L'ancien ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, a déclaré que Bouteflika était maintenu en vie artificiellement. Des propos qui ont provoqué un tollé en Algérie et augurent d'une crise entre Paris et Alger. L'ex-patron de la DGSE de 2013 à 2017, et ambassadeur à Alger de 2006 à 2008, Bernard Bajolet, n'a pas la langue dans sa poche. Lors d'une conférence à Paris, il a parlé de « momification du pouvoir algérien », critiquant la dégradation de santé du président algérien, qui selon lui est maintenu à vie artificiellement. « Je souhaite longue vie au président Bouteflika: je ne suggère donc pas qu'on le débranche. Mais cette momification du pouvoir algérien sert certains groupes qui, ainsi, se maintiennent au sommet et espèrent continuer à se maintenir et à s'enrichir », a-t-il déclaré. Lire aussi: Oujda: le Conseil de la ville envisage de détruire la maison de Bouteflika Bajolet estime que les relations entre la France et l'Algérie vont connaitre une «évolution à petits pas». «Et c'est pour deux raisons: la première tient à un problème de génération. La nomenclature algérienne, issue ou héritière de la guerre d'Algérie, a toujours besoin de se légitimer en exploitant les sentiments à l'égard de l'ancienne puissance coloniale», a-t-il expliqué. Paris-Alger, raidissement en perspective Ces déclarations ont provoqué une onde de choc en Algérie. Le quotidien El Watan a parlé de «forte charge» et de «critique acerbe». Le président du parti d'opposition algérien Jil Jadid s'est quant à lui indigné: «Après avoir soutenu le régime de Bouteflika, voilà que la France, par la voix de son ex-ambassadeur à Alger, signifie au clan, sans prendre de gants, qu'il doit déguerpir. L'entêtement de Bouteflika, de sa famille et de son entourage mafieux à briguer un 5e mandat a exposé l'Algérie à une humiliation internationale».
Le torchon brûle entre Alger et Paris :La levée de la protection des diplomates des 2 pays ,la légion d'honneur donnée aux harkis ,la violente charge de l'ancien ambassadeur B.Bajolet , et la suspension des visas , sont des signes qui ne trompent pas .https://t.co/Fld88Yha9V — nadjib mohamed tahar (@nadjibgmt) 21 septembre 2018 Coupant court à la polémique, Xavier Driencourt, actuel ambassadeur de France à Alger, a déclaré que « Bajolet s'exprimait à titre personnel » et que ses propos n'engageaient en aucun cas les autorités officielles françaises. Cependant, selon certains analystes, Bernard Bajolet a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas, et qui ses propos peuvent être considérés comme un message crypté à l'adresse du clan qui est en train de prendre le pouvoir à Alger.