Née en 1975 à Laqssabi près de Guelmim, Mbarka Bouaida a été élue à la tête du Conseil de la région de Guelmim-Oued Noun où elle succède à son cousin Abderrahim Bouaida. Ell est la première femme marocaine à présider un conseil de région depuis les premières élections régionales au Maroc en 2015. Cependant, elle devra quitter son poste gouvernemental, car il est non-cumulable avec le fauteuil du président de région. Mbarka Bouaida est la partie émergente de l'iceberg qu'est le clan Bouaida. La famille originaire de Guelmim touche à tout et investit dans plusieurs domaines tels que le commerce, les médias (Radio Mars) et même le pétrole, puisque la famille détient la société Petromin Oils Maroc. Les Bouaidas ont aussi tissé de fortes relations avec les connexions tribales de Guelmim et sont autant amis avec les amazighs qu'avec les sahraouis. L'entrée de la famille en politique a commencé avec les oncles de l'actuelle secrétaire d'Etat chargée de la Pêche maritime. Elle est fille d'Ali Bouaida, qui a été un notable du Sud, propriétaire d'une compagnie d'hydrocarbures, et un bailleur de fonds du Rassemblement national des indépendants (RNI). Certains ont été candidats de l'Istiqlal, l'UC et le RNI durant des années, mais ont toujours évité la lumière et cultivé la discrétion. Une démarche que la nièce appliquera religieusement puisque les sorties de Mabraka se font rares. En effet, en dehors des déclarations aux chaînes de télévision officielle, la nouvelle présidente de région de Guelmim n'a accordé que quelques interviews, qui se comptent sur le bout des doigts. La plus connue remonte à 2014 lorsqu'elle a été l'invitée du forum de la MAP pour parler du thème: «la question des droits de l'Homme au Sahara et le système des Nations unies, l'interaction marocaine». Ce sera la dernière grande sortie du membre du Bureau politique du RNI.
Grandes études et ascension fulgurante «Elle est considérée parmi la nouvelle génération de cadres politiques qui sont plus à l'aise dans la diplomatie que dans d'autres secteurs. D'ailleurs, elle a toujours été nommée dans des postes ministériels qui demandent un grand savoir-faire diplomatique», nous déclare un proche de la nouvelle présidente de région, qui assure que son dernier poste est dans la continuité de son travail aux Affaires étrangères. «Après un passage comme ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération dans le gouvernement Benkirane, elle a été affecté à la pêche maritime pour gérer l'épineux dossier des accords de pêche avec l'Union Européenne», souligne notre source, qui fait remarquer que «les présidents successifs du RNI (Mezouar et Akhannouch) préfèrent travailler avec elle, car ils peuvent s'appuyer sur ses compétences». Lire aussi: Mbarka Bouaida élue présidente du Conseil de la région de Guelmim Oued-Noun La fille de la porte du Sahara qui a grandi à Casablanca est titulaire d'un MBA de Hull University à Londres en Angleterre, d'un master en communication de l'université de Toulouse et d'un diplôme de l'Ecole supérieure de gestion de Casablanca. «Ses études en Espagne, en France et en Angleterre l'ont aidé à devenir polyglotte. Elle maîtrise quatre langues en plus du Hassani et cela l'a parfaitement aidé dans ses domaines d'action», insiste notre source. La secrétaire d'Etat, qui devrait quitter le gouvernement prochainement, est mère de deux filles et l'épouse de Abdelkrim Mehdi, ancien DG du Fonds d'investissement régional de l'Oriental (FIRO) et ancien président de la CGEM à la même région.
La carrière politique de Mbarka Bouaida commence officiellement en 2007 lorsqu'elle a été élue à la chambre des représentants dans la liste féminine du RNI. Entre 2008 et 2009, elle occupe les postes de vice-présidente de la commission des finances et des affaires économiques de la première chambre du Parlement et de rapporteur de la même commission pour le projet de loi de finances 2009. En mai 2010, elle copréside la commission parlementaire mixte (CPM) Maroc Union européenne qui venait d'être crée, conformément au statut avancé dont jouit le Maroc auprès de l'Union européenne. Elle cumulera la coprésidence de la CPM avec la présidence de la commission des Affaires étrangères, de la défense nationale et des affaires islamiques à la chambre des représentants. Relancer un conseil agonisant L'élection de Mbarka Bouaida à la place de son cousin Abderrahim, démis de ses fonctions par le département d'Abdelouafi Laftit. Le conseil de la région de Guelmim Oued-Noun était paralysé à cause du duel opposant Abderrahim Bouaida (RNI) à Abdelouahab Belfqih (USFP). Même s'il détient la majorité à ce conseil (20 sièges), le premier est ligoté par le second qui incarne l'opposition (19 sièges). Résultat: tous les projets ainsi que le plan de développement de cette région de 58 000 Km2, pourtant signé devant le roi en 2015, sont restés au point mort. Le point de non-retour dans le conflit qui oppose les deux hommes sera franchi en 2017 en raison de la construction de 215 km de route expresse qui traverse la région et qui devait coûter 6,1 MMDH.
Bouaida valide le tracé établi par le ministère de l'Equipement et déclenche la colère de l'opposition. Abdelouahab Belfqih réussit à faire capoter le projet et isole Abderrahim Bouaida qui a perdu sa majorité en raison de certains conseillers communaux qui ont déserté pour rejoindre le camp adverse. Dans une tentative pour calmer les esprits, l'ancien ministre de l'Intérieur Mohamed Hassad avait fait le déplacement à Guelmim, mais sa visite n'aura aucun effet sur le conseil de la région. Lire aussi: Conseil de la région Guelmim-Oued Noun: chronique d'une impasse annoncée Le dénouement de cette crise viendra d'une décision du ministère de l'Intérieur. Laftit annonce la suspension du Conseil de la région de Guelmim-Oued Noun et procède à la nomination d'une délégation spéciale chargée de l'expédition des affaires courantes de la région. Les esprits se calment et les deux hommes (Bouaida et Belafqih) tentent de trouver une issue, mais en vain jusqu'à l'annonce de la démission de Bouaida par la MAP et la convocation d'une assemblée générale qui élira Mbarka Bouaida. Elle aura pour mission de débloquer la situation de cette région clé du sud.