le CSCA souligne que de telles requêtes partent d'une représentation inexacte, à la fois, du concept de la régulation des contenus médiatiques et du mandat institutionnel de la HACA.
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Le CSCA rappelle à ce titre que la loi garantit en effet aux radios et aux télévisions publiques et privées, la production et la diffusion de leurs programmes en toute liberté, précisant qu'au titre de son mandat constitutionnel, la HACA est chargée d'assurer le respect et la protection de cette liberté en tant que principe fondamental, tout en veillant à ce que tous les contenus diffusés, qu'ils soient fictionnels, informationnels ou autres, respectent les principes des droits humains. A l'issue de sa réunion, le CSCA a rappelé que l'une des finalités de la régulation est de promouvoir les valeurs de la liberté, de favoriser le renforcement du potentiel d'initiative et de créativité médiatiques et d'alerter sur tout ce qui peut contrecarrer la réalisation de ces objectifs. Une telle posture est la seule à même de contribuer significativement à la promotion d'une culture médiatique éclairée. La HACA reçoit fréquemment des plaintes de particuliers, d'associations ou d'organisations professionnelles au motif que certaines œuvres de fiction diffusées sur les chaînes de télévision nationales comporteraient des scènes ou des dialogues qui seraient préjudiciables à l'image de certaines professions voire qui porteraient offense à leurs membres, selon le communiqué. Pendant le mois de Ramadan, une augmentation notable du nombre de ces plaintes est remarquée, notamment en raison de la forte programmation d'œuvres de fiction nationale (séries, sitcoms, films, etc.) pendant cette période caractérisée également par des niveaux d'audiences élevés.